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Van Gogh- Rêves de Japon

Van Gogh- Rêves de Japon

2013-03-11ImpressionnismeJaponMusée6790Views1Comment
Van Gogh Branche d' amandier en fleur

Traversons la rue, entrons au 8 de la rue Vignon à la Pinacothèque 2. Je suis curieuse de découvrir cette confrontation entre Van Gogh, le Hollandais et Hiroshige, le Japonais.

De Van Gogh à Hiroshige

Lorsque Vincent Van Gogh voit le jour en 1853, l’un deux maitres de l’Ukiyo-e est déjà décédé depuis 4 ans, et il reste 5 ans à vivre à Hiroshige.

A 27 ans, autodidacte, Vincent devient peintre. Van Gogh est l’auteur de plus de 2000 œuvres d’art dont environ 900 tableaux et 1100 dessins. Avec son oreille coupée – dommage collatéral d’un drame avec Gauguin-, sa mélancolie et le mystère de sa vie, l’artiste nous laisse l’image d’un poète maudit. Toute sa vie dans l’ombre et aujourd’hui, il est l’objet d’un véritable culte. Il fut solitaire, vivant presque reclus, tourmenté, incompris, méprisé, aimé et soutenu uniquement par son frère Théo, et il est, au XXème siècle, l’objet de recherches et de thèses.

autoportrait van gogh

Van Gogh était-il fou ?

Antonin Artaud écrivait : «Un aliéné est aussi un homme que la société n’a pas voulu entendre». Cela s’applique certainement à Van Gogh.

« Je songe d’accepter carrément mon métier de fou. Je suis toqué, tant pis, je préfère ma folie à la sagesse des autres» écrivait Van Gogh.

Il eut une vie intellectuelle intense, il aimait écrire. Ses lettres sont le miroir de son univers (1). Il souffrait d’épilepsie, d’hallucinations auditives et visuelles, de dépression et d’angoisses. Tous ces symptômes étant peut-être la conséquence de son abus de l’absinthe, la fameuse « fée verte »..

A la lumière de la psycho généalogie, nous pouvons dire qu’il a une lourde hérédité : Vincent est né un an jour pour jour après un frère aîné mort-né, il a passé tous ses anniversaires lorsqu’il était enfant, au cimetière, accompagnant sa mère, sur la tombe de l’autre Vincent Van Gogh, celui que sa mère pleurait et dont elle portait le deuil. Il fut ce qu’Anne Ancelin-Schützenberger, nomme « enfant de remplacement ». Selon Selon les biographes Steven Naifeh et Gregory White Smith, il ne se serait pas suicidé le 27 juillet 1890, mais aurait couvert un homicide involontaire des frères Gaston et René Secrétan qui jouaient au cow -boy (2) . Cette théorie me plait.

L’impressionnisme et les estampes

<p « >L’impressionnisme est un mouvement de peintres que j’aime beaucoup et avec lequel je me suis initiée à la Peinture. La formule de Manet : « Je peins ce que je vois, et non ce qu’il plaît aux autres de voir » me va comme un gant. Mon peintre préféré est Claude Monet mais je me noie aussi dans les œuvres de Van Gogh. J’aime son style tourmenté avec ses courbes sinueuses et rondes, ses couleurs franches et vibrantes, tous ses Iris, ses Tournesols et surtout ses amandiers en fleurs. J’ai aussi une faiblesse pour les  trois versions de « La chambre à coucher de l’artiste  à Arles » : Souhaitant initier nos enfants à la peinture, j’avais confectionné de petits albums que nous regardions le soir avant l’histoire.elles étaient parmi les quelques-uns qu’ils aimaient regarder, surement pour en saisir les différences. <p « >chambre van gogh

Ses œuvres reproduites dans le monde entier et à l’infini figurent sur des coussins, des sacs, des parapluies, des montres- ce qui n’est pas du meilleur goût- mais est la preuve qu’il est parmi nous. Il n’a jamais vendu de toile de son vivant, vivant chichement, il ne pouvant pas payer ses modèles, il réalisa de multiples autoportraits, et actuellement ses tableaux atteignent des sommes pharaoniques : le 30 mars 1987, Les Tournesols atteint la somme record de 53 millions de $!

