«Comment la flèche de Cupidon frappe-t-elle? »
Ainsi s’interroge la sociologue Elizabeth McClintock de l’université Notre-Dame en Indiana. La biochimie de l’attirance et de l’amour reste un grand mystère, mais elle nous prouve que certains critères semblent constants. Son équipe de sociologues a étudié les impacts de l’attrait physique, de l’âge et du revenu sur le choix d’un partenaire.
Ainsi, poursuit Elizabeth, les femmes attirantes physiquement sont plus susceptibles de nouer des relations exclusives que des relations purement sexuelles, elles forment plus souvent des couples stables. Elles sont également moins enclines à avoir des rapports sexuels dans la première semaine de rencontre. Le poids est une donnée prise en compte : Les femmes séduisantes, minces et très minces déclarent moins de partenaires sexuels. La minceur est perçue comme un atout de la séduction chez les femmes. Ce qui est en cohérence avec l’observation pointant que les femmes plus attirantes ont moins de partenaires sexuels. Est-ce à dire que les femmes troquent leur beauté pour le statut des hommes ? Non, même si cela peut parfois être le cas. Dans la logique de l’évolution, il s’agit plutôt d’un atout supplémentaire de sélection.
Quant aux hommes, la tendance est différente : plus ils sont physiquement attractifs, plus ils ressentent le désir de multiplier les conquêtes. Nous voilà prévenues !
Cupidon influencé par le statut social
Les chercheurs insistent sur deux points qu’ils jugent fondamentaux. D’abord, la perception du statut social influe directement sur l’attractivité (l’apparence – vêtements, soins corporels… – est très importante). Les personnes ayant un statut social plus élevé sont plus facilement étiquetés « physiquement attrayant », peut-être parce qu’ils sont moins susceptibles d’être en surpoids et plus souvent bien habillés, soignés.
Cupidon influencé par le même
La force la plus puissante d’attraction gouvernant le choix d’un partenaire, repose sur le principe de similitude (éducation, ethnie, religion, cercles sociaux…). « Qui se ressemble s’assemble » donc ! Nul besoin d’être grand clerc pour constater que la plupart de nos rencontres se font dans l’environnement où nous évoluons : la même faculté, entreprise, club sportif, association. Les gens tombent amoureux parce qu’ils ont un projet partageable.
Elizabeth McClintock se base sur des statistiques. Mais, pour les romantiques, l’attirance est histoire de signaux visuels, acoustiques, olfactifs et hormonaux du partenaire qui agitent les récepteurs du candidat amoureux au prise avec un « orage chimique » (2). Et nous voilà raide dingue amoureux !
Alors, Cupidon frappe-il au hasard ?
Les psys ne sont pas d’accord ni avec ce hasard qui frappe à l’aveuglette, ni avec les clichés tels que « L’amour au premier regard » ou « Les opposés s’attirent ».
Les psychologues jungiens pensent que nous sommes attirés par celui ou celle qui incarne notre part d’ombre.
Claude Levi- Strauss, anthropologue et ethnologue français qui nous a quitté en 2009, affirmait que plus l’autre est interdit, plus il est attirant. La transgression accroit le potentiel du convoité.
Isabelle Yhuel nous donne sa définition du Prince charmant : « Un homme qui s’emboîte à notre symptôme. » La formule peut se convertir pour la « princesse charmante ». On cherche un être qui ressemble à ce que l’on pense être ou à ce que l’on voudrait être, qui est ou qui a « tout ce dont on rêvait ». Pour faire court, un faire-valoir, un miroir qui renvoie une image positive de soi-même.
Parfois l’attirance se fait en mode « l’infirmière et son malade » ou version masculine « l’homme mûr et la femme-enfant » : L’attraction pour un être défaillant, plus fragile que soi ou qui possède les mêmes difficultés que soi mais de manière plus voyantes, est accrue. On espère ainsi résoudre ses problèmes, être le sauveur. Cette tactique permet de masquer ses propres failles, l’autre devenant le dépositaire de ce qui gêne en soi.
Il parait qu’environ 10 % de la population ne tombent jamais amoureux – les pauvres- probablement parce qu’ils ont des sécrétions de neuro-hormones et d’hormones sexuelles moindres que les autres.
Boris Cyrulnik observe « Durant la rencontre amoureuse, la femme est chef d’orchestre. Elle gouverne le comportement de l’homme. En réalité, si c’est lui qui fait le premier pas, c’est elle qui fait le premier signe. »
Carmen le chante si bien :
« L’amour est enfant de Bohême,
Il n’a jamais, jamais connu de loi,
Si tu ne m’aimes pas, je t’aime,
Mais je t’aime, prends garde ý toi! »
Joyeuse Saint Valentin.
Que Cupidon soit avec vous
Sources: Cupid’s Arrow: Research Illuminates Laws of Attraction – Susan Guibert (2) Jean-Didier Vincent dans sa Biologie des passions (Odile Jacob).
Iconographies: Cupidon vintage – Carmen dessinée par Christian Lacroix