Vous avez du mal à tirer un trait sur vos vacances, le soleil et les longues soirées ? Et surtout sur ce magnifique « été de la Saint-Denis ». (1) Dans la nuit de samedi 27 à dimanche 28 octobre, la France passe à l’heure d’hiver. Mon propos n’est pas de polémiquer sur le bien-fondé de cette mesure. En tout cas, qu’il fasse nuit à 17 heures, me plonge vraiment en automne.
Aimer l’automne même si..
D’autres signes envoyés par Dame Nature, m’ont déjà mis la puce à l’oreille : la saison froide arrive : Big et Little « mes» deux rouges-gorges sont revenus dans notre jardin. Ces magnifiques passereaux au plastron flamboyant, m’ont signalé leur retour, pas du tout intimidés – il est vrai que nous nous connaissons depuis plusieurs hivers -, ont grattouillé la terre à la recherche d’un vermisseau tout frais, juste devant moi, avant de voleter pour se percher sur les framboisiers que je venais de rabattre. L’automne est la seule période où je les entends chanter, un doux gazouillis et quelques trilles. Je me souviens qu’en hiver, je les admire picorer les graines tombées au sol – le rouge-gorge ne peut s’accrocher et picorer – par la fenêtre de la cuisine. Et je me dis que ce spectacle d’hiver me ravira et éclairera ma journée.
Les araignées aussi sentent que l’automne est là, elles cherchent également refuge dans les maisons.
« Araignée du matin, chagrin, araignée du soir, espoir », prétend le dicton. Heureusement, elles n’ont rien à voir avec nos petites misères, ni nos grands bonheurs. Saviez-vous qu’une maison hygiénique abrite en moyenne 1500 araignées ? Elles ne me font pas peur. Lorsque j’en rencontre une dans la maison, je la mets sur une feuille ou un journal et je la renvoie … au jardin ! Chacun chez soi ! Même si je sais que c’est cause perdue quasiment d’avance.
Au jardin, les belles épeires à diadème avec leurs jolies couleurs orangé, brun et blanc, tissent de gigantesques toiles d’une joliesse incroyable. Je joue parfois avec elles : je touche délicatement leur oeuvre et hop, comme par magie, elle apparaît, étonnée et ravie de pouvoir dîner. Je l’imagine fort dépitée par mon jeu taquin. Lorsque les températures chutent, elles tissent leur soie plus proche des maisons et tentent d’obstruer les fenêtres pour surprendre les dernières proies. Là aussi, ma tête-de-loup entre en action. Dans le jardin, oui, dans la maison, non !
Les arbres sont encore verts avec ce temps anormalement doux
Seuls le bouleau et le tulipier commencent à se parer de jaune. Le Ginkgo Biloba, les érables du Japon aussi. Le liquidambar avec son feuillage automnal pourpre et cuivre, sera sacré roi de notre jardin dans quelques temps...
A ce jour, ils sont tous bien riches en chlorophylle. Ils n’ont pas encore remarqué que l’automne venait d’arriver. Mais lorsque les températures chuteront et que l’ensoleillement baissera, d’autres pigments seront en hausse. Lentement, la sève ne va plus irriguer leurs feuilles, elles vont alors virer dans de multiples, flamboyantes et éclatantes couleurs. Et finir par se faire ramasser à la pelle…
Quant aux fleurs, c’est encore l’apothéose : les dahlias sont magnifiques, les pélargoniums font encore des fleurs, la Suzanne-aux-yeux-noirs est superbe, les fushias, les mufliers, les impatiences, le chèvrefeuille et même les roses.. Toutes se croient encore à la fin de l’été !
Pourtant, cette semaine, je vais tailler les pivoines, rentrer les pélargoniums et autres plantes gélives afin qu’elles se reposent. J’ai déjà hâte de les ressortir.
Aimer l’automne qui inspire joliment les poètes
Je m’émerveille tristement.
L’aube est moins claire, l’air moins chaud, le ciel moins pur ;
Le soir brumeux ternit les astres de l’azur.
Les longs jours sont passés ; les mois charmants finissent.
Hélas ! voici déjà les arbres qui jaunissent !
Comme le temps s’en va d’un pas précipité !
Il semble que nos yeux, qu’éblouissait l’été,
Ont à peine eu le temps de voir les feuilles vertes.
Pour qui vit comme moi les fenêtres ouvertes,
L’automne est triste avec sa bise et son brouillard,
Et l’été qui s’enfuit est un ami qui part.
Adieu, dit cette voix qui dans notre âme pleure,
Adieu, ciel bleu ! beau ciel qu’un souffle tiède effleure !
Voluptés du grand air, bruit d’ailes dans les bois,
Promenades, ravins pleins de lointaines voix,
Fleurs, bonheur innocent des âmes apaisées,
Adieu, rayonnements ! aubes ! chansons ! rosées !
Puis tout bas on ajoute : ô jours bénis et doux !
Victor Hugo
Il me reste à renforcer mes ancrages afin de vivre gaiement jusqu’au printemps.
20 raisons d’aimer l’ automne
Les jolies couleurs dont se parent les arbres : Des oranges, des rouges, des jaunes, des dorés, des bruns.. Enfoncer mon bonnet jusqu’aux oreilles et me balader dans les forêts technicolor, marcher dans un tapis de feuilles en traînant les pieds, écouter le bruissement des feuilles mortes, regarder les traces laissées derrière soi… Parfois, telle une gamine, sauter dans les flaques.. De purs plaisirs !
L’automne est synonyme de Hygge. J’aime aussi les vêtements d’automne. A moi les matières douillettes, confortables, pleines de douceur : angora, soie, cachemire, laine.. Le froid est synonyme de cocooning et c’est fort agréable. Il faut dire que l’on est si bien chez soi lorsque l’on entend la pluie tomber devant un bon feu de bois.
Durant ces saisons, point de culpabilité de ne rien faire, à rester au chaud, à écouter de la musique, lire un bon livre ou un magazine devant la cheminée, regarder un film ou un opéra emmitouflée dans un plaid avec son chéri, boire un thé ou un chocolat chaud, partager un egg nogg, lire des poèmes, jouer aux dames ou aux échecs, voire au poker, voyager sans sortir de chez soi avec National Géographic, prendre un bain à la japonaise – je sais, ce n’est pas très écolo – , allumer des bougies partout – cela compense-t-il ma fausse note écologique ? -, se mettre aux fourneaux pour concocter de bonnes soupes, des douceurs, des plats d’hiver qui mijotent pendant des heures.. Pour tout cela, j’aime – aussi- l’automne !
Photographies : PLK – Illustrations Kanako pour MylittleParis
(1) L’été indien n’existe pas en Europe car comme le chantait Joe Dassin en 1975, il n’existe « que dans le Nord de l’Amérique, là-bas, on l’appelle l’été indien ».