Je culpabilise MonsieurmonMari et mes amis lorsqu’ils dégustent des huîtres – pour leurs besoins en zinc, bien sûr – au titre qu’elles sont vivantes.
J’imagine que ça doit être une mort atroce d’être malmenée dans sa coquille, inondée de jus de citron ou du vinaigre- ce qui pour les puristes gastronomes est un crime !-, avalée vivante, mâchée, ou tuée par l’acidité des sucs gastriques.
Et eux, me reprochent de faire crier les carottes et les choux !
Tous les végétariens ont entendu cette remarque. Pourquoi ? L’explication d’un psychologue : le carnivore culpabilise le végétarien pour se déculpabiliser. « Je fais souffrir des animaux, c’est cruel, je le sais MAIS toi tu n’es pas parfait(e) puisque tu fais souffrir les légumes ! ouf, je me sens mieux, surtout moins sans-coeur ». J’y vois une note optimiste : ce carnivore-là a pris conscience de la possible souffrance animale.
Les plantes sont des êtres intelligents, estime le philosophe Michael Marder.
La neurobiologie végétale
Depuis quelques années, nous assistons à la naissance d’une discipline scientifique appelée la neurobiologie végétale (« neuro- » bien que les plantes n’aient pas de neurones). Les scientifiques expliquent que les plantes sont intelligentes, car elles s’adaptent au monde extérieur et arrivent à réagir aux agressions qu’elles subissent. Elles émettent des signaux, et surtout en interprétent d’autres. Contrairement aux animaux et aux hommes, les plantes ne possèdent pas de cerveau clairement identifiable, ni de système nerveux. Dans le très documenté Science & vie n°1146 de Mars 2013, nous apprenons que chaque plante possède des capacités de super héros. Par exemple, le tremble possède une mémoire que le biologiste Ludovic Martin, de l’université de Clermont-Ferrand, a mis en évidence.
Celle du Mimosa pudica est encore plus extraordinaire : il est connu pour replier instantanément ses feuilles lorsqu’elles sont touchées, il les rabat aussi, instantanément, lorsque son pot est soulevé brusquement. Or, comme l’a montré une expérience effectuée à l’université de Florence en Italie, si on le soulève cinq ou six fois d’affilée, ce comportement disparaît… bien qu’il continue à replier ses feuilles en cas de contact. « Le mimosa a ‘appris’ qu’être soulevé n’est pas dangereux, donc il cesse de se replier», interprète le directeur du laboratoire, Stefano Mancuso. Il a même de la mémoire : il retient cette leçon environ quarante jours.
Le tabac peut appeler à son secours les fourmis et les punaises pour se libérer des chenilles et sait aussi se défendre seul en offrant à déguster aux chenilles des excroissances qui donnent une certaine odeur à la prédatrice qui elle même alors, attire ceux qui la dégusteront avidemment. Le Sicyos angulatus – concombre anguleux pour les non-initiés- a le sens du toucher alors que le maïs entend, la Cuscuta pentagona,- une plante parasite, la cuscute- a du nez, le trèfle a l’esprit de famille – en mesurant de la taille des racines, la botaniste américaine Susan Dudley a montré que cette plante arrivait à reconnaitre si son voisin était de la même famille que lui, ou pas-, le pin fait preuve de solidarité..(1)
Cleve Backster a prétendu que les plantes peuvent lire dans l’esprit humain. Oui, oui ! Rien que cela ! Il a publié sa recherche dans l’International Journal of Parapsychology (« Evidence of a Primary Perception in Plant Life », en 1968. A cette époque, consultant pour la police new-yorkaise, il raconte que le 2 février 1966, à New-York, dans son «laboratoire» – en fait un simple local où il donnait une formation sur l’utilisation du détecteur de mensonges, «Pour une raison quelconque, je me suis dit qu’il serait intéressant de voir combien de temps il fallait à de l’eau pour passer par les racines de la plante, remonter le long de sa tige, puis se rendre jusqu’au bout de ses feuilles ». S’ennuyait-il ? Un des paramètres dont tient compte la détection du mensonge est la résistance galvanique de la peau. En théorie, mentir produit chez le sujet une certaine anxiété, qui accroît sa sudation, de manière impalpable, mais cependant mesurable. Curieuse idée, il plaça les électrodes de son détecteur de mensonge sur une feuille de dragonnier, dracæna, plante de sa secrétaire.(2) D’expériences en expériences, Backster réussit à transformer une plante en détecteur de mensonge ! Un psychologue moscovite, le Prov. V.N. Pouchkine, et son collaborateur, V.M. Fetisov ont fait de même avec un .. géranium !
