Pascal Royère, architecte, est mort mercredi à l’âge de 48 ans. Nous lui devons la restauration du Baphuon, du site d’Angkor, au Cambodge. Je fus éblouie, charmée, envoûtée par les pyramides d’Egypte, fascinée par celles du Mexique et le site d’Angkor m’a transportée au septième ciel.
Pascal Royère, archéologue, sauveur du Baphuon à Angkor
Pendant 17 ans, Pascal Royère a travaillé à faire renaître ce temple perdu dans la jungle. Il se vit confier en 1995 par l’Ecole française d’Extrême-Orient (EFEO) – il n’avait que 29 ans- la direction du sauvetage du « temple-montagne » cambodgien de Baphuon, à la gloire de Shiva, datant de 1060, – un siècle avant Notre Dame de Paris- sous le règne d’ Udayādityavarman II, qui souhaitait recréer le monde des dieux sur terre, symbolisé par une montagne, le mont Meru. Puis au XVIème siècle, un roi-successeur, voulant réordonner l’espace autour d’un axe religieux, a fait édifier le Bouddha couché, un des plus grands de la péninsule, au second étage de la face ouest du temple.
Extirper ce monument envahi par la jungle et les fromagers, ficus et autres lataniers, arrosé voire englouti par les pluies des moussons, convoité par les pilleurs fut comme faire un titanesque puzzle de quelque 300 000 pierres de grès sculpté, de 80 cm de long sur 40, pesant 500 kg chacune, toutes sculptées et uniques, éparpillées sur dix hectares.
Cette pyramide à cinq gradins de cent quarante mètres sur cent cinq, aux escaliers vertigineux, chef-d’œuvre de l’art khmer est l’un des trois plus importants édifices du site d’Angkor. « Les seules sources d’informations dont nous disposions sur la constitution de ce temple était un petit millier de photographies prises entre 1910 et 1971 ainsi que la mémoire des anciens employés de la Conservation d’Angkor », déclarait Pascal Royère au journal Cambodge Soir. Sa mission accomplie, le temple dominant à nouveau la canopée, il fut inauguré par le roi du Cambodge en juillet 2011. En avril 2012, il s’était engagé en tant que responsable d’un nouveau chantier archéologique, centré sur le Mébon occidental à Angkor.
Occupé à se battre contre un terrible mal qui devait l’emporter, « Pascal Thom », le « Grand Pascal », comme l’appelaient familièrement les Cambodgiens, a continué à suivre à distance la restauration du Mébon occidental, érigé au milieu du Baray occidental et dont il fallait redresser les parois écroulées.
Je n’ai eu ni la chance, ni l’honneur de connaitre Monsieur Pascal Royère, à la carrure d’athlète, allure d’intello à lunettes filiforme, parlant couramment khmer.
Cependant, je lui rends un vibrant hommage pour son immense travail qui m’a permis de vivre des instants d’éternité et certainement à des millions d’autres personnes. Un de mes grands souhaits est de retourner à Angkor où je suis sûre qu’il danse avec les apsaras. Je présente mes condoléances à sa famille, ses amis et collaborateurs.
RIP Monsieur.
Pascal Royère, sauveur du Baphuon
Pour en savoir +– chronique Banteay Srei, Malraux et moi du 27/08/2012
ANGKOR L’AVENTURE DU BAPHUON : film de 52 minutes
L’ART DU BÂTISSEUR AU XIE SIÈCLE À ANGKOR : ÉCHECS ET INNOVATIONS : Organisée en 2009 par l’École française d’Extrême Orient, cette conférence de Pascal Royère permet de comprendre comment le chantier de Baphûon a fourni de précieuses informations sur les techniques utilisées par les bâtisseurs de l’époque.
Photographies de Baphuon et son bouddha couché : sources PLK de Noétique
Bonjour je suis la femme de Pascal ROYERE d’architecte à l Efeo décédé le 5fevrier 2014 .je viens de lire le bel article que vous avez écrit à son sujet.je vous en remercie et vous souhaite bonne route
Bonjour madame Royère, je vous présente mes condoléances. Votre mari était une belle personne.Je ne l’oublierais pas. Synchronicité : j’en parlais dimanche, avec une amie qui elle aussi avait été très émue par ce temple. Je vous remercie pour votre touchant message.