La fréquence de l’apparition d’une trisomie 21 augmente de façon exponentielle en fonction de l’âge de la mère. La conception d’ un enfant atteint du syndrome de Down bondit de 1/700 naissances lorsque la future mère a 30 ans, à 1/20 à 46 ans. Quoi de plus injuste, pourtant, que ce privilège des hommes de pouvoir enfanter si tard ? En effet, la petite fille naît avec un stock limité d’ovocytes – cellules donnant lieu à un ovule- qui ne vont plus se diviser, mais subir une maturation lors de chaque cycle menstruel après la puberté. A la naissance, la fille bénéficie d’un stock de 400 000 ovocytes, elle n’en maturera qu’environ 400, un tous les 28 jours jusqu’à la ménopause (1).
La paternité tardive considérée comme étant sans risque
Selon l’Ined – Institut national d’études démographiques-, en 2009, près de 5 % des nouveaux pères avaient plus de 45 ans, deux fois plus qu’en 1980.
Charlie Chaplin, est devenu père de sa benjamine Annie alors qu’il avait 73 ans. A 61 ans, Julien Clerc devient père de Léonard, Jean Réno pouponne Dean à 63 ans, Robert de Niro est papa d’Elliot à 68 ans, Daniel Auteuil à 61 ans de Zachary, Nicolas Sarkozy de Julia la porphyrogénète,(2) à 56 ans. Un quinqua ou sexagénaire – voire un septuagénaire- qui s’offre les joies de la paternité suscite souvent l’admiration et parfois l’envie.
Or, une étude publiée dans le magazine Jama Psychiatry chamboule le paradigme : Être géniteur tardif comporte de gros risques pour l’enfant à naître.
Les chercheurs de l’Université d’Indiana aux Etats-Unis et de l’Institut Karolinska à Stockholm qui ont analysé des données médicales portant sur toutes les personnes nées en Suède entre 1973 et 2001 ont été fort choqués par leurs résultats. Ils ont découvert qu’un enfant conçu par un père de 45 ans a 25 fois plus de probabilités d’avoir des troubles bipolaires et 13 fois plus de risque de souffrir d’hyperactivité que si le père est âgé de 24 ans. De plus, la possibilité d’avoir des penchants suicidaires est 3,5 fois plus grande et d’être dépendant à la drogue, 2,5 fois plus importante . Les risques augmentent encore lorsque le père gagne en âge.
Le Pr Stanislas Lyonnet, chef du service de génétique à l’hôpital Necker à Paris ajoute qu’il existe une augmentation statistique de l’âge paternel dans plusieurs maladies génétiques, comme la neurofibromatose ou l’achondroplasie – forme de nanisme. De nouvelles études sur l’autisme ont aussi permis de mieux appréhender l’impact de l’âge du père. Les pères de garçons autistes sont six fois plus souvent dans leur quarantième année que dans leur vingtième. Et pour les filles autistes, ils sont dix-sept fois plus souvent âgés de plus de quarante ans. Les enfants ayant un père âgé de plus de 50 ans le risque d’autisme est de 52/10000.
L’âge du père est lié à la transmission de près d’une vingtaine d’anomalies génétiques – progeria, Marfan..- et est également mis en cause dans le risque de cancer de la prostate. La spermatogénèse est un processus différent de l’ovogénèse : à partir des cellules souches- les spermatogonies,- de nouveaux spermatozoïdes sont produits par divisions successives et ce, durant toute la vie, à raison de quelques milliers par jour (3). Des travaux révèlent en autres, que les pères transmettent quatre fois plus souvent que les mères des mutations spontanées à leurs enfants. De surcroît, le risque d’induire ce type de mutation augmente avec son âge car les copies génétiques qui se déroulent en continu, sont responsables d’erreurs de codage d’ADN .
C’est un excellent travail d’un point de vue scientifique. Et la majorité des enfants nés de pères à l’âge d’être grand-père est exempte de mutations génétiques. Est-ce à dire que les femmes doivent tout de même prendre en compte l’âge du procréateur dans leur désir d’enfant ? Et les hommes devraient-ils peut être songer à congeler leur sperme lorsqu’ils sont jeunes ? A chacun de prendre ses responsabilités.
Sources: L’âge du père: un risque pour l’enfant ? Cerveau § Psycho – Mental Illness Risk Higher for Children of Older Fathers, Study Finds By BENEDICT CAREYFEB. 26, 2014 New York Times
(1) Au cours des cycles menstruels, 600 ovocytes démarrent leur croissance. Lors de la « ponte ovulaire », il n’en reste qu’un seul qui va subir une maturation lui permettant d’être fécondé par un spermatozoïde. (2) La fille du Président est-elle porphyrogénète ? Chronique du 21/10/2011(3) pourquoi la qualité du sperme des français décline ? Le point du 02/03/2014 (3) les Français inégaux devant la baisse de qualité du sperme le Monde du 27.02.2014
Photographies: Julien Clerc et Léonard- Daniel Auteuil et Zachary- Paris-match – Fécondation d’un oeuf par des spermatozoïdes. UNIVERSITY OF COLORADO