Madame T. va effectuer un voyage humanitaire en Inde ce dimanche 26. A quel titre le fait- elle ? Je m’en balance. Ce qui me questionne est l’objectif ! Je m’interroge sur ce que cela peut apporter à Action contre la faim le déplacement de cette personne. Est-ce que cela va nous encourager à plonger notre main dans nos porte-monnaies ? Nous sensibiliser à ce fléau ? (qu’est la faim, pas la dame !) Attirer l’attention de l’administration indienne sur les conditions de vie si misérables de certains Indiens ?
On nous dit que son voyage en première classe et ceux de son staff sont offerts par Air France (je ne voyage jamais avec cette compagnie, mais ce ne sera surement pas d’un grand agrément car selon J. Lang qui en a fait tout un tapage médiatique la semaine dernière, les repas de la compagnie sont « imbouffables » ! ). Cependant lorsqu’on œuvre contre la faim, une petite diète de compassion peut être un bel avant-goût sensibilisateur.
On nous dit que l’hôtel Taj Mahal à Bombay fait œuvre de mécénat en offrant l’hébergement. Très bien. Mais je me demande pourquoi ces entreprises – puisque pour eux ce sont des opérations commerciales blanches- ne donnent pas l’argent des prestations offertes, directement à l’association ? Les bénéfices publicitaires qu’ils en tireraient ne seraient-ils pas au moins équivalent à ce mécénat de luxe pour des bénéficiaires qui profitent de leurs avantages, sans honte ?
On nous dit qu’il y aura aussi une expédition dans un bidonville ! Venez ma chère, sortons de notre suite du Taj Mahal pour aller chez les pauvres ! Cela me fend le cœur, me tord les entrailles ! Quelle indécence ! Je sais qu’il faut sensibiliser les nantis que nous sommes pour aider ceux qui souffrent et qui n’ont rien, car nos cœurs sont parfois secs et nos œillères bien fermées. Mais tout de même !
On nous dit aussi qu’il y aura un repas de gala, lundi 27 janvier au Taj Mahal Palace, à l’occasion de la création de la Fight Hunger Foundation, nouvelle organisation indienne qui aura pour objet le « traitement et la prévention de la malnutrition dans les zones urbaines et rurales du Rajasthan, du Madhya Pradesh et de Bombay ». Régalons-nous pour le bien de tous ces pauvres gens affamés ! Je sais que les prestigieux invités du gala paient leur repas environ 1000 euros afin de financer ces opérations et ferons des dons. Mais, quel est le vrai bénéfice de ce gala ? Ne serait-il pas plus sage et compassionnel d’offrir ses 1000 euros sans compensation ? Ne sommes-nous pas capables d’un tel geste ? Je suis indignée par cet odieux paradoxe..