J’aborde un sujet polémique, s’il en est : les poils. J’ai assisté à une rixe discussion à ce propos et je dois dire que ce fut très vif. Le poil est-il très érotique ? L’Origine du Monde de Gustave Courbet où la pilosité « tablier de sapeur » représenterait l’essentiel du désir sexuel ?
Alors, épilation or not ? Cameron Diaz nous encourage : « Mesdames, laissez votre sexe habillé » et Laetitia Casta nous affirmait en 2007 qu’avec des poils sous les bras, elle apparaît comme ce qu’elle était. Hum… Ai-je envie de redevenir au stade de Madame Cro ? Non. Elle nous prédisait aussi le retour du poil…. 2015, ce n’est pas le cas. ( 2018 non plus ;d’ailleurs !)
La chaîne de vêtements American Apparel a créé la controverse en présentant dans les vitrines de son magasin de Lower East Side, à New York, en janvier 2014, des mannequins en plastique avec poils pubiens.
La toison pubienne a-t-elle retrouvé une aura sexy ?
Caractères sexuels secondaires, les poils témoignent de la maturité sexuelle. Je me souviens avec émoi de la jalousie ressentie lorsque mon amie E. exhibait une toison sous les bras alors que mes aisselles étaient encore glabres et de l’émotion ressentie à l’apparition de mes premiers poils sous mes aisselles. Et aujourd’hui, je les bannis. Paradoxal ?
Qu’en est-il ? « On s’épile les aisselles parce que leurs poils rappellent les poils pubiens ; et l’on ne veut pas offrir la vision de ses caractères sexuels à n’importe qui», analyse Anne Varichon, ethnologue. Selon Marc-Alain Descamps, psychanalyste(1), les poils pubiens contribuent à dissimuler le sexe féminin et de fait entretiennent son mystère.
Les poils, à l’origine du monde, assurent une protection contre le froid, et en cela, nous lient avec nos cousins et met en évidence nos origines animales. S’épiler rimerait-il avec s’humaniser ? Il a aussi un rôle à jouer dans l’hydratation de la peau : la glande sébacée guide le sébum le long du poil vers la surface de l’épiderme.
La guerre aux poils date de Mathusalem
Des pinces à épiler, certes rudimentaires ont été retrouvées dans des sépultures datant de la préhistoire. Les Égyptiennes pratiquaient l’épilation pubienne. La belle Cléopâtre s’épilait avec une pâte épilatoire, faite de sucre, d’eau et de citron, la même qui est en vogue dans nos instituts de beauté. L’épilation constitue l’un des préceptes de la religion musulmane (2).
Le poil pubien reste le plus proscrit, lit-on deci dela. Mon avis est plus tempéré. En France, la censure frappait automatiquement les poils des parutions dans les magazines jusque dans les années 60. Le poil sous les aiselles est toléré, mais le poil sur la jambe est le plus redouté. Combien de fois a-t-on entendu une amie nous confier qu’elle ne peut faire ceci ou cela car elle n’était pas épilée ! Je chasse le poil aux jambes très très régulièrement car je n’aime pas ça du tout, je trouve cela très inesthétique.
Le poil de discorde, crois-je, est l’épilation du pubis. On connaît le « ticket de métro » -une bande étroite, des côtés nets, où rien qui dépasse- le « brésilien » -une bande mince et un petit triangle devant-, et l’épilation totale. « Epilé, le sexe féminin est moins sexuel, moins animal ; plus sexy, plus petite fille. » Laura Beltran sexologue avance aussi qu’ « Une sexualité épanouie (…) implique une certaine maturité psycho-affective et d’assumer son corps. De ne pas vouloir rester « petite fille» . Chez certaines de ces femmes totalement glabres, il y a souvent quelque chose d’immature dans le fait d’être à la merci du modèle sans prendre de recul. » Je partage cette opinion : l’épilation totale offrant effectivement un corps très infantile, me semble le choix d’une femme manquant de maturité.
Qui s’épile et pourquoi ?
Des statistiques anglaises de l’agence UK Medix nous apprennent que 51% des femmes optent pour un style d’épilation plutôt naturel.
L’étude britannique révèle aussi que, contrairement à une idée reçue, l’épilation féminine préférée des hommes n’est pas l’épilation intégrale mais « un jardin féminin bien entretenu».
43% de la gent masculine préfère le classique « triangle » et 17% le « ticket de métro ».
Une étude du Pr Debby Herbenick et ses collègues de l’Université d’Indiana aux États-Unis (3) parue dans le Journal of Sexual Medicine confirme l’extension de la pratique du rasage intime, chez les plus jeunes.
Première constatation, l’épilation complète ne concerne qu’un petit nombre de femmes allant de 6 % des 18-24 ans à 2 % des quadras et aucune femme après 50 ans. Cela me semble conforme : la très jeune femme est en devenir, après 40 ans, elle a acquis une maturité sexuelle qui lui permet d’assumer sa féminité et ses caractères sexuels.
Les femmes seraient sous influences. Elles subiraient le diktat de la mode ? de la société ? de leurs partenaires ? 18 % seulement des femmes seraient prêtes à arrêter de s’épiler si leur partenaire le leur demandait. Je n’en fais pas partie.
62% de celles qui ne s’épilent plus, affirment que leur partenaire les préfère aussi ainsi.
