L’un de ses plus grands fans, le romancier Gabriel García Márquez, a dit : « Personne n’échappe au sortilège de Tomás Sánchez: plus nous connaissons son travail, plus … nous sommes certains que si le monde mérite d’être refait, c’est parce que autant qu’il peut, cela ressemble à sa peinture ». J’ai découvert Tomás Sánchez grâce à un ami. Une belle découverte, puisque ce peintre, graveur et photographe est l’un des artistes cubains vivants des plus célèbres. Ses œuvres très minutieuses coupent le souffle. Ses scènes luxuriantes complètement intemporelles de la nature sont profondément spirituelles, inspirantes, méditatives. N’est-il pas ?
Qui est Tomás Sánchez ?
Il naît en 1948 à Aguada de Pasajeros à Cuba. C’est de sa maman qu’il hérite sa sensibilité pour la peinture. Il étudie la peinture à la Havane dès ses seize ans, mais poursuit à École nationale d’Art où il obtient son diplôme en 1991. la même année, il reçoit le premier prix du dessin pour jeunes artistes à l’Exposition nationale des arts.
En 1980, il obtient le prix Miro pour son travail desde las aguas blancas qui lance alors sa carrière internationale.
Il fut renvoyé de l’école nationale d’art dans les années 1970. Ses peintures furent brûlées ou données à des étudiants afin qu’ils peignent dessus… parce qu’il s’intéressait au yoga et à la philosophie indiennes complètement aux antipodes du communisme. Le régime Castro l’a accusé de misanthropie et de manque de patriotisme parce que ses personnages sont de très petite taille. Il est avec onze autres artistes à l’origine du mouvement « Volumen Uno » qui a commencé par une exposition en 1981. Ils voulaient aller au-delà des motifs politiques.
Il souhaitait créer une fondation écologique afin de rediriger l’argent qu’il gagnait. Le gouvernement a refusé.
Il a quitté définitivement Cuba en 1990 pour s’installer à Miami. Aujourd’hui, il vit au Costa Rica. Il expose dans plus de trente pays, dont le Mexique, les États-Unis, le Japon, l’Italie et la France.
« J’ai toujours eu deux intérêts fondamentaux dans la vie; L’art et la méditation, tous deux intimement liés. Les espaces intérieurs que je ressens en méditation sont convertis en paysages de mes peintures;»
Tomás Sánchez se décrit comme « un peintre de métaphores»
Il croit que « L’homme et la nature sont vraiment un » Ses paysages sont tellement beaux qu’on dirait des paradis perdus. Pourtant, il précise que ce sont des juxtapositions de paysages idéalisés du Mexique, Cuba, Costa Rica, ces paysages n’existe pas vraiment.
Des éléments récurrents dans son travail : cascades majestueuses, des forêts touffues, de minuscules êtres tels des ombres, souvent méditant en position de lotus cachés dans la forêt ou presque intégré dans l’immensité et la solitude de la nature. On ressent comme une évidence l’idée de l’insignifiance de la figure humaine par rapport à la nature. Nous avons beaucoup de points communs : il pratique le yoga et la méditation, il est attaché à défendre notre belle planète bleue.
Des nuages, des îles..
Les paysages de Sánchez sont toujours vierges et le plus souvent dépourvus de présence humaine, donnant à son travail une impression de monde surréaliste et symbolique.
Tomás Sánchez a une autre obsession : les décharges et la pollution de la nature. Il pense comme beaucoup et à juste titre que nous devons lutter contre la pollution et la destruction de la nature. Il compare les dépotoirs qu’il peint à des états d’esprit. Sa série Les poubelles met en évidence notre consumérisme affolant et de notre besoin de superflu pour combler nos vies.
Les toiles de Tomas Sanchez sont très courues, elles valent très chères pour la plupart, dans les USD150,000. L’homme est aussi un humaniste admirable : Les recettes provenant de ventes de certaines œuvres sont utilisées comme une contribution caritative à The PRASAD Project Organisation à but non lucratif attachée à l’amélioration de la qualité de vie des personnes économiquement défavorisées dans le monde entier.
Il a aussi peint des scènes bibliques inspirées de la vie urbaine et a eu une période naïf que j’aime moins. Ses premières œuvres, comme « Crucifixion », « Le cirque » ou « sustentation » ont été comparées aux carnavals de l’absurdité de Brueghel ou Bosch.
Il y a un souffle unique dans ses coups de pinceau qui rappelle toujours Cuba… J’aime me mirer dans ces forêts fantastiques et fantasmagoriques.
Source : interview accordée en 2017 à Christies – Galerie Marlorough – Excelencias Magazines : Tomas sanchez. Going beyond time