Les « tableaux qui ne sortent jamais », exposés à La Pinacothèque, prêts du musée Kröller-Müller d’Otterlo, ont été escortés par cinq voitures de police française et par leurs collègues néerlandais. « Je n’avais jamais vu ça. C’était des agents de services spéciaux, des armoires à glace, armés jusqu’aux dents, avec des fusils mitrailleurs. Comme dans un film.  » s’étonne Marc Restellini, le directeur et instigateur de cette exposition.

Comme la plupart des Impressionnistes, il fut très emballé par les estampes japonaises. Monet les collectionnait aussi, Camille Pissarro écrivait à son fils. « Moi, Monet et Rodin en sommes enthousiasmés ». « Hiroshige est un impressionniste merveilleux. » consigne-t-il encore. Degas, Klimt, Sisley succombèrent aussi.. L’engouement pour l’ukiyo-e  gagne beaucoup de monde, Georges Clemenceau, Baudelaire, Edmond de Goncourt, Emile Zola. Van Gogh ne fait pas exception. Il les découvre grâce à la galerie de Siegfried Bing et il se passionne aussi pour le Japon et les Japonais. Cette vogue du Japonisme s’amplifie avec l’exposition Universelle de 1867. Emile Guimet y  succomba aussi. L’Art Nouveau de Nancy est en directement inspiré.

Confrontation Van Gogh – Hiroshige

L’objet de cette exposition est de mettre en parallèle les deux peintres et de démontrer l’influence de Hiroshige sur Van Gogh. Chaque tableau est à côté d’un panneau présentant une photo de l’ estampe de Hiroshige dont il est l’inspiration et un zoom sur un détail pour mettre en lumière les similitudes. Des extraits de lettres de Vincent à Théo sont très intéressants, j’ai beaucoup aimé.

Cependant, je trouve les liens osés, voire tirés par les poils du pinceau.

Van Gogh était un passionné d’estampes, et même s’il n’a pas copié à proprement parler Hiroshige, inconsciemment, son inspiration a été influencée par ces images qu’il aimait tant. Certaines analogies sont difficiles à concevoir, et même prêtes à sourire.

van-gogh-japonaiserie
Japonaiserie : Le Prunier en fleurs(1887)
hiroshige-pruneraie-à-Kameido
Hiroshige, Pruneraie à Kameido                                                                                           

J’ai cependant joué le jeu et parfois dubitative  «  Ah ! Oui, peut être ». La confrontation la plus incroyable est celle entre « Le Bon Samaritain » inspirée de Delacroix et le « Voyageur descendant de son cheval près d’un restaurant sur la route de Kamakura« (3) de la Série des Cinquante-trois étapes du Tōkaidō.

Le-Samaritain-Van-Gogh
Le samaritain- Van Gogh
voyageur-tombant-de-son-cheval-hiroshige
Focus sur le voyageur descendant de son cheval
Voyageur-descendant-de-son-cheval-près-d-un-restaurant-sur-la-route-de-Kamakura" 
Voyageur descendant de son cheval près d’un restaurant sur la route de Kamakura »          
Delacroix-le-bon-samaritain
Delacroix, Le Bon Samaritain, 1849. Paris.                                                                                                                 

 Les rapprochements avec Millet me parlent plus. La démarche intellectuelle est louable même si elle parasite un tantinet, de somptueuses retrouvailles avec Van Gogh. Il vous reste une semaine pour visiter ces expositions, et faites comme moi, commencez par Hiroshige

Addenda : Le Parcours jeu pour 6-12 ans est alléchant même si je le crois plus réservé à des 6-8 ans. A partir de 10 ans, les enfants sont capables d’avoir une démarche plus complète.

