Depuis 1987, le premier dimanche de mars nous honorons nos aïeules. Une opération commerciale lancée en 1987 par Kraft Jacobs Suchard propriétaire du café Grand-Mère. Certes ceci est une opération de marketing mais comme pour la Saint- Valentin, ce petit rappel à dire que nous aimons, n’est jamais de trop.
L’art d’être grand-mère ou être là pour le plaisir et la transmissions. Le lien grand parent / petit enfant est souvent très fort et moins placé dans les relations d’autorité. Une nouvelle figure de la grand-parentalité se dessine aujourd’hui car l’image des grands-parents a beaucoup évolué.
Evolution de l’image de la grand-mère dans le temps
Jean-Pierre Bois dans son ouvrage « L’art d’être grand-mère au XVI-XVIIème siècle » nous apprend que le mot grand-mère est arrivé tardivement dans la langue française. Auparavant on parlait de l’aïeule. A partir du XIXéme siècle que l’image des grands-parents a évolué. Fini l’image d’Epinal de la grand-mère retirée de la vie sociale et mondaine, autoritaire et sèche du XIX ème ou celle du siècle dernier, assise sur son fauteuil à bascule en rotin, son chat sur les genoux, tricotant, lisant des histoires ou faisant des gâteaux. Mémée devient Mamy. Dans la seconde partie du XXéme, apparait le «grand-parent gâteau »
Mamie, mammy, grand-mère, granny, maminou, mamoune… Autant de noms de grand-mères que de style ! Aujourd’hui, elle est encore en activité, est sportive, s’occupe d’elle avec entrain, porte des leggings, se colore les cheveux, échange sur WhatsApp…. Fini les mamys-gâteaux ? Of course ! Sans faire de jeunisme, la grand-mère d’aujourd’hui est dans le vent.. et fait aussi des gâteaux !
Les différents type de grands-mères
Quelle grand-mère êtes-vous ?
Le sociologue Éric Donfu a risqué une typologie avec humour, des différents types.
- La grand-mères trop proche
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- La matriarche qui oublie assez fréquemment que le petit-enfant a également une mère, elle sait mieux que tout le monde, elle dirige l’éducation et tout et tout ! La plus redoutée des belles-filles…
- La mère adjointe, dans le même style qui assure les fonctions éducatives à celles des parents en cas de maman débordée, divorce ou d’indisponibilité, jean-foutisme des parents. A savoir que cette grand-mère peut à tout moment être congédiée.. dans la douleur évidemment.
- Grand-mère envahissante qui veut bien faire, mais souvent trop. Ah si on pouvait lui confier les enfants à plein temps !
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- La grand-mères très proche
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- La grand-mère pompier : elle « mammysitting » un maximum, est disponible pour les petits-enfants, elle arrive ventre à terre en cas de problème. Elle repasse, coud, range, tricote, désireuse de bien faire et de rendre service.
- la grand-mère providence, variante de la précédente qui le plus souvent est sans activité, elle est toujours disponible, qui a trouvé et/ou navigue à la bonne distance en appliquant le bon principe doltoïen : « être là quand on a besoin d’elle, ne pas être là quand on n’en a pas besoin »
- Grand-mère cheftaine qui organise pique-nique, soirée pyjama, sorties au musée, ateliers divers, tournois de foot ou tennis, jeux de pistes, initie à l’accrobranche… Elle n’hésite cependant pas à dire non lorsqu’elle a quelque chose de prévu et aime avoir ses dates de garde à l’avance.
- La Grand-mère “Fée Senior”, genre Mary Poppins, elle enchante
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- La grand-mères assez proche
- La grand-mère émérite avec son rôle de confidente pleine d’indulgence
- la grand-mère intermittente, pas aussi proche qu’elle ne le voudrait, mais qui maintient des relations fortes grâce à internet et téléphone, moments passés avec eux.
