Ce titre m’avait fait imaginer qu’il serait question de Donald Winnicott, le père – entre autres – de l’objet transitionnel et « mère suffisamment bonne ». Que nenni ! Je n’ai pas été déçue car voilà un roman délicieux et mutin dont j’ai beaucoup aimé les personnages. L’ambiance gothique truffée de clichés ne vous empêchera pas de dormir. Elle est prétexte à faire passer d’autres messages et susciter la réflexion.
Le pitch : Nous sommes dans le Sussex en 1934. Viviane Lombard, 38 ans, préceptrice française un peu mélancolique, arrive à Winnicott Hall chez Archibald et Lucille Montgomery pour assurer l’éducation de leur jeune fils de 10 ans, atteint de cécité. Archie est archéologue (petit clin d’œil à Agatha ?), Lucille est fort occupée à diriger les travaux, recevoir ses amies dans son cercle littéraire. L’absence du maitre des lieux parti en Irak, rend Lucille seule et triste. D’autant que d’étranges phénomènes se produisent… Je ne vous en dirais pas plus pour ne pas divulgâcher. La fin est extraordinaire.
« 𝒬𝓊𝒶𝓃𝒹 𝒾𝓁 𝓎 𝒶 𝓊𝓃 𝒹𝑜𝓊𝓉𝑒, 𝒾𝓁 𝓃’𝓎 𝒶 𝓅𝒶𝓈 𝒹𝑒 𝒹𝑜𝓊𝓉𝑒. »
J’ai énormément aimé Viviane la française au franc-parler et sa belle relation avec le jeune Georges, adorable garçonnet intelligent et plein d’humour. Sa méthode d’enseignement est très moderne et bienveillante.
Tous les autres protagonistes, même les personnages secondaires, sont tous attachants, truculents, très bien croqués. Le manoir est très beau, le lecteur s’y déplace avec aisance car les descriptions sont très cinématographiques
Il est question de deuil, de vie après la mort, handicap, apprentissage, être heureux, se surpasser.
J’ai beaucoup apprécié les références en littérature, histoire et botanique, l’atmosphère et l’humour so british, les apostrophes au lecteur.
J’ai aimé que Pearl et Ruby soient nommées ainsi parce qu’elles étaient le joyau de leur maman sans bijou.
Quelle ne fut pas ma surprise P76 de découvrir que Viviane habitait à Ligny-en-Barrois près de Bar-le-Duc en Meuse… J’oserai ajouter : profonde -parce que je suis originaire de cette petite ville que peu de gens connaissent. Clin d’œil personnel qui m’a fait sourire.
J’ai cherché pourquoi ce titre : 𝗹𝗲 𝗳𝗮𝗰𝘁𝗲𝘂𝗿 𝘀𝗼𝗻𝗻𝗲 𝘁𝗼𝘂𝗷𝗼𝘂𝗿𝘀 𝗱𝗲𝘂𝘅 𝗳𝗼𝗶𝘀..
J’ai noté pour le prochain @lemoisbritish le 𝗿𝗼𝗺𝗮𝗻 𝗱’𝗛𝗲𝗻𝗿𝘆 𝗝𝗮𝗺𝗲𝘀 𝗟𝗲 𝘁𝗼𝘂𝗿 𝗱’é𝗰𝗿𝗼𝘂 …
𝘾𝙤𝙢𝙢𝙚𝙣𝙩 𝙘𝙚𝙨 𝙙𝙚𝙪𝙭 𝙖𝙪𝙩𝙚𝙪𝙧𝙨 é𝙘𝙧𝙞𝙫𝙚𝙣𝙩-𝙞𝙡𝙨 à 𝙦𝙪𝙖𝙩𝙧𝙚 𝙢𝙖𝙞𝙣𝙨 ? Je me souviens de la méthode de Boileau et Narcejac : Boileau inventait l’intrigue, Narcejac écrivait, puis Boileau tapait le manuscrit avec quelques ajustements. Ce qui est piquant, c’est que tout ceci se faisait par correspondance, alors que l’un habitait Beaulieu-sur-mer et l’autre à Nice.. J’ai lu que Ludovic Manchette et Christian Niemiec écrivaient vraiment ensemble, tous deux devant l’ordinateur, l’un propose une phrase, l’autre rebondit et ils trouvent la bonne phrase, ensemble. Génial.
Il n’est pas encore dans votre PAL ? Succombez, ces 500 p se dévorent littéralement. Vite, poussez les grilles de Winnicott Hall !
A l’ombre de Winnicot de Ludovic Manchette et Christian Niemeic
504 p – 2024 – Editions du Cherche-Midi
Leur précédent : Alabama, ne m’avait pas transcendé.
je ne l’ai aps lu.. mais celui ci est remarquable par ses personnages merveilleusement croqués et attachants.. le côté gothique est un peu… léger, dirais-je