« Hiroshige- L’art du voyage »(1) : chronique du 6 mars 2013

Iconographies:  Van Gogh, Vincent Autoportrait 1888 46 X 38 cm – Huile $26,400,000 (Enchère) Sotheby’s, New York – 1990- La Chambre à coucher (deuxième version) Vincent van Gogh Septembre 1889-huile sur toile 73 cm × 92 cm The Art Institute of Chicago, Chicago, États-Unis Réalisé à Saint-Rémy – En UNE : Branche d’amandiers 1890

Sources: (1) The letters (2)Medecine des arts: »Vincent Van Gogh, ne s’est pas suicidé, mais a été assassiné »(3) Kameya », est une seconde version de l’oeuvre originale. La première montrait un voyageur montant sur son cheval.  L’hypothèse de Matthi Forrer, le commissaire de l’exposition, est que le restaurateur concerné s’est plaint qu’il valait mieux que le voyageur arrive..

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PLK

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Apprentie-sage, à la fois frivole et mystique, lègère et spirituelle , gourmande et orthorexique, férue de nutrition, en recherche de sagesse

1 Comment

  1. Bonjour
    Connaissez vous le dernier livre sur van Gogh ? Il s’agit d’un inédit du célèbre éditeur Robert Morel, édité chez équinoxe : Enquête sur la mort de Vincent van Gogh
    Toute sa vie, Robert Morel a été passionné par la personnalité de Vincent van Gogh. Dès les années 1950, il lui consacre de nombreux travaux (Plon, le Figaro littéraire, Le Club du Livre Chrétien…)
    et même, en 1953, un drame radiophonique « La passion de Vincent Van Gogh Peintre et Martyr » (rediffusé en 2002 par la radio de Brême).
    En 1989, il avait le projet de publier les résultats d’une enquête sur la mort de van Gogh. Durant des années, il avait recoupé, regroupé, étudié, une documentation énorme. Il avait été en relation
    suivie avec Vincent Wilhem van Gogh, le fil de Théo, mais aussi avec le fils du Dr Gachet et Adeline Ravoux, témoins directs des derniers jours de Vincent. Le 18 août 1954, cette dernière lui a
    d’ailleurs adressé, à sa demande, un long témoignage inédit. Robert Morel devait malheureusement décéder avant d’avoir pu mener cette publication à son terme.
    Le temps a passé et aujourd’hui il n’y a plus une certitude mais plutôt deux hypothèses sur les circonstances du coup de feu fatal.
    Avant propos de l’éditeur :
    En avril 1989, Robert Morel, auteur et éditeur réputé, m’apporta le projet d’un livre consacré à la mort de Vincent van Gogh, qui selon les conclusions de ses recherches ne se serait pas
    suicidé.
    Il travaillait à l’élaboration de cette hypothèse depuis de nombreuses années et ne se sentait plus en mesure de mener seul à son terme, cette étude. Il me proposa donc de l’éditer, ce que
    j’acceptais à la lecture des pages de ce manuscrit.
    Malheureusement, Robert Morel devait décéder quelques mois plus tard, en 1990, avant d’avoir pu mener à bien cette édition.
    Les révélations de cette enquête bouleversaient radicalement la version alors unanimement admise du suicide du peintre.
    Et puis, le temps a passé…
    La parution, en novembre 2011 aux États-Unis de « Van Gogh the life » par Steven Naifeh et Gregory White Smith provoqua une telle tempête médiatique que peu de personnes n’ignorent aujourd’hui la
    remise en cause de la version du suicide du peintre maudit.
    La crédibilité de ces deux auteurs, déjà prix Pulitzer pour leur biographie de Pollock, a été renforcée par l’imprimatur que leur a accordé M. Leo Jansen fondateur et directeur du Van Gogh Museum à
    Amsterdam.
    Une évidence s’impose désormais : Robert Morel avait raison et ce qui pouvait sembler il y a 23 ans une théorie fantaisiste apparaît aujourd’hui, comme un nouvelle réalité sur la mort de van
    Gogh.
    Avec Odette Ducarre, sa femme, qui travaillait à ses côtés et ses enfants François, Ève et Marie, nous sommes heureux de rendre enfin publique cette enquête qui tout en décrivant les derniers jours
    de Vincent, magnifie sa générosité et son sens du partage qui furent la quête permanente de toute son existence.
    Janluc Bastos
    Association des amis de robert morel
    http://www.robert-morel.fr

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