Point de week-end à Paris sans visite au Musée Guimet, c’est ainsi ! Deux raisons en ce moment : L’exposition Kimono et Alexandra David-Néel. En effet, le kimono n’est pas qu’un simple morceau de soie peint ou brodé : c’est un art et une fierté japonaise. Il nous apprend beaucoup sur les traditions et de ce fait, il a un intérêt anthropologique.
L’art exquis du kimono d’Edo à nos jours
Les sources sont en désaccord pour savoir exactement à quel moment le kimono apparaît au Japon : Selon certaines, il est rapporté que les Japonais de l’Antiquité se drapaient dans des rectangles de tissu qu’ils nouaient simplement sur le devant ou dans des robes qui ressemblaient à de longs ponchos (sortes de longues chasubles fermées par une ceinture appelée kantô-i) et selon des autres, ce serait à l’époque de Nara ( 646-794) où la culture chinoise était très en vogue que la noblesse adopta de longues robes de cour d’inspiration chinoise qui furent à l’origine du kimono. Cependant, ce vêtement se révèlant peu adapté au climat et peu pratique, ce sera au X ème siècle qu’il aura sa forme quasi définitive. Ce dont nous sommes sûr, c’est que les gens du peuple, jusqu’alors vêtus d’une tunique et d’un pantalon, ne l’adoptèrent qu’au XII éme siècle que.
Le prédécesseur du kimono s’appelle « kosode » – « petites manches » – est un terme usité au XII ème siècle. Le terme « Kimono » qui veut dire littéralement « pièce d’habillement » se généralise au XIX éme, est un nom générique du costume traditionnel japonais en forme de T, sans lien avec les courbes du corps, qui ne tint pas compte des particularités anatomiques : la différence entre le kimono des femmes et des hommes se fait par les usages, couleurs et ornements.
La confection du kimono reste inchangée mais cependant très réglementée : Dans un rouleau de tissu de 35 centimètres de large, sept bandes sont découpées puis assemblées les unes aux autres. La particularité est qu’ aucune bande ne sont recoupées ! Ainsi les manches sont réalisées avec des bandes repliées et séparées du corps par une fente – furi. Vous voyez que cela semble facile !
Le port du kimono oblige à des gestes mesurés, marcher à petits pas, et même avec les bras, il faut être lent. Point de gesticulation permise, ce qui est plutôt bien, car agiter ses bras comme des sémaphores n’est pas bien élevé !
L’élégance pour les femmes de la classe des guerriers de haut rang se réduisait à un simple kosode blanc en soie porté avec un hakama – pantalon large plissé – rouge. Dans les circonstances officielles, elles portaient également un uchikake brocardé, sorte de long et lourd manteau qu’elles passaient par-dessus leur kosode. Le obi n’était alors qu’une simple ceinture étroite ou une cordelette. Ne nous trompons pas : Le Furisode est un kimono à longues manches tandis que le kosode est un vêtement aux courtes manches, et katabira est en lin et sans doublure pour l’été.
Le musée Guimet présente 150 kimonos datant de la fin du XVe siècle au milieu du XIXe
C’est la toute première fois que ces vêtements d’apparat très anciens de la maison Matsuzakaya, fondée au Japon en 1611 devenue un grand magasin au début du 20e siècle, quittent le Japon. Nous sommes très honorés par cette faveur. Ces kimonos très richement décorés et en tissus très précieux sont sensibles à la lumière : donc ils seront changés en cours d’exposition en avril. Une occasion d’une seconde visite !
Les costumes de mariage sont des uchikake de trois couleurs luxueusement ornés de motifs végétaux – pin, bambou, fleurs de prunier – ou animaliers – grue, tortue, papillon. La jeune mariée les revêt l’un après l’autre, au fur et à mesure de la fête.
A l’origine, les manches devaient être plus longues que sur le modèle présenté, car les manches longues indiquent que la jeune femme qui porte le vêtement est célibataire. Si les femmes mariées continent à porter leurs costumes de mariée, durant leur vie d’épouse, elles doivent en raccourcir les manches.
Aux côtés des vêtements, nous découvrons aussi les catalogues d’échantillons de motifs (XVIIIe siècle), les accessoires – obi, peignes, épingles -complétant cette tenue, des meubles et ustensiles de laque.
Les grands couturiers se sont essayés à l’art du kimono
J’ai beaucoup aimé admirer ces kimonos qui se regardent comme des tableaux. Mais j’ai adoré la partie la dernière salle avec les kimonos des couturiers, très certainement parce que je ne l’attendais pas : Paul Poiret, Madeleine Vionnet à Kenzo Takada, Yves Saint Laurent, Jean-Paul Gauthier, John Galliano, Dior…. Le kimono inspire les couturiers occidentaux et japonais. Ce qui est amusant c’est que le kimono est « la pièce tendance » à avoir dans son dressing cet été 2017.
Je ne vais bien sûr pas vous dévoiler toutes les merveilles qui vous raviront les yeux. Je repars avec un beau livre-catalogue de l’exposition. Excellente visite à vous !
Kimono, au bonheur des dames – Guimet Musée national des arts asiatiques – 6, place d’Iéna – 75116 Paris www.guimet.fr Du 22 février au 22 mai 2017 – Nocturnes exceptionnelles les 10 mars et 6 mai, de 18h00 à 23h00
Photographies : PLK