Une parmi tant d’autres de mes préférences : la symphonie en ut majeur de Bizet. Elle me fait toujours un bel effet. Bizet est à juste titre le plus célèbre musicien français. Il eut une vie difficile et une mort prématurée. Dans la nuit du 2 au 3 juin, trois mois jour pour jour après la création de Carmen, il meurt de complications d’une angine. Il n’avait pas encore trente-sept ans.
Si je vous dis Bizet, sans coup férir, vous me dites « Carmen » ! Vous avez raison, c’est une oeuvre maîtresse de Bizet qui pourtant fut si mal accueillie par une certaine bourgeoisie conformiste de l’époque, furieuse du manque de bienséance de la sulfureuse Carmen. Tchaïkovski, visionnaire, avait annoncé que « d’ici dix ans, Carmen serait l’opéra le plus célèbre de toute la planète », Brahms assista une vingtaine de fois aux représentations et Saint-Saëns écrit à Bizet pour le féliciter.
Il s’en fut d’un rien pour que cette symphonie en ut majeur ne vienne jamais jusqu’à nous
Bizet composa cette symphonie à 17 ans. Bizet s’opposa à la publication de cette oeuvre de jeunesse car il avait introduit une partie de celle-ci dans Don Procopio, un opéra-bouffe qu’il créa en 1858. Composée en 1855, elle est redécouverte par le musicologue Jean Chantavoine – 1877-1952- alors secrétaire général du Conservatoire de Paris -, en 1933 dans la librairie du Conservatoire, dans un recueil de manuscrits de Bizet ayant appartenu au chef d’orchestre Reynaldo Hahn. Elle fut jouée en 1935 à Bâle sous la direction de Felix Weingartner et ne cessa plus de figurer dans les programmes symphoniques.
Certains diront qu’elle n’est qu’un brillant devoir d ‘élèves tant on y entend ses grands maîtres Mozart, Rossini, Mendelssohn.. Elle évoque aussi la première symphonie en ré majeur de Gounod.
Cet enregistrement de Beecham a été considéré comme l’un de ses meilleurs à l’époque. Sir Thomas Beecham est chef d’orchestre britannique assez fantasque, autodidacte fondateur du London Philharmonic Orchestra (1932) puis le Royal Philharmonic Orchestra (1947) est né le 29 avril 1879 à Saint Helens, Royaume-Uni et mort le 8 mars 1961. Il fut un excellent mozartien. Il était très spirituel et avait un humour assez féroce. Un exemple ? Il n’aimait pas du tout le clavecin : il prétendait que le son évoquait « deux squelettes qui copulent sur un toit de tôle ondulée « (1). L’adagio – à la 8éme minutes pour les pressés- très connu, est magnifique, un mélange de vivacité et de sérénité. J’adore ! Vous êtes sceptique ? Rendez-vous à la 14 éme minutes… et vous serez conquis(e) Aimez-vous cette symphonie en ut majeur de Bizet ?
Sauvons la maison de Bizet à Bourgival
Vous avez comme je raffole des synchronicités. Hier soir, j’ai entendu un appel aux dons sur RadioClassique. La ville de Bougival, l’association des amis de Georges Bizet, présidée par la mezzo-soprano Teresa Berganza, l’association Europa Nostra présidé par le baryton Jorge Chaminé et le Centre européen de musique (CEM) présidée par Placido Domingo à Bougival ont décidé de lancer une campagne de financement participatif pour récolter 3 millions d’euros.
Cette somme servira à racheter la maison où le célèbre compositeur a notamment écrit Carmen en 1874, la restaurer pour lui permettre d’accueillir davantage de visiteurs, créer un espace muséologique dédié à Bizet et une résidence d’artistes pour écrivains et musiciens. La souscription fut officiellement lancée ce 21 juin, jour de fête de la Musique. L’opération sera close le 25 octobre 2017. (2) A votre bon cœur.
Pour en savoir + sur Bizet : Georges Bizet: l’homme et son oeuvre : liste complète des œuvres, discographie Par Frédéric Robert (1) Le Bouquin des méchancetés: Et autres traits d’esprit Par François Xavier TESTU