On nous dit que le choix fait est inconsciemment une obéissance à la pression sociétale, au refus de se différencier, une envie formatée. Je ne suis pas du tout d’accord. Evidemment, les jeunes y sont plus sensibles ( j’oserais ajouter ceux qui souffrent de jeunisme). Je me demande aussi si les adeptes du poils comme-le-veut-notre-nature-animale, ne sont -ils pas eux, en refus, en opposition avec ce retour au sources ? N’est-ce pas aussi infantile ?
Je reste persuadée que le choix de conserver ou pas sa pilosité que l’on soit homme ou femme, est d’ordre esthétique et intime.
Je me demande combien de femmes veilleraient à avoir la jambe et l’aisselle glabres si elle était sur une île déserte… Voulez-vous répondre à ce sondage ?
Pour aller plus loin : Mon corps et ses images de J.-D. Nasio.
Source : Peur des poils, peur du sexe Pas ce soir, chéri, je ne suis pas épilée »? Ce que cache notre obsession des poils Psychologie
(1) Peur des poils, peur du sexe ? (2) Quand épilation rime avec tradition… (3 )Pubic Hair Removal and Sexual Behavior: Findings from a Prospective Daily Diary Study of Sexually Active Women in the United States
« On nous dit que le choix fait est inconsciemment une obéissance à la pression sociétale, au refus de se différencier, une envie formatée. Je ne suis pas du tout d’accord. »
Pour pouvoir être sûr de ce que vous dites, il faudrait qu’il y ait des réferents « pileux » dans les médias, dans la vraie vie. Or, on ne voit jamais de femmes avec des poils aux jambes/aisselles dans les médias, ni même à la plage ou à la piscine. Il y a donc influence *inconsciente* sur les esprits, dès le plus jeune âge.
Mon site vous en apprendra un peu plus sur la norme du glabre.
Bonjour Pierre, merci d’avoir pris le temps de me soumettre votre idée et votre site. Il me semble que quelques actrices se montrent avec poils;-) , que certaines femmes de la vie ordinaire, si je puis me permettre sont « avec poils » et de fait que leurs filles sont soumises à cette influence aussi. Bon jour à vous.
*Il me semble que quelques actrices se montrent avec poils*
en effet, j’en parle d’ailleurs sur mon site. Mais encore cette semaine, j’ai vu plusieurs films ou séries, censées se dérouler à une époque où l’on sait que les femmes lambda ne s’enlevaient pas les poils et pourtant, leurs jambes et aisselles sont glabres, quel anachronisme. Donc, il y a des actrices de temps en temps avec des poils mais ça doit faire 0,1% (zéro virgule un) des femmes représentées au cinéma. Pour, je le rappelle, des attributs communs à toutes les femmes du monde, on n’est pas en train de parler d’une personne avec un sixième orteil à un pied.
*et de fait que leurs filles sont soumises à cette influence aussi.*
Je pense que vous n’avez pas compris le sens de mes propos. Quand on voit *sans arrêt* des femmes sans poils dans la vraie vie, dans les médias, au collège, au lycée, on finit par intérioriser que les femmes n’ont pas de poils. D’ailleurs, ça commence très jeune et j’en parle sur mon site : de nombreuses femmes m’ont relaté des commentaires horrifiés de la part de fillettes de 5-6 ans, à la vue des poils de ces femmes. Elles n’en avaient jamais vu, ni sur leur maman, ni sur les photos des magazines qu’elles feuillettent, ni à la télé, etc. Et quand elles arrivent à l’adolescence, cette absence totale de référentE est une catastrophe : car même si elles voient éventuellement leur mère avec des poils aux aisselles, ça reste UNE personne, pas plus. Face à des millions d’images de glabres, ça ne fait pas le poids. Et si cette maman est féministe, elle pourra expliquer à sa fille qu’elle a le droit de les garder si elle le souhaite mais la réalité cruelle du collège la rattrapera très vite et elle sera stigmatisée si elle ne se soumet pas au diktat du glabre. Tandis qu’un garçon de son âge, personne ne lui tiendra rigueur de ses poils aux aisselles ou aux jambes -> double standard, sur un attribut COMMUN aux femmes et aux hommes.
Je reviens sur une de vos phrases
« Je me demande aussi si les adeptes du poils comme-le-veut-notre-nature-animale, ne sont -ils pas eux, en refus, en opposition avec ce retour au sources ? N’est-ce pas aussi infantile ? »
Remplacez le mot poils dans votre phrase par cheveux (ou poils sur la tête) et vous comprendrez le problème dans votre question ^^
Si nous vivions dans une société imposant le crâne rasé aux femmes, diriez-vous qu’une femme voulant garder ses cheveux aurait un comportement infantile ?
Il ne s’agit pas d’un retour aux sources, juste d’une envie d’accepter son corps tel qu’il est, de ne plus le faire souffrir (voir le chapitre inconvénients de l’enlèvement des poils, sur mon site). Il n’y a aucun inconvénient à garder ses poils, il peut juste y avoir une gêne par rapport au regard des autres. Et le soulagement exprimé par les centaines de femmes qui ont arrêté de s’enlever les poils est réel et bienfaiteur : elles prennent soin de leur corps en lui fichant la paix. Tout l’inverse du message de l’industrie cosmétique qui dit que s’arracher les poils, c’est « prendre soin de son corps ». Mensonge, inversion de la réalité, pour vendre leur daube 🙁