Passion Mozart
Radio classique et Universal Music nous invitaient depuis le 15 septembre jusqu’au 31 octobre 2014, à choisir notre oeuvre préférée de Mozart. Plus vous votiez, plus vous augmentiez vos chances de gagner, ainsi je votais chaque semaine. Le Prix d’honneur ? Des places en 1ère catégorie pour la Flûte Enchantée à l’Opéra Bastille le 4 juin 2015.
Quelle est l’œuvre de Mozart préférée ?
Parmi les 600 compositions sublimes et bouleversantes de beauté et de qualité qu’il nous a laissées ? Parmi les 50 œuvres présélectionnées ? Seigneur, mission délicate, s’il en est ! Heureusement, il est possible de faire plusieurs choix et de voter chaque semaine.
Mozart, je ne peux pas m’en passer ! Il fait entièrement partie de ma vie. Il y surgit toujours fort à propos.
Notre histoire a commencé avec la célèbre « Petite musique de nuit » que jouait mon amie Anne au pensionnat La Croix où nous étions internes. Chaque soir, une petite échappée avec comme privilège, un rendez-vous avec Mozart et Beethoven avec sa lettre à Elise – qui en fait était pour Thérèse Malfatti (1)-, et autres consorts.
La Petite musique de nuit est un morceau gai et pourtant, Wolfie l’a composé le lendemain de la mort de son père. On croit la connaitre par cœur, et à chaque écoute, elle surprend. Cette année 1787, est une année sombre pour Wolfie : Les noces de Figaro ne sont plus jouées à Vienne, ses besoins d’argent se font préoccupants, il perd deux amis – le docteur Sigmund Barisani et le comte Hatzfelt -, son père en mai, il travaille éperdument à ce qui sera Don Giovanni. C’est dans cette tourmente qu’il écrit aussi cette sérénade N°13. Pourquoi en a -t-il fait une œuvre nocturne si gaie ? Le mystère entoure sa création : l’a-t-il écrit en hommage à son père ou à un de ses amis défunts ? Pour une fête d’un soir à la cour ?
J’ai quelques temps craint qu’aimer Mozart, affichait un manque de culture musicale, de culture tout court. Selon un sondage BVA, 58% des personnes qui écoutent de la musique classique (soit 56% des sondés) aiment Mozart (2). 6 Français sur 10 aiment Mozart et paradoxe, 60% des amateurs déclarés ne sont jamais rentrés dans une salle de concert et 65% n’écoutent pas de musique classique.(3)
Mozart est aimé, c’est une banalité de le dire ! Dire qu’on apprécie un compositeur seulement connu des initiés, vous pose un peu plus culturellement, non ? Il est vrai que j’ai peu dit que j’avais une forte inclinaison pour Mozart. Mais, avec tous les signes qui prouvaient qu’il était dans ma vie, j’ai osé l’affirmer assez vite. Wolfgang Amadeus Mozart est une star du classique, il est popularisé dans tous les milieux, sans être délaissé par les mélomanes cultivés.
Mozart, toujours là où je ne l’attends pas.
Il surgit lorsque je suis en vague à l’âme.. lorsque j’ai besoin de me ressourcer, de méditer, d’apprécier.. Lorsque je l’entends dans un endroit improbable,- un restaurant ou un endroit au bout du monde, un taxi..- , je suis sure d’être au bon endroit.
J’ai chanté sur les variations de « Ah ! Vous dirais-je maman» (4), l’alphabet, les jours de la semaine, les rois de France.. avec mes enfants, pour mémoriser avec plaisir.
Sa musique est reconnaissable entre mille. Chaque écoute fait naître des émotions diverses et profondes. Sa musique est intelligente, simple – elle le parait -, elle est harmonie, beauté, éternité. Elle transporte au firmament. Elle guérit – oui, un opéra de Mozart et hop ! la maladie s’en va, mon système immunitaire se trouve boosté par tant de belles émotions et flots d’hormones du plaisir. Elle me rend heureuse, m’allège le cœur, me donne la même félicité que lorsque je fais une bonne action, elle me met le cœur en joie, me fait vibrer, m’élève et me rend légère.
