Denise Desjardins s’en est allée ce 17 mars 2016. En hommage, je réactualise une chronique d’une rencontre avec elle, en l’émaillant de ses livres. En fait, je l’ai approchée trois fois. Et ce fut toujours extraordinaire.
Denise Desjardins était écrivain et psychothérapeute, spécialiste de la tradition hindoue et disciple du maître indien Swami Prajnanpad – qui a notamment jeté des ponts entre yoga et psychanalyse- et Mâ Ananda. Elle a rencontré des maîtres et sages parmi lesquels Swâmi Ramdas, Soufis afghans, Rinpochés tibétains. En 1974 elle crée, avec Arnaud Desjardins son mari pendant trente ans, un premier âshram en Auvergne. Depuis vingt ans, elle initie à la technique du lying et a formé plusieurs thérapeutes à cette technique.
Estimant avoir beaucoup reçu, elle n’a cessé de transmettre ce qu’elle a appris et assimilé. Ce qu’elle a fait encore avec passion et amour, à 90 printemps lorsque j’ai eu la chance de la rencontrer la première fois. J’ai eu la chance d’assister à une conférence de Denise Desjardins organisée par L’association « Avec Vous », ce samedi 16. Sans thème précis, elle répondait aux questions. Beaucoup de monde, une ambiance très cosy, très recueillie, chaleureuse.
Ce n’était pas la première fois que je la rencontrais et ce fut toujours un événement car elle était inspirante. Elle saisit grâce à son écoute aiguë, ce que la personne lui demande avec une perspicacité toujours étonnante et il me semblait qu’elle allait au-delà de ce que la personne pressentait en posant sa question. Elle invitait le questionnant à avancer, avec tendresse, douceur, vérité, humour et vivacité.
Chaque participant a une accroche qui lui sera propre, chacun entendant le message dont il a besoin. Je suis sûre qu’il est nécessaire que nous ayons une ligne de conduite pour notre chemin de vie. Nos épreuves sont nos opportunités de grandir et à mettre en pratique. Nous dérapons parfois, même souvent, mais ce n’est pas la fin du monde. Cessons de nous fustiger et de ressasser. Réagir en reconnaissant son échec ou détour, et poursuivre sans se juger mal est une sage attitude. Nous n’avons aucun pouvoir sur l’arrivée de nos émotions mais en revanche, tous les pouvoirs sur leur durée. Les émotions ne se répriment surtout pas, cependant sans s’y abandonner avec complaisance, mais que nous y adhérions, les reconnaissions comme étant là. Lorsqu’une certaine tranquillité est retrouvée, tenter de comprendre pourquoi telle émotion est apparue. Elles viennent toujours du passé, de l’enfance. Cette démarche requiert d’être dans un perpétuel qui-vive par rapport à soi. Plusieurs fois, elle a cité Swami Prajnanpad : « la Voie n’est pas pour les faibles ». Le courage est nécessaire.
Elle a réaffirmé que nous avions tous en nous, un germe d’éveil à développer, et que notre job et notre mission était d’y prêter attention, que nous nous tournions vers lui afin qu’il croisse. Les émotions négatives – haine, culpabilité, ressentiment..- gênent la croissance du germe d’éveil. Les élans d’amour, de compassion, de bienveillance.. les moments où nous nous adonnons à quelque chose que nous aimons, où nous sommes en communion avec la nature, en méditation..- en fait, tous les moments où nous sommes unifiés, sans dualité avec « j’aime, je n’aime pas » ce que le mental fait sans cesse, et en adéquation avec l’extérieur sans jugement- nourrissent notre germe d’éveil.
Un autre travail est de nous libérer du passé en dénouant les nœuds du cœur et de laisser la culpabilité de côté. Il est nécessaire de changer de registre. Elle conseille de fuir les ressassements, de passer à autre chose.
Lâcher-prise ou accepter – dire oui à ce qui est – n’est pas se résigner, ni être adepte du béni-oui-ouisme ! Accepter permet de cesser d’être en conflit avec le monde et avec soi-même ; les attitudes de refus ne conduisent ni à la sérénité ni au bonheur. « Il n’y a pas d’autre solution que d’accepter. Ne refusez rien d’aucune façon. La frustration et la dépression apparaissent simplement parce qu’il y a refus et rejet. »
Elle avait précisé aussi qu’en attendant quelque chose des autres, nous étions très souvent déçus, les autres sont comme nous, des êtres parfaitement imparfaits. je pense souvent à cette expression lorsque je me trouve dans une situation où je suis déçue surtout de moi, et aussi d’une autre personne. L’amour absolu n’existe pas, car nous sommes tous situés dans le relatif. N’attendons pas l’impossible.
J’ai reçu deux piqûres de rappel. Je vais accentuer le travail sur les ruminations mentales dont DD dit qu’elles sont mauvaises ; je vais veiller à décapiter les « J’aurais pu… j’aurais dû… il fallait… ». Je vais cesser de ne plus« me prendre la tête », « me faire des films » qui ne se produisent heureusement jamais, « couper les cheveux en quatre », « flipper » ou « voir midi à 14 heures ». Et accepter ce qui est, comme il est et les autres être ce qu’ils sont, où ils en sont. Chacun sa voie..
Photographies: Denise et Arnaud Desjardins empruntée à Phytospiritualité
Savoir ce qu’est le lying ( à partir de la p2)
Merci pour ce texte sur votre récente rencontre avec Denise Desjardins. Je l’ai rencontrée à quelques reprises il y a une vingtaine d’années… J’aimerais vraiment pouvoir assister encore une fois à une de ses séances de questions/réponses. Je sais qu’elles sont rares. Savez-vous comment faire pour être tenue au courant d’une éventuelle prochaine réunion? Merci beaucoup!
Bonjour Fabienne, ces rencontres sont effectivement magiques et ressourçantes Fabienne. Je suis au courant en suivant le blog d’Acouphène dont je vous mets un lien. Merci pour votre passage .http://spinescent.blogspot.fr/ Je vous souhaite de belles fêtes de fin d’année.
Bonjour ! Est-ce que Denise Desjardins fait encore des lying au Québec ? Johane
Bonjour Johane, elle est très âgée et elle prend encore en charge des personnes pour des thérapies courtes – car dit elle, elle veut finir le travail – à Paris. je ne crois pas qu’elle aille encore à Québec. D’ailleurs c’était Arnaud Desjardins qui œuvrait à Québec, il me semble.Merci de votre passage. PLK
Bonjour ,
j’aimerais rencontrer Denise Desjardins et j’aimerais être formée au lying. pensez vous que ce soit possible encore et où svp,
MERCI
bonjour
J’aimerais pouvoir rencontrer mme Desjardins. est ce possible en conférence en entretien privé? le savez-vous? Je vous remercie de votre réponse
Bonjour Brigitte, je vous comprends. C’est une personne extraordinaire. Je sais qu’elle travaille encore un petit peu, avec les personnes qu’elle connait ou qui lui sont recommandées. Je crois que sa fille qui est en plus psychiatre, pratique à Paris
Bonjour,
Pouvez vous me donner l’adresse de l’Ashram dirigé par le fils de Madame Desjardins car je compte revenir m’installer en France après plusieurs années passées en Guadeloupe Merci pour tout .
bonjour Agnès, je ne le connais pas. J’ai assisté à des conférences à paris. Son défunt mari Arnaud Desjardins en revanche a un ashram . voyez vous même : http://www.amis-hauteville.fr/. Bien à vous.