Alors que des menaces de guerre se font entendre, ce mercredi reflète le 50e anniversaire du discours historique de Martin Luther King « I have a dream», qui a marqué d’une pierre blanche, la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis. La mémoire de Martin Luther King devrait nous rappeler ce qu’on peut accomplir avec la non-violence.
Appréhendait-il, ce 28 Août 1963, lorsqu’il s’est avancé vers le pupitre au Lincoln Memorial, devant des dizaines de milliers de militants à Washington DC, pour affirmer qu’il rêvait de tolérance raciale et que les personnes ne soient pas jugées par la couleur de leur peau, mais par leur caractère et leur façon être, qu’il prononçait un discours qui allaient avoir une portée universelle ?
Il avait un grand sens de la communication et il savait utiliser la presse, les photographes et le tout-Hollywood. Marlon Brando, Charlton Heston, Paul Newman, Mahalia Jackson, Joan Baez, Bob Dylan, Sydney Poitiers, Harry Belafonte ainsi que l’écrivain James Baldwin se trouvaient à ses côtés, parmi les 250 000 anonymes, toutes couleurs confondues, venus de presque tous les états des Etats-Unis… Ces images devenues mythiques étaient retransmises en direct à la télévision.
Même Kennedy avait choisi de regarder la Marche à la télévision, dans la sécurité de la Maison-Blanche.
I have a dream… un discours historique
« Même si nous devons affronter des difficultés aujourd’hui et demain, je fais pourtant un rêve », poursuit Martin Luther King.
« C’est un rêve profondément ancré dans le rêve américain.
Je rêve qu’un jour notre pays se lève et vive la véritable réalité de son credo : Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes sont créés égaux.
Je rêve qu’un jour, sur les rouges collines de Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d’esclaves puissent s’asseoir ensemble à la table de la fraternité. (…)
Je rêve que mes quatre petits-enfants vivent un jour dans un pays où on ne les jugera pas à la couleur de leur peau, mais à la nature de leur caractère.
Je fais aujourd’hui un rêve ! »
Le président John Fitzgerald Kennedy, trois mois plus tôt, s’était déclaré favorable à la déségrégation. Les négociations furent laborieuses. Il s’agissait de faire progresser le Civil Rights Act par une loi réaffirmant la constitutionnalité de l’égalité des Noirs et des Blancs. Kennedy en fait l’annonce le 11 juin. Pour le soutenir face aux démocrates sudistes du Congrès, la Marche de Washington est organisée le 28 août 1963 « pour l’emploi et la liberté »avait déclaré la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis.
I have a dream.. Toute une histoire
Presque tout a commencé en novembre 1955, à Montgomery (Alabama), lorsque Rosa Parks, secrétaire de l’antenne locale de la NAACP -National association for the advancement of colored people-, refuse de céder sa place à un Blanc dans un bus. Elle fut arrêtée le 1er décembre. Martin Luther King, alors, prit la tête d’une fronde s’appuyant non sur la force physique mais sur la force morale. Il décida, avec ses partisans, de boycotter les transports publics de la ville à cause du système de ségrégation pratiqué dans les bus (l’avant étant réservé aux Blancs, l’arrière aux Noirs). La lutte dura un an, elle prit fin lorsqu’ils obtinrent le jugement d’un tribunal fédéral selon lequel la ségrégation dans les autobus violait l’article de la Constitution américaine stipulant que tous les citoyens avait droit à une égale protection de la loi, en décembre 1956.
En 1959, il va étudier en Inde la philosophie de Gandhi.
Le 14 octobre 1963, Martin Luther King reçoit le prix Nobel de la paix à Oslo dont il sera à 34 ans, le plus jeune détenteur. Il fut la victime du FBI, dirigé par Edgar Hoover, avec sa politique de « caniveau » qui fit circuler des enregistrements d’ébats extraconjugaux supposés de King, dans le but de ternir son image. (1)
Le 22 novembre, John F. Kennedy est assassiné. Le Civil Rights Act attendra un peu. La plupart de ces droits seront promus par le « Civil Rights Act » et le « Voting Rights Act », sous la présidence de son successeur, Lyndon B. Johnson, le 2 juillet 1964.
Partout où régnait l’injustice, Martin Luther King était là.
Il fut aussi l’apôtre de la pauvreté : en 66, il emménage dans un bidonville à Chicago pour attirer l’attention sur les conditions de vie des pauvres. Sa dernière mission fut de soutenir le combat pour la dignité des éboueurs de Memphis. Il milita contre la guerre du Viêt-Nam, l’utilisation du napalm, ce qui lui a valu de devenir persona non grata à la maison Blanche. Jusqu’à son assassinat le 4 avril 1968, il a toujours œuvré pour la paix.
Depuis le 2 novembre 1983, chaque année le 15 janvier, aux Etats-Unis, un jour férié marque la date anniversaire de la naissance de Martin Luther King, symbole du mouvement pour les droits civiques.
Aujourd’hui, le président des Etats –Unis est noir. Barak Obama avait deux ans lorsque Martin Luther King prononce sa célèbre prêche. «Quand vous parlez du discours de Martin Luther King à la Marche de Washington, vous parlez de l’un des peut-être cinq grands discours de l’histoire américaine » a dit le Président Obama dans une interview, ce mardi.
Aujourd’hui, le président Barack Obama prononce un discours à l’endroit même où Martin Luther King a évoqué son rêve, pour célébrer cet anniversaire. Les anciens présidents démocrates Bill Clinton et Jimmy Carter prendront également la parole au cours de la cérémonie. En toute humilité, il a prévenu que son intervention « ne sera pas aussi bonne » que celle prononcée par le pasteur géorgien en 1963.
Aujourd’hui, que ferait Martin Luther King ?
Pour reprendre une expression du fameux discours, où est notre « caillou d’espérance » ?
« Avec une telle foi nous serons capables de distinguer, dans les montagnes de désespoir, un caillou d’espérance.
Avec une telle foi nous serons capables de transformer la cacophonie de notre nation discordante en une merveilleuse symphonie de fraternité.
Avec une telle foi, nous serons capables de travailler ensemble, de prier ensemble, de lutter ensemble, d’aller en prison ensemble, de nous dresser ensemble pour la liberté, en sachant que nous serons libres un jour….. »
Photographies: Rev. Martin Luther King and other civil rights leaders meet with President John F. Kennedy on August 28, 1963 at the White House- Rosa Parks
Sources: Martin Luther King– pour en savoir + sur sa vie- Alain Foix, « Martin Luther Kign », Folio biographies (1) Film Hoover- Nouvelobs: dans les secrets du FBI de Hoover