Cette époque est extrêmement troublée : violence gratuite, terrorisme aveugle, prises d’otages, assassinats, horreur, fanatisme, fusillades, charges d’assaut. La peur est plus que perceptible dans ce contexte de violence extraordinaire et exceptionnel. Ces moments sont de vrais cauchemars, l’anxiété à son apogée. Le temps semble suspendu. L’émotion est immense. Nous sommes tous sidérés, hébétés.
Nous sommes tous des Charlie. Je ne suis pas une lectrice de ce magazine, comme beaucoup d’autres Charlie. Je suis concernée par ces événements, comme si j’étais atteinte dans ma liberté d’expression, mes valeurs volant en éclat. Je me sens sœur des victimes que je ne connaissais pas vraiment, des familles qui vivent de cruels jours. Perdre un être cher est très éprouvant, mais dans ces conditions horribles c’est tellement injuste et inqualifiable. Proche des secouristes, des médecins, des policiers, pompiers, des autres humains.
Jeudi soir, jour de yoga. Je pratique quotidiennement et le jeudi, j’ai un cours de deux heures. En ces temps difficiles, prendre soin de soi est nécessaire, cela permet de reprendre le contrôle. J’ai ressenti le besoin de me réfugier et de me relier à un groupe de personnes partageant mes valeurs de paix, d’amour, de bienveillance, afin de partager notre serrement de coeur, de tenter de dénouer l’étreinte. J’ai éprouvé un bienfait extraordinaire avec cette séance, bien adaptée par Valérie, à ces moments graves et si tristes partagés par le monde entier, en totale communion dans notre émoi. Nous avons terminé la séance par une méditation ahiṃsā.
Ahimsa ou non-violence est le premier des cinq Yamas ou les principes de vie – un peu similaires à nos 10 commandements Chrétiens- , engageant à vivre de telle façon à ne causer aucun dommage par la pensée, la parole ou l’action, à aucun être vivant, y compris nous-même.
The cover of next week’s issue, by Ana Juan
Ahimsa est un concept éthique prônant la non-violence et le respect de la vie, littéralement « l’action » ou « le fait de ne causer de dommage à personne ». Ses premières mentions dans la philosophie hindoue remontent aux Upanishads, datant de 800 ans avant JC. En écrivant cela, je me demande si dans ce monde désaxé, nous aurons encore le droit de dénombrer les années ainsi…
Les enseignements du yoga et de la méditation ont contribué à faire connaître l’ahimsā. Il a été introduit dans les sociétés occidentales par le Mahatma Gandhi, Albert Schweitzer, grand médecin humanitaire, théologien et philosophe qui utilisa l’ahiṃsā pour ses théories éthiques, dont celle qui l’illustra, le « respect impérieux de la vie », ainsi que Martin Luther King. Le Dalaï-lama a vécu l’ahimsa par ses choix dans sa résistance face aux Chinois. Nelson Mandela est aussi un grand témoin de l’ahimsa. Et Jésus, naturellement.
« L’homme n’est éthique que lorsque la vie en elle-même, aussi bien celle des plantes que celle des animaux lui est sacrée, comme celle des hommes, et lorsqu’il se dévoue pour porter aide à une vie qui est en danger » Albert Schweitzer. Une belle réflexion à mener car je me sens assez mal à l’aise avec l’assaut final entraînant la mort des assassins.
Nous sommes un. Agresser un individu, c’est s’agresser soi-même.
Pratiquer ahimsa nous aide à créer un monde positif, pacifique et harmonieux pour nous-mêmes et les autres. Cela ne signifie pas que nous devions devenir un «paillasson», substituant nos propres besoins à ceux des autres. « L’idée ne nous viendrait pas que la souris est clémente parce qu’elle se laisse dévorer par le chat » disait Gandhi.
Alors, avec notre pratique, hier, j’ai eu quelque peu la sensation de participer à panser le monde, à le rendre plus doux.. Goutte d’eau dans l’océan ? Travail de Titans ? Et si tout le monde s’y mettait ?
nous sommes tous charlie ! super ton blog vraiment !
Merci beaucoup Will. A bientôt pour une nouvelle visite. .