Aristote pensait aussi que les plantes avaient une âme
Pour le philosophe Michael Marder, les plantes sont des êtres intelligents, sociaux et complexes. La preuve en est, elles communiquent entre elles.(3) Alors, faut-il repenser notre relation avec le végétal ? Les plantes ne possédent pas de système nerveux, il est donc légitime de croire qu’elles ne connaissent pas la douleur. Ce n’est pas pour autant que j’irais piétiner de jeunes plantes ou briserais des branches d’un arbre, j’explique à mes rosiers lorsque je les taille, que c’est pour qu’ils soient encore plus beaux.. Je prépare mes légumes sans honte, sans gâcher, sans rien redouter.
Je n’ai aucune difficulté à imaginer que les plantes soient intelligentes même si l’intelligence est reliée aussi, à la présence d’un cerveau et d’un système nerveux, dont les plantes sont dépourvues.
Concernant notre alimentation proprement dite, le philosophe m’a appris qu’ en effet, certains considèrent que les racines hébergent les âmes des plantes.
« Il faut savoir que nous pouvons nous nourrir de certaines de leurs parties, comme les fruits, sans tuer l’organisme entier. Dans les cultures non-occidentales, c’était vraiment un critère important pour un régime acceptable : le jaïnisme, par exemple, bannit la consommation de végétaux racines, comme les carottes ou les betteraves. » écrit Marder
Globalement, le philosophe pense que « Manger n’est pas une activité très éthique » car celui qui mange détruit ce qu’il mange ! Mais il admet aussi que
« La façon la plus éthique de manger est de se nourrir de fruits et légumes qui ont poussé localement. » Prôner le frugivorisme ?
Au lieu de penser uniquement à ce qui est dans notre assiette, le philosophe aimerait que l’on pense aussi à la manière dont on reçoit et respecte cette nourriture, par exemple en remerciant pour ce don qui nous est fait.
Je suis en phase : remercier celui ou celle qui nous nourrit. La plante, l’animal et celui qui a confectionné le plat. Influence de mes études au Pensionnat de la Croix ? Mais, le plus important à mes yeux, est de ne pas gâcher. Non, ce n’est pas le « Finis ton assiette. Pense à ceux qui ont faim» .. Cela n’a d’ailleurs jamais mis quelque chose dans l’assiette de celui qui manque cruellement. En tout cas, ces paroles sont à l’origine de bien des comportements alimentaires déviants e tplus encore. Non, il s’agit d’acheter juste ce dont nous avons besoin, de se servir à la mesure de notre appétit, de ne pas manger plus que de raison, afin que cela reste une fête, sans se gaver, ni malmener notre organisme.
«Personne ne peut en toute certitude dire que ces animaux ressentent de la douleur, et personne ne peut dire en toute certitude qu’ils ne la ressentent pas». Idem pour les plantes. On a aussi cru un temps que la terre était plate ..
Après de longs mois d’enquête pour écrire son essai choc «Faut-il manger les animaux ?», en 2012, l’écrivain américain Jonathan Safran Foer – Souvenez-vous, l’auteur de «Extrêmement fort et incroyablement près»- est devenu végétarien. Cela donne à réfléchir.
Lorsque je prépare un repas, je ne me demande pas ce que je dois faire pour rester végétarienne ou « pescétarienne ». Les questions sont ailleurs !
Primo : Les meilleurs éleveurs ne peuvent récuser que l’élevage des animaux de boucherie est responsable du réchauffement climatique et de la pollution de l’eau.
Secundo : La souffrance animale : Les conditions d’élevage modernes sont parfois dignes des barbares, les conditions d’abattage sont majoritairement cruelles. (4)
Je respecte les omnivores, carnivores, dont je ne suis pas, et les us de ma famille et de mes amis. Alors, je veille tout particulièrement à ne pas faire consommer des animaux de batterie ou issus d’élevage intensif. Suis-je hypocrite de penser que pour une vache qui a mené sa vie dans un pré, avec ses congénères, à regarder passer les trains et à brouter de l’ herbe grasse et verte, a rencontré un magnifique taureau, finir dans une assiette et ravir le palais d’un humain qui lui en sait gré de son sacrifice, est un sort acceptable, si sa mort n’est pas prématurée et sans souffrance ?
Avons-nous un devoir moral vis-à-vis des plantes et des animaux que nous mangeons ?
Ce sont des êtres vivants et à ce titre, doivent être protégés. Commençons déja par diminuer notre consommation de viande ? Un pas après l’autre. Suivez les exemples de Sir Paul, Gwyneth Paltrow, Natalie Portman, Brad Pitt – pas Angelina -, Anne Hathaway, Léonardo di Caprio, Vanessa Paradis.. Si cela peut motiver certaines et certains.
SOURCES : Plant-Thinking: A Philosophy of Vegetal Life, Michael Marder, 2013, Paperback.- The Philosopher’s Plant: An Intellectual Herbarium, Michael Marder, 2014, Paperback. (1) source pour avoir tous les détails sur ces capacités (2) Pour avoir toute l’histoire (3) Falik O, Hoffmann I, Novoplansky A. Say it with flowers: flowering acceleration by root (4) Elevages et abattoirs