Diantre ! Quel voyage incroyable dans le temps (la crise du canal de Suez, seconde guerre mondiale, missiles cubains, rideau de fer, chute du mur de Berlin, Tchernobyl, l’ère Thatcher, Brexit, à la pandémie Covid) et quelle(s) leçon(s). Je suis restée ébaudie.
La petite histoire dans la grande histoire. Ian McEwan la lie depuis les années 50 à la vie de Roland. Ou l’inverse ? Roland est-il un double de McEwan ?
Tout commence en 1958, par une leçon de piano du narrateur Roland Baines, lorsqu’il avait 11 ans.
Puis saut dans le temps, nous sommes en 1985, il a alors 37 ans : son épouse a disparu en lui laissant une carte postale : « 𝒩’𝑒𝓈𝓈𝒶𝒾𝑒 𝓅𝒶𝓈 𝒹𝑒 𝓂𝑒 𝓇𝑒𝓉𝓇𝑜𝓊𝓋𝑒𝓇. 𝒥𝑒 𝓋𝒶𝒾𝓈 𝒷𝒾𝑒𝓃. 𝒞𝑒 𝓃’𝑒𝓈𝓉 𝓅𝒶𝓈 𝒹𝑒 𝓉𝒶 𝒻𝒶𝓊𝓉𝑒. 𝒥𝑒 𝓉’𝒶𝒾𝓂𝑒 𝓂𝒶𝒾𝓈 𝒿𝑒 𝓅𝒶𝓇𝓈 𝓅𝑜𝓊𝓇 𝒹𝑒 𝒷𝑜𝓃. 𝒥𝑒 𝓂𝑒 𝓈𝓊𝒾𝓈 𝓉𝓇𝑜𝓂𝓅é𝑒 𝒹𝑒 𝓋𝒾𝑒. 𝒮’𝒾𝓁 𝓉𝑒 𝓅𝓁𝒶𝒾𝓉, 𝑒𝓈𝓈𝒶𝒾𝑒 𝒹𝑒 𝓂𝑒 𝓅𝒶𝓇𝒹𝑜𝓃𝓃𝑒𝓇. »
Le récit qui n’est pas linéaire, est une passionnante et vivante reconstitution du 20ème siècle : Roland revoit son existence entière, la liant aux évènements historiques, en se questionnant sur ses choix.
Beaucoup de passages très émouvants : Les pages consacrées à la chute du Mur de Berlin sont parmi les plus réussies du livre. J’ai particulièrement apprécié les 8 jours au camp de Gurji, la conversation finale avec Miss Cornell, la maladie de Daphné, la dispersion ratée de ses cendres…
Le côté passif de Roland, un touche-à-tout, un anti-héros m’a parfois un peu agacée. Mais c’est cela sans doute qui nous le rend si proche. Je trouve qu’il a eu beaucoup de chance de rencontrer certaines personnes qui l’ont aidé à construire sa vie.
Beaucoup de leçons, beaucoup de pistes de réflexions sans jamais aucun jugement ni morale : une vie « ordinaire » est-elle un échec ? Qu’est-ce qu’une vie réussie ? Est-ce que les évènements mondiaux façonnent l’existence des gens ?
Beaucoup de thèmes sont abordés : l’abus sexuel (un garçon de 14 ans abusé par une femme de 10 ans son aînée) et son impact, la maternité, la paternité, le couple, les liens filiaux et fraternels, la création, les choix que l’on fait et ceux que l’on ne fait pas..
J’ai lu ce livre – 646 p – très lentement, sans aucune autre lecture en même temps (ce que je fais quasiment jamais : j’ai toujours deux à trois livres en cours).. J’ai cheminé tranquillement avec Roland qui me déroulait sa vie.
Je n’en dirais pas plus, ce roman est accompli, incomparable, remarquable. Lisez-le.
J’aime beaucoup cet auteur, 𝐋𝐞ç𝐨𝐧𝐬 me range définitivement parmi les aficionados !
Il me reste beaucoup à lire de Ian McEwan. Je vous propose notamment Une machine comme moi, Sur la plage de Chesil, Dans une coque de noix…
Leçons de Ian McEwan
640 p – 10/2023 – Gallimard La blanche
De l’auteur, j’avais aimé L’intérêt de l’enfant. Un peu moins Samedi. Je vais tenter celui-ci.
oui je pense qu’il te plaira.. J’attends ton retour avec impatience
Oui, c’est un grand livre, je suis vraiment d’accord même si certains passages m’ont davantage lassée, il gagne à être reconnu !
ouiiii un grand livre en effet ! je suis une vraie fan de Ian McEwan. C’est un livre qui demande de la concentration et d’aimer aussi l’histoire, non ?