« La guerre n’est pas une aventure. La guerre est une maladie. Comme le typhus. » écrivait Antoine de Saint-Exupéry que nous venons d’honorer ce mardi 13 décembre au Panthéon.
Je ne suis pas du tout va-t-en-guerre ! La guerre est une infamie, toutes les guerres même celles que certains disent justes, déshonorent le genre humain. En 2017, nous sommes entrain de guerroyer aux quatre coins de la planète ! Ce qui se passe en Syrie est un désastre, une abomination. Très souvent dans la journée, lorsque je suis calmement en train de mener ma vie de nantie, je pense à ces gens qui sont sous les bombes, qui ont peur, qui souffrent, qui pleurent un des leurs, qui ont faim, froid… Je sais, ce n’est pas grand chose, mais que faire ?
Je n’aime pas les films de guerre. J’ai encore des cauchemars rien qu’en évoquant « Il faut sauver le soldat Ryan » … Cependant, hier, j’ai accepté de regarder « Thirteen hours », film inspiré d’une tragédie par le réalisateur Michael Bay – vous savez celui de « Transformers », genre que je ne regarde pas non plus, du reste !- sorti en salles aux Etats-Unis le 15 janvier 2016. Le scénario est adapté du livre « Treize heures, les soldats secrets de Benghazi » (Thirteen Hours, the secret soldiers of Benghazi) du journaliste Mitchell Zuckoff, sur la base des témoignages de cinq des six gardes embauchés par la CIA pour protéger son antenne supposée secrète à Benghazi.
Que s’est-il passé le 11 septembre 2012 à Benghazi ?
Les Etats-Unis ont-ils trop tardé à envoyer des renforts ? Les attaques du 11 septembre 2012 ont coûté la vie à Christopher Stevens, l’ambassadeur américain en Libye, et trois autres Américains Sean Smith, fonctionnaire de 34 ans, Tyrone S. Woods et Glen Doherty, anciens Navy Seals, soldats d’élite de la marine à Benghazi. Triste privilège, Stevens est alors le premier ambassadeur américain tué dans l’exercice de ses fonctions depuis 1979.
Le film nous fait suivre leur combat héroïque durant toute la nuit pour repousser deux attaques : La première en début de soirée visait la mission diplomatique américaine, où l’ambassadeur Chris Stevens périt, asphyxié par l’incendie déclenchée par les assaillants ainsi que l’informaticien, Sean Smith. La seconde cible fut une annexe de la CIA située à quelques kilomètres de là. Ces six « chiens de guerre » sont d’un courage indéniable, qui force l’admiration et la gratitude.
Il faut avoir le cœur bien accroché ! Le film dure 2h 24min et pourtant à aucun moment Le film est très éprouvant, les images dures, d’une violence inouïe, les Facetime avec leur famille sont très tristes et émouvantes, les morts libyens pleurés par les femmes et les enfants, surtout lorsqu’on songe que c’est inspiré d’un fait réel, que ce n’est pas du cinéma !
Les acteurs James Badge Dale, John Krasinski, Max Martini, Toby Stephens, Pablo Schreiber, David Denman, Dominic Fumusa, Freddie Stroma et Alexia Barlier sont charismatiques très crédibles, très attachants. J’ai remarqué que seuls les Américains avaient un visage, tandis que leurs ennemis ne sont que des silhouettes, des cibles de jeu vidéo qui explosent.
13 Hours célèbre le courage des soldats
Bien sûr, plein de clichés : Séance de musculation, blagues lourdingues, virilité exacerbée… Oublions aussi les incohérences avec la vue de coupoles d’église ou de falaises atlantiques dans ce qui est censé être Benghazi et sa côte : Le tournage a été réalisé en partie à Malte et au Maroc. Mais relevons aussi, des soldats prêts à mourir pour leur patrie qui ont perdu de vue leur motivation d’engagement ou qui s’interrogent sur ce qu’ils font dans un pays qui n’a rien demandé … La CIA qui honore ces valeureux Tyrone Woods et Glen Doherty, qui ont donné leur vie avec leurs étoiles gravées sur The Wall of Honor… Un soldat qui craque, en larmes au téléphone… Un drapeau américain noyé sous les débris..
Treize hours, la polémique
Certes, ce n’est pas « Thirteen hours » qui permettra de comprendre quoi que ce soit à un tel désastre.
La thèse du film est simple : malgré de multiples appels, les hommes de Benghazi n’ont reçu aucun renfort de Washington ou du Pentagone
Un rapport d’enquête du Sénat américain a conclu que ce drame aurait pu être empêché par un renforcement de la sécurité. Washington et Tripoli n’ont pas réussi à accorder leurs vielles, l’un affirmant que l’agression fut spontanée, l’autre accusant les réseaux d’Al-Qaïda d’avoir planifié l’attentat. Jamais Obama ni Clinton ne sont mentionnés dans « Thirteen hours ».
« Le rapport parlementaire des élus républicains souligne les failles de l’administration Obama, sans mise en cause directe d’Hillary Clinton, alors secrétaire d’Etat. » LE MONDE 29.06.2016
Hillary Clinton avait défendu bec et ongles l’intervention militaire en Libye afin de renverser le régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Christopher Stevens avait été envoyé en Libye, en partie parce qu’elle envisageait d’effectuer une visite dans le pays en octobre 2012.
Le film est sorti le 30 mars 2016. 13 Hours qui représente l’hommage aux soldats, est un succès mitigé, peut-être à cause des élections.
J’ai envie de dire « plus jamais ça » , qu’ils ne soient pas morts pour rien, eux et tous les autres anonymes ! Mais hélas…
John F. Kennedy était-il prophète lorsqu’il disait « L’humanité devra mettre un terme à la guerre, ou la guerre mettra un terme à l’humanité. » ?