Le 9 novembre 2007, Guillaume Leleu, l’insolent parisien créateur de la maison Theodor initiait un jour de partage au monde du thé, cette boisson millénaire, en initiant la fête du thé pour le monde entier.
La fête du thé, un événement international
Un jour pour célébrer le thé, lien entre les cultures ! Quelle belle idée ! L’ambassadeur de la journée du thé, représentant de la maison THEODOR et tea taster, avait choisi la Réunion pour le lancement de la 1ère édition de la journée du thé. Pour moi, c’est tous les jours la fête du thé. Mais ce jour est encore plus festif lorsque je le sais partagé avec le monde entier.
Comme le vin se déguste différemment voire religieusement selon le mets, qui a ses terroirs, ses maîtres sommeliers – Je vous recommande cette petite merveille Dialogue du thé et du vin de Wang Fu. – le thé exige aussi une maîtrise dans l’art de la dégustation, ses finesses, ses caractères, ses subtilités. Il est source d’émotions, de partage, il impose le respect, délicatesse et savoir-faire. Boire un thé, ce n’est pas jeter un sachet dans de l’eau chaude pour se réchauffer ou s’hydrater.
Ma contribution est de vous offrir un bref historique de ces rituels.
La cérémonie du thé au Japon
Au pays du Soleil Levant, le 1er décembre se déroule dans les jardins du sanctuaire Shintô Kumano-jinja à Kyôto, le festival de la cérémonie des thés, initié par le shogun Toyotomi Hideyoshi en 1587.
Durant le XIIe siècle, le thé vert en poudre Matcha, dérivé de la même plante que celle produisant du thé noir mais non fermenté, fut utilisé tout d’abord dans les rituels religieux des monastères bouddhistes. Au XIIIe siècle, les guerriers Samouraïs commencèrent à préparer et à boire le matcha. Les fondations de la cérémonie du thé étaient alors posées et furet développées comme une « pratique de la transformation » sur la voie du Tao.
Le caractère cérémonial autour du thé n’apparut que progressivement, particulièrement grâce aux shoguns Ashikaga avant de devenir une véritable cérémonie sous Toyotomi Hideyoshi (豊臣 秀吉 1536 – 1598). Cet art se démocratisera au cours de l’ère Edo (1600 – 1868) à l’ensemble de la société.
Les premières rencontres autour du thé se firent dans des chaya
Ces Chayas sont des maisons de thé – « cha » signifiant thé, et « ya » boutique – se trouvant à proximité des temples. Ces réunions sont appelées cha-yoriai pour l’aristocratie et unkyaku-chakai pour les gens ordinaires. Certains concepts vinrent modifier en profondeur la cérémonie du thé.
Le Wabi signifie raffinement sobre et calme-éthique, apparaît au XIIe siècle et prône l’humilité, la contrainte, la simplicité, le naturalisme, la profondeur, l’imperfection et l’asymétrie et met en valeur la sobriété des objets non-ornés, des espaces architecturaux et la célébration de la beauté simple pouvant influencer positivement l’existence, où la beauté des choses éphémères et modestes est reconnue et ressentie et mit fin au luxe ostentatoire de certaines réunions de thé.
Sous l’influence des enseignements de Furuta Oribe – maître de thé, potier et guerrier –1544-1615-, Kobori Enshû, maître de thé, calligraphe et guerrier, Katagiri Sekishû, religieux bouddhiste et maître de thé, 1605-1673-, le chanoyu- signifiant littéralement « eau chaude » évolua en sadō ou chadō -« chemin du thé » qui si nous nous référons plus au rituel, représente l’étude ou la doctrine de la cérémonie du thé et se transforma en exercice spirituel.(1) Je précise qu’aux origines, la cérémonie était réservée exclusivement aux hommes.
Sous l’ère Edo, les règles régissant la cérémonie du thé étaient particulièrement complexes et nombreuses, ce qui eut pour conséquence de ralentir sa diffusion au sein de l’ensemble de la population.
Sen no Rikyū, (2) maître du thé au destin historique
Il introduisit le concept de ichi-go ichