Le film de science-fiction n’est pas ma tasse de thé, cependant j’ai passé un agréable moment.
Oblivion, le dernier film de Kosinski
Les images sont superbes – certaines au décorum post apocalyptique étonnant – tournées aux Etat-Unis en Louisiane, notamment dans la ville de Bâton-Rouge et en Islande-, la bande- son composée par le groupe français M83 est remarquable (J’apprécie particulièrement Starwawes ) et Tom Cruise n’arbore pas son agaçant sourire jusqu’aux oreilles. Initialement le film s’intitulait « Horizons » et finalement, ce sera « Oblivion »- oubli – que je considère plus juste et évocateur.
Le film met en vedette Tom Cruise, et aussi Morgan Freeman, Zoe Bell et Olga Kurylenko. Nous sommes en 2077. Les humains ont gagné une longue guerre contre les Chacals/ Scravengers, sortes d’extra-terrestres, mais ils doivent cependant s’expatrier sur une autre planète car la Terre en plus d’être irradiée, fut dévastée par des tsunamis, crues et tremblements de terre. Il campe Jack Harper, il vit dans une station dans l’espace – une merveille.. La piscine transparente dans le ciel hum ! – avec son épouse avec qui « il forme une bonne équipe ». Il se déplace en Techoptère, un bijou de technologie. Sa mission est d’entretenir des drones qui surveillent les stations extrayant l’eau des océans pour la transformer en énergie, afin de prévenir et faire face à toutes les attaques d’Aliens. A deux semaines de la retraite pour rejoindre enfin- surtout pour sa femme – les autres humains sur Titan, son existence est bouleversée lorsqu’il sauve une belle inconnue – Olga Kurylenko- d’un vaisseau en déperdition qui va déclencher une série événements le forçant à remettre en question tout ce qu’il connaissait. Même si certaines critiques affirment que le scénario était prévisible, je ne vous en dis pas plus ( je n’avais pas tout deviné)
Ce n’est certes pas un chef d’œuvre de science-fiction, les dialogues sont parfois mièvres et très pauvres, la jolie Olga Kurylenko n’inspire que peu d’émotions, mais il lance quelques pistes de réflexions : l’état tout puissant, la crédulité, l’obéissance sans questionnement, le courage, le sacrifice, l’espoir, l’espérance en l’homme..
Christina’s World et Andrew Wyeth
Je retiens surtout ce célèbre tableau – une tempera à l’œuf- de 1948. Il apparaît deux fois, pendant de longues minutes (1) : à Raven Rock, forteresse souterraine (2) où sont conservés les trésors de l’humanité en souffrance (livres, tableaux..) et dans le havre de paix de Jack.
Andrew Wyeth, de la fenêtre de la maison à Cushing dans le Maine, a peint cette femme en rose que l’on imagine jeune, alanguie dans l’herbe, en bas d’une colline, regardant en direction d’une ferme : une scène champêtre aux couleurs rousses. En la regardant de plus près, on remarque qu’elle est très maigre, que sa position est anormale, que ses mains sont gonflées. En fait, il s’agit de Christina Olson que le peintre connaissait bien. Elle n’était pas si jeune – 54 ans- et était atteinte d’une pathologie inconnue qui réduisait la mobilité de ses jambes et de ses mains. Elle rampe à travers ce champ vers sa ferme en haut d’une colline.
Elle a vécu dans cette maison toute sa vie, sa maladie s’aggravant avec l’âge elle a toujours refusé d’utiliser un fauteuil roulant. Les voisins racontent qu’elle n’avait aucune idée que son petit monde était devenu si célèbre. Elle est décédée en 1969.
On devine et ressent la difficulté du chemin de Christina qui rampe, centimètre après centimètre, pour gagner en indépendance, à agir seule et à se mouvoir.
Sa détermination transparaît. Ce tableau est intrigant et fascinant. Il peut mettre mal à l’aise en éprouvant immobilité, le désir à tendre vers quelque chose d’éloigné, la solitude.
«Le défi pour moi était de rendre justice à son extraordinaire conquête de la vie, alors que tous la privaient d’espoir.» dit Wyeth
Le message de Christina est clair : avancer, même blessée ! Son petit monde a sa place dans ce film et dans nos vies. Il exprime métaphoriquement l’éprouvant calvaire du retour à soi…
(1) Oblivion est le premier film ayant obtenu les droits de représentation. Il siège au MoMa à NY. (2) Il s’agit d’une centrale électrique de la nouvelle Orléans construite au XIX ème qui sert de refuge aux humains survivants. Iconographies: phographies extraites du film- « Christina’s world » avec gros plan.