Un sentiment de grande tristesse m’accompagne depuis mardi et s’impose à moi. Mon blog traite de sujets légers, cela ne semble pas avoir sa place mais je dois alléger ma souffrance, même si je pense que face à ce déferlement médiatique inouï, le silence est d’or.
Les 40 minutes et 27 secondes du vol 4U9525
Lorsque mardi, j’ai entendu l’annonce de cet accident, j’ai ressenti une peine incroyable, j’imaginais ces familles qui comme moi, vaquaient à leur occupation et qui se réjouissaient du retour de leur(s) êtres aimés, qui avaient préparé une petite fête.. Quel choc ! Inconcevable. Comme tous, j’ai un côté égocentrique qui fait que je transpose toujours à moi, car aussitôt je songeais à mes trésors qui voyagent beaucoup, qui sautent d’un avion à un autre.. Nous aussi nous voyageons beaucoup mais je n’ai pas très peur de mourir en avion, c’est – j’en suis convaincue-, le moyen de transport le plus sûr si on choisit des compagnies sérieuses. Je crains plus l’accident de voiture. Et si cela m’arrivait de les perdre ? Comme ça, subitement. Vite, j’essaie de chasser ces visions apocalyptiques.
Comment vont faire ces familles ? Et les victimes ? Mon Dieu, quelle situation. Se sont-ils vu se crasher ? Ont-ils compris qu’ils allaient mourir parce qu’un avion qui tombe laisse peu de chance de survie. On nous a dit que la chute avait duré 8 minutes.. 8 minutes.. Que fait-on lorsqu’on est dans ce schéma ? Que ferais-je ? Voit-on sa vie défiler ? Toutes mes pensées, mes prières vont vers eux. Je sais, c’est peu.
Je critique les médias qui en font toujours trop, qui posent des questions stupides, et malvenues, s’interrogent sur les nationalités des passagers mais je fus à l’affut des informations afin de connaître les causes de cet accident, d’en apprendre plus sur les circonstances. Nous avons tous un petit côté voyeur. On nous dit que 144 personnes plus 6 membres d’équipage ont trouvé la mort instantanément, dont seize lycéens qui revenaient de voyage linguistique. Toutes les vies sont importantes, même celle du dernier des derniers mais à 14-16 ans, ils n’avaient pas encore vécu. Pas eu le temps de se réaliser, la fatalité ou autre chose en a décidé autrement.
Les 40 minutes et 27 secondes du vol 4U9525
Puis, la nouvelle est tombée. La boîte noire a parlé. Le comble de l’horreur est atteint à l’écoute des derniers instants du vol 4U9525. L’acte de tuer était volontaire. La conduite du co-pilote « peut s’analyser comme une volonté de détruire l’avion» selon le procureur de la République de Marseille, Brice Robin, lors d’une conférence de presse du jeudi 26 mars. « Les deux pilotes échangent de manière tout à fait normale et même enjouée » poursuit le procureur. On frissonne d’effroi. « On entend ensuite le commandant de bord préparer le briefing de l’atterrissage à Düsseldorf et les réponses du copilote semblent laconiques » Savait-il déjà ce qu’il allait faire ? Avait-il déja décidé que jamais cet avion ne se poserait ?
«C’est alors qu’il est seul que le copilote manipule les boutons …… pour actionner la descente de l’appareil. L’action …. ne peut être que volontaire.» On n’imagine pas, on ne comprend pas. Je suis saisie d’effroi. Toujours selon le procureur, le commandant de bord demande l’accès à la cabine de pilotage plusieurs fois, il a tapé pour se manifester et selon le quotidien « Bild », il aurait même tenté de forcer la porte blindée du cockpit avec la hache. Qu’a dû vivre ce commandant face à son impuissance à empêcher la catastrophe ? Et pendant ce temps, le co-pilote reste calme, comme en témoigne sa respiration entendue sur la bande. Amok-mot d’origine malaise pour désigner un « coup de folie »- titre les journaux allemands « Der Amok-Pilot ».
Les 40 minutes et 27 secondes du vol 4U9525
« Les cris interviennent dans les derniers instants juste avant l’impact » L’ appareil percute à 700 km/h la montagne. Les larmes montent aux yeux en imaginant ce qu’on vécu ses personnes innocentes, mortes à cause d’un fou. Suicide ou assassinat ? Les médias nous rapportent qu’il était en grave dépression pour un chagrin d’amour. Un chagrin d’amour même intense vaut-t-il 150 vies ? On nous dit aussi qu’il souffrait surement d’un déni d’altérité. Explication mais est-ce une excuse ?
J’envoie toute ma compassion à sa famille qui doit être sidérée, qui doit craindre de se retrouver au ban de la société, qui doit se percevoir comme responsable. Que doit-elle vivre ?
« Parler de ses peines, c’est déjà se consoler » a dit Albert Camus.
Mon cœur saigne, bien sûr ce n’est rien en regard de l’horreur dans laquelle vivent ces familles. Je pense aussi aux sauveteurs et médecins qui travaillent sur le site. La moralité de cette catastrophe est qu’il faut aimer et chérir les siens, les serrer dans nos bras parce qu’on ne sait jamais. Nous devons ça aux victimes.
Qu’ils reposent tous en paix.