Des études mettent toujours en avant l’effet Mozart
A telle enseigne que les gouverneurs du Tennessee et de la Georgie décidèrent en 1999 d’offrir un disque de Mozart à chaque nouveau-né de ces états. D’autres études ont démontré que la musique pouvait avoir un effet sur l’état d’éveil et la bonne humeur des sujets, et améliorer ainsi les capacités intellectuelles à court terme (5). La musique de Mozart n’a pas de vertu particulière. C’est la stimulation du cerveau qui est susceptible d’augmenter les performances, pas la musique en elle-même. Il n’empêche..
Les détracteurs de Wolfie disent que sa musique est juste une musique de répondeur ou d’ascenseur ! D’autres, qu’il n’existe pas de style Mozartien. Comment alors, décrire une musique que l’on reconnaît entre mille autres et universellement copiée depuis des siècles ?
Pourquoi ne confondons-nous pas Mozart avec d’autres compositeurs ?
J’aime cette anecdote qui résume son talent : Après la première représentation du singspiel L’enlèvement au sérail en 1782 à Vienne, une remarque de l’empereur Joseph II est restée très célèbre : « Trop beau pour nos oreilles et bien trop de notes, mon cher Mozart ! ». Sur quoi, Mozart répondit : « Mais quelles notes voulez-vous donc que j’enlève ?», ce qui embarrassa quelque peu l’empereur.
Mozart, une belle personnalité
Généreux, gai, farceur, il rit de ses bons mots, il aime le beau, le billard, danser. Il est intellectuel, il aimait les mathématiques,- enfant, il avait couvert les murs de sa chambre avec des calculs mathématiques, les sciences, il parle et écrit l’italien, l’anglais, le français, l’allemand et le latin, le grec. Il n’ignorait pas son génie, il savait sa musique parfaite. Il sera aussi audacieux, novateur, en mettant en scène le très controversé Mariage de Figaro de Beaumarchais, écrivant un grand opéra en langue allemande destiné à rivaliser avec l’opéra italien, composant Don Giovanni..
Comme annoncé en préambule, le grand prix est des places pour Die Zauberflöte à l’Opéra Bastille dont la Première sera le 17 avril 2015, en juin 2015. I hope so !
L’opéra de Mozart favori de Beethoven, mi- parlé, mi- chanté, La flûte enchantée est mystérieux, fascinant. Composé fébrilement quelques semaines avant sa mort, c’est en sorte le testament lyrique de Wolfgang Amadeus Mozart. Début de l’histoire inspirée des « contes orientaux » de Wieland ? Le Prince Tamino est chargé par la Reine de la Nuit d’aller délivrer sa fille Pamina des prisons du mage Sarastro, présenté comme un tyran. La Flûte enchantée s’adresse à tous avec sa merveilleuse musique qui touche directement l’âme. Le livret d’Emanuel Schikaneder nous permet diverses interprétations : est-ce un conte pour enfants ? Un récit ésotérique et initiatique, parsemé de symboles francs-maçons ? Une fable populaire et allégorique ? Un opéra maçonnique ? C’est aussi une parabole de thèmes très actuels : nature et culture, éducation et morale, vérité et religion.
Avec Mozart, il en est toujours ainsi : A chacun d’entendre le message personnel délivré par le chef d’œuvre.
Sources : Mozart, symbole du style classique de Camille Muller – (1) Beethoven eut des relations compliquées avec les femmes. Il tomba amoureux fou de cette jeune fille de 18 ans – il en avait 40 . Son père lui refusa sa main car sa fille et lui, ne voyait pas d’interet à ce mariage. (2) http://www.bva.fr/fr/sondages/les_francais_et_la_musique.html (3) Les Français face à la culture: De l’exclusion à l’éclectisme Par Olivier DONNAT (4)Il l’a composée en 1778, année où de son second séjour à Paris. Il a popularisée cette mélodie et on lui attribue souvent, à tort, la composition. (5) « The Mozart effect : An artifact of preference ?« , Kristin Nantais and Glenn Schellenberg (Psychological Science, 1999).
