Je me figure de bien connaitre Vincent Van Gogh et pourtant, il ne se passe pas une semaine sans que je découvre une de ses oeuvres que je ne connaissais pas. Grâce à Yoyo Maeght, je tombe en pâmoison devant cette nature morte au chapeau de paille.
Van Gogh et les natures mortes
Vincent van Gogh a peint énormément de natures mortes. Les plus célèbres sont sans conteste la série des sept tableaux « Les tournesols « qu’il peignit à Arles entre août 1888 et janvier 1889. Je vous ai déja parlé de la nature morte au livre et lauriers. La plupart des natures mortes sont datées de 1881 à 1885, lorsqu’il vivait à Nuenen dans la maison familiale
Van Gogh et les couleurs
Il peignait sur des toiles déjà apprêtées qu’il grattait ou il repeignait par dessus. Les couleurs de ses oeuvres que nous admirons aujourd’hui ne sont pas toutes les mêmes que celles que Van Gogh a utilisées à l’origine. Il. employait certains pigments instables, entraînant une modification des couleurs sous l’effet de la lumière. Par exemple, la laque géranium (1) qui perd sa teinte rouge avec le temps. Les couleurs originelles sont souvent perdues, entraînant des difficultés de restauration. Pour certains tableaux les restaurateurs ont décidé de ne pas les « recoloriser », ils se limitent à stopper les dégradations (2). Ils proposent parfois un éclairage avec des filtres colorés pour restituer les teintes d’origine.
« […] dans les couleurs, il y a un tripotage, comme dans les vins, comment pouvoir juger juste lorsque comme moi on ignore la chimie » ? Lettre à Théo, quelques mois avant sa mort
Nature morte au chapeau de paille
La nature morte au chapeau de paille est datée 1881 ou 1885. Elle se trouve au Kröller-Müller Museum à Otterlo.
Qu’y voit-on ? La chapeau de paille bien sûr, une théière, un pot à sucre ou à confiture magnifiquement rouge, une bouteille opaque, un linge blanc froissé, une boîte d’allumette et un pain de thé ou de tabac sec, sur une table en bois bien rustique. Le fond est très sombre, les couleurs sont comme délavées. Vincent van Gogh dilue alors énormément la peinture ce qui donne cette impression de flou. Je m’extasie sur le chapeau et le chiffon blanc avec ses plis si bien rendus que l’on dirait qu’il est en soie. Ce tableau m’émeut beaucoup. J’imagine même que le thé est encore chaud dans la théière ; J’ai l’impression que le porteur du chapeau a emporté sa tasse, et qu’il a laissé tout en plan, comme s’il s’était trouvé un intérêt, ailleurs.
(1) La laque géranium n’a rien à voir avec la fleur. Elle fut nommée ainsi de part sa teinte. C’est en fait, une précipitation d’éosine sur de l’alun. (2) Par exemple, la chambre peinte en 1888