J’ai revu Rencontre avec Jo Black sur HD1. Une pépite et pas seulement parce qu’il y a Brad Pitt. Certes, donner à la Grande Faucheuse la blondeur, le sourire et le charme de Brad Pitt est un atout.
Jo Black incarne la mort qui « s’offre des vacances » et souhaite comprendre pourquoi les humains ont tant de difficultés à quitter la vie. Ce conte focalise sur la découverte des sensations humaines d’un être qui n’a jamais goûté à la perception sensorielle, sur le sens de la vie, la manière dont un homme peut mesurer la qualité de ce qu’il a accompli, et l’amour, le don, le sacrifice pour ceux que l’on aime. Les décors sont somptueux, les acteurs – Brad, Antony Hopkins, Claire Forlani, tous sont excellents. Brad/Jo traduit le ressenti des sensations et son émerveillement pour des choses simples sans sombrer dans la mièvrerie ou le ridicule. Ce qui a retenu tout particulièrement mon attention était sa découverte du baiser.. Il lui était difficile de comprendre pourquoi nous nous embrassions, jusqu’à ce qu’il goûte au baiser français.. avec délice.
Que signifie un baiser ?
Le verbe « baiser » du latin « bassiare » , signifie « tenir dans ses bras », embrasser. Mais quelle est l’idée qui nous a poussés à mettre une bouche contre l’autre et à décrire des figures avec la langue, et pourquoi est-ce si agréable ? Embrasser répond à un instinct naturel pensait Charles Darwin. Il semble aussi correspondre le plus à « Je t’aime ». Les anglo-saxons ont appelé french Kiss, le baiser bouche ouverte et avec la langue lors de la Première Guerre mondiale, lorsque les soldats anglais et américains ont découvert que c’était commun chez les Français. Cependant, les Français ne l’appellent pas baiser français, mais baiser amoureux ou baisers avec la langue.
Les chimpanzés et les bonobos sont connus pour s’embrasser comme les humains. Ils s’embrassent pour communiquer l’attachement et réduire les tensions sociales du groupe. Seuls les humains et nos cousins les Bonobos s’embrassent pendant les rapports sexuels.
Les appositions des lèvres sur l’épiderme obéissent à des codes sociaux différents. Les Romains embrassaient leurs femmes dès leur retour à leur domus. Merveilleuse habitude ! Mais c’était pour mieux les » éthylotester » : ils vérifiaient ainsi qu’elles n’avaient pas bu d’alcool qui leur étaient interdit. Dans beaucoup de peuples africains, le baiser sur la bouche est proscrit car il serait « avaleur d’âme » selon leur croyance. Les Polynésiens le considèrent comme un acte impur et le troque contre un frottement de nez. Bof.. Et tout le monde connait le baiser des esquimaux. Les Asiatiques trouvent nos fricassées de museau indécentes et les Papous, « .. Hurlent de rire face à un rite aussi simplet. Ils préfèrent, pour dire leur amour et leur émoi, couper les cils de l’aimé avec les dents ou lui trier les poux. » précise Martine Mounier. Chacun ses us..
Le baiser reste un mystère
Le poète romantique anglais Percy Bysshe Shelley définit le baiser ainsi : « L’âme rencontre l’âme sur les lèvres des amants. » Embrasser reste un mystère. Les premières expériences de l’amour, du bien-être et de sécurité du nouveau-né sont liées à la bouche et au baiser que nous connaissons au stade oral du narcissisme primaire où la zone érogène est buccale. La bouche est le lieu essentiel des sensations de plaisir de l’enfant et permet aussi la découverte du monde. (Plus tard, la communication avec les autres passera encore par la bouche mais sous forme de paroles). Les neurosciences affirment que nous sommes programmés pour associer les émotions positives avec le contact labial.
Le baiser nous ramène en ces temps archaïques et pulsionnels, nous installe dans la quiétude rassurante du temps où nous ne faisions qu’un avec notre maman qui nous aimait tant.
Cette régression est propice à un état de conscience particulier qui permet l’abandon. De surcroît, il sollicite de nombreux sens : goût, odorat, toucher – les lèvres et la bouche ont des récepteurs très sensibles – et réveille petit à petit tout notre corps.
Dans les contes de fées – qui sont de belles métaphores pour développement personnel -, la princesse est réveillée- dans tous les sens du terme- par le baiser du Prince, la vilaine grenouille se change en prince ou princesse. « Le baiser est la porte du bonheur et de l’expérience amoureuse. Il provoque l’ardeur érotique, agite les cœurs et incite au don naturel de soi » assure le Kâma Sûtra .
La philamatologie, ou science du baiser
Cette science est née dans les années 2000. Elle abaisse le baiser à une question d’hormones ! « Alors que fait un baiser ? Il y a un échange de testostérone qui aide à provoquer le désir sexuel. Si c’est excitant, cela élève la dopamine, qui est associée à l’amour romantique. Et si cela élève l’ocytocine, cela déclenche le système de l’attachement. Alors, chacun des trois systèmes peut être activé par le baiser. » selon Helen Fisher, anthropologue à l’Université Rutgers.
La psychologue Wendy Hill et ses collègues ont observé des différences de niveaux hormonaux chez 15 couples d’étudiants qui venaient de passer 15 minutes à écouter de la musique en se tenant la main ou à s’embrasser. Les niveaux d’hormone du stress, le cortisol, étaient davantage diminués chez les hommes et les femmes qui s’étaient embrassés. Les niveaux d’ocytocine, l’hormone liée à l’attachement, n’étaient cependant augmentés que chez les hommes alors qu’ils étaient diminués chez les femmes.
Des études montrent que les hommes sont plus enclins à initier le baiser avec la langue. Encore un shoot d’hormones : la salive contient des traces de testostérone, l’hormone responsable du désir sexuel qui chavirent les hommes et les femmes.
Les chercheurs estiment que les hommes, inconsciemment, nous embrassent pour livrer cette hormone et augmenter notre réceptivité sexuelle.
La « frenchkissthérapie » ? Le docteur Joy Davidson, psychologue clinicienne à Seattle affirme que le baiser est aussi « une méditation sensuelle ». Elle conseille à ses patients de donner davantage de baisers à leur amoureux/se, ainsi elle obtient de meilleurs résultats en thérapie.
Embrasser stoppe le buzz dans notre esprit et apaise l’anxiété.
Le bisou et surtout le baiser se singularise par le fait qu’il est impossible de faire autre chose en même temps, ni même de penser à autre chose, ce qui n’est pas le cas de nombreuses autres activités : il est possible de conduire et de penser à ses misères. Lors d’un baiser, l’individu se distancie de ses soucis et se focalise sur les plaisirs du temps présent. Le souci mis en suspens un instant, le soucieux apprend à le percevoir différemment et à avoir l’esprit ouvert à des solutions.
Le baiser est aussi très healthy
Le printemps arrive – si, si – , la nature s’éveille, il est temps de s’embrasser plus encore. Selon une étude japonaise menée en 2006 par l’’allergologue Hajime Kimata de l’Hôpital Ujitakeda de Kyoto au Japon, auprès de 48 patients, s’embrasser diminuerait la production d’anticorps IGE, indicateurs d’une réaction allergique.(2) De plus, en augmentant la sécrétion d’ocytocine, hormone du bonheur, le système immunitaire est dopé selon Lucy Vincent, docteur en neuroscience et journaliste, et chercheur au CNRS. Mais aussi, parce que « le baiser entraîne un échange de bactéries qui habitue notre corps à répondre et à lutter contre les attaques extérieures en produisant des anticorps », (3) continue le Dr Damien Mascret, médecin sexologue.
Aller vous démener en salle de sport, dans une ambiance suante, vous déprime ?
Quelques câlins agrémentés de baisers remplaceront avantageusement une séance de sport du point de vue cardiovasculaire.
Lorsque vous embrassez votre chéri/e durant une minute, vous brûlez autant de calories qu’en courant un 500m et de bien agréable façon. Le rythme cardiaque augmente autour de 110 battements minute, ce qui constitue un rythme intéressant pour muscler son cœur et augmenter son endurance. Oublions l’étude département de psychologie du Western State College Gunnison qui ternit l’affaire en soutenant qu’un baiser abrège la vie de 3 minutes.. Un jour en moins pour 480 baisers, moins une semaine pour 175200 baisers soit plus d’un baiser par jour.. Même les hypocondriaques s’y risqueront car une vie sans baisers est sinistre.
Les frimas s’éloignent, certains ont le désir de perdre quelques kilos emmagasinés durant l’hiver. Les biologistes leur recommandent le Kissing diet en complétant le régime par des séances quotidiennes de baisers avec la personne aimée. Bryant Stamford, de l’Université de Louisville, a constaté que lors d’un baiser passionné, les deux soupirants brûlent deux fois plus de calories par unité de temps. Un vrai baiser engage 29 muscles faciaux, (12 pour les lèvres et 17 pour la bouche), et brûle plus de 6 calories à la minute. Certes, ils faudra beaucoup vous embrasser pour réduire à néant les 113 kcal du macaron Ladurée que vous venez de déguster… mais au moins cela a l’avantage d’être agréable.
Parlons moins, embrassons-nous plus souvent, pour le plaisir.
Sources: Comment devient-on amoureux de Lucy Vincent
H. Kimata, Kissing Petite Histoire du baiser, Julie Enfield H. Kimata, Kissing reduces allergic skinwheal responses and plasma neurotrophin levels, in Physiology and Behavior, vol. 80,pp. 395-395, 2003.(3) lors d’un baiser, 250 millions de bactéries sont échangées
Merci pour cet article savoureux !
A déguster sans modération comme les baisers…
Merci 😉