Pharrell Williams vient d’être condamné pour plagiat. Leur tube de l’été 2013, Blurred Lines, serait une copie de Got To Give it Up, de Marvin Gaye. Une honte en soi ? Sans m’appesantir sur son sort, il est étrange que ce jugement ne s’appuie pas sur une similitude de transcription de notes mais sur l’intention évidente des auteurs d’en dupliquer l’esprit. Tous les artistes qui chantent ou composent « à la manière de » ont des cheveux à se faire.
Giraudoux disait : « Le plagiat est la base de toutes les littératures, excepté de la première, qui d’ailleurs est inconnue ».
Le Larrousse définit le plagiat comme un « Acte de quelqu’un qui, dans le domaine artistique ou littéraire, donne pour sien ce qu’il a pris à l’œuvre d’un autre.»
Aujourd’hui, de nombreux procès sont fait pour « pillage de thèses ». Des avocats en ont même fait leur spécialité.
Plagiaire régulièrement pris le doigt dans le pot de confiture et plusieurs fois condamné, Alain Minc s’était réapproprié dans Spinoza, un roman juif, une anecdote de confiture de roses rouges inventée par Patrick Rödel qu’il avait justement glissée là pour piéger les « pompeurs ». Drolissime ! Je trouve étrange l’idée de l’auteur qui anticipe le plagiat en inventant de faux faits qu’ il sait sans source. Pitoyable et impitoyable pour celui qui est attrapé. Poivre d’Arvor a littéralement « subtilisé » la vie d’Hemingway à un biographe peu connu, sans gêne, ni remords (1).
Régine Deforges fut accusée de plagiat par les héritiers de Madame Margaret Mitchell, auteur du mémorable « Autant en emporte le vent » pour son roman « La Bicyclette bleue » qui transpose l’histoire durant la seconde guerre mondiale (2).
Henri Troyat a été condamnés en 2003 pour « contrefaçon partielle » de Juliette Drouet ou la dépaysée de Gérard Pouchain et Robert Sabourin, pour sa biographie de Juliette Drouet, l’amour de Victor Hugo.(1) J’ai adoré ce livre. J’ai aimé sa source mais je ne l’aurais probablement jamais lu, sans ce scandale.
Je vous recommande cet article de Laurent Lemire Sous les pavés, les plagiaires d’après le travail d’Hélène Maurel-Indart. Il répertorie avec humour, les différentes catégories de plagiaires : Le pompeur tout-terrain, le grand écrivain en mal d’inspiration, le plagiaire par mégarde, le plagiaire via son nègre, le plagiaire de sujet, le plagiaire polyglotte.
Comment s’inspirer sans plagier ?
Ce sujet est récurent sur la blogosphère et se faire plagier semble être le comble de l’horreur. Je suis sans prétention et peut-être que je vis au pays de Candy, mais si cela m’arrivait, je crois que je serais fière. Peut-être parce qu’il n’y a pas d’argent en jeu ? Est-ce que être plagié est la rançon du succès ? Je comprends les auteur(e)s, les écrivains qui sont spoliés de leurs idées, de leurs écrits parce que le plagiaire vole tout : l’histoire, les personnages, les intrigues, des chapitres entiers. Les créateurs qui voient leur création chez un autre – même s’il existe un petit détail qui change, habiles les vauriens !- qui s’en attribue la conception, ont raison de porter l’affaire devant les tribunaux. Je compattis vraiment avec les bloggeuses qui se font subtiliser leurs photographies, leurs recettes de cuisine, fruits de leur travail et je m’insurge contre ce vol.
Restons zen et humble, sans tout confondre.
J’ai entendu des hurlements au plagiat, lu des diatribes assassines parce qu’un article portait sur le même sujet qu’une autre bloggeuse…
Plusieurs personnes ne peuvent-elles pas avoir la même idée à une ou semaine d’intervalles, surtout si le thème est d’actualité ?
Je crois qu’il est nécessaire de différencier « l’influence » et « le copié-collé qui s’attribue la paternité » .
Beaucoup d’ œuvres littéraires, musicales ou cinématographiques s’inspirent d’autres succès. Paulo Coelho s’est inspiré du Candide de Voltaire pour nourrir son L’Alchimiste. Georges Lucas a fait son marché dans les œuvres d’Akira Kurosawa pour créer l’univers de Star Wars. Même le grand La Fontaine a pris ses sources auprès des fables d’Esope. Einstein disait : « Le secret de la créativité, c’est de savoir comment cacher ses sources. » cestui-là accusé de s’être inspiré des idées d’Henri Poincaré pour sa théorie de la relativité.
Lorsque je fais des recherches pour affiner et affûter un sujet, lorsqu’une idée de chronique jaillit à la lecture d’un article, est-ce plagier ?
Nous subissons tous les influences de notre milieu, de nos lectures, de nos rencontres, plus ou moins à notre insu. Un article est parfois le fruit de la « digestion » de nos sources, le résultat est une mixture de toutes ces influences. La vraie création est le produit fini de ceux qui digèrent plutôt que de ceux qui recomposent plus ou moins habilement ?
Même en reformulant un texte avec ses propres mots, il me semble nécessaire de citer sa source. Cela demande une certaine discipline, mais également permet au lecteur de se référer au texte original et d’en faire sa propre lecture.
Lorsqu’une photographie ou un dessin me plaisent, je veille à demander à son auteur l’autorisation de l’utiliser. Parfois, le créateur refuse, mais le plus souvent, il est étonné de ma demande car beaucoup de personnes ne le font pas. Mais cependant, je ne suis pas à l’abri d’un manque d’attention.
Crier au plagiat est une accusation grave. Je remarque lors de ma flânerie sur la blogosphère que certains design sont très très proches, que les tutoriels de maquillages sont de la même veine. Sont-ce des plagiats ?
Je vous recommande aussi l’article de Julie Plagiat et Inspiration | Quand la frontière est floue… pour nourrir la réflexion.
(1)Archives du Post (2) Le Plagiat par Hélène MAUREL-INDART
Source de l’ilustration : Etika & Plagiat (Stefanus L) Pour tout savoir sur ce sujet : le plagiat – Les dangers du plagiat – Définition du plagiat : très riche article
Merci de m’avoir fait prendre connaissance de ton article via mon Blog.
Il est très intéressant à lire et devrait même être relayé (chose que je vais m’empresser de faire sur Twitter !). Je pense que certaines blogueuses relativiseraient leurs propos pour une réflexion plus en profondeur…
Bonjour Julie, il est toujours sage de relativiser.Merci pour le partage.