- La grand-mère indigne : les enfants ne sont que des gêneurs, elle a mieux à faire, pense que ceux qui font les enfants, les élève, elle a assez fait avec les siens….. Heureusement elles sont rares mais tout de même : 3 %
L’art d’être grand-mère
Je n’avais jamais anticipé ce moment. Et pourtant ! Quel choc, quelle émotion ! Moi qui ait eu tellement de plaisir à être mère, voila notre fille qui le devient pour la seconde fois ! Me voici projetée dans une autre génération.. J’aime bien ce mot de Diderot dans « les salons » : « bien grand’mérisée ». Il écrit même dans une correspondance «Il y a quinze jours que ma fille m’a grand-périsé d’un petit-fils». C’est très joli, non ? Ah, bien sûr, il ne faut pas perdre ce mot de manière péjorative genre « vieillir ». Non, mais comme l’écrit si bien Danièle Flaumenbaum, devenir une passeuse d’histoire (1). Vient le choix d’une nouvelle identité : mamie, mamita, babouchka… Difficile car cela va définir votre nouvelle condition. J’ai choisi Bonne-Maman.
N’oubliez pas que la responsabilité d’élever et d’éduquer les enfants incombe aux parents et non à la grand-mère. Le plus délicat est de trouver sa place et de respecter la bonne distance, sans être ni indifférente ni envahissante. Le rôle des grands-parents est de soutenir l’enfant – et leurs parents parfois -, leur transmettre leur histoire ( comment étaient leurs parents à leur âge, les anecdotes familiales, la vie avant eux..), leur vision du monde, leur éthique et leurs valeurs. Les grands-parents ne critiquent pas : ils constatent, ils analysent, proposent des solutions aux problèmes qu’on leur pose, sans ingérence.
J’adhère à E.G.P.E Ecole des Grands Parents Européens. J’avais écouté Armelle Le Bigot-Macaux, la présidente lors du passage à Nancy du train de la petite enfance, en novembre 2017 alors que je ne faisais pas partie de ce club très fermé des grands-mères. Un colloque très intéressant. Le message de la président de EGPE m’a séduite. Leurs actions et messages sont en phase avec moi.
Comme beaucoup de grand-mère, je n’interviens pas dans la façon dont mes enfants élèvent leurs propres enfants… J’applique les consignes données, les façons de faire des parents. « Elles ont surtout compris que, sinon, on ne leur confiera plus les petits », sourit Marie-Françoise Fuchs, médecin psychothérapeute, fondatrice de l’École des grands-parents européens en 1994.
Un peu humour pour remettre l’église au milieu du village, avec une anecdote : Réponse de Brad Pitt à une interview où le journaliste lui demandait comment il faisait pour rester humble. Il a déclaré « C’est facile. Quand j’ai appelé mes grands-parents l’autre jour, mon grand-père m’a dit : “J’ai vu ton film”. Je lui demande lequel, et là je l’entends dire à ma grand-mère “ Betty, c’est quoi le nom du film qu’on a vu la dernière fois et qu’on n’a pas aimé ?”. Si ce genre d’expérience ne vous remet pas les pieds sur terre, alors rien ne le fera».
Bonne fête à toutes les grands-mères
Je dois bien avouer qu’entendre les grands-mères vanter les qualités de leurs petits-enfants à longueur de temps ( qu’ils étaient doués, plein d’humour, beaux, charmants, intelligents..), je me disais qu’il y avait un loup… Maintenant je comprends combien ces exagérations, ces emphases ne sont point exagérés. Point de mot pour exprimer l’état d’émerveillement, d’extase, de bonheur, voire de fascination dans lesquels nous plongent nos petits-enfants !
Oui, les petits-enfants ont besoin de leur grand-mère – et inversement, dirai-je – et de leur grand-père mais ce n’est pas leur fête aujourd’hui.
Bonne fête à toutes les grands-mères parce que sans elle, la vie ne serait pas la même.
Sources : L’art d’être grands-mères, XVII-XIX é siècle de Jean-Pierre BOIS ! Mamie boom Editions Jacob Duvernet –
(1) Les passeuses d’histoires, de Danièle Flaumenbaum édition Payot, un excellent livre que je vous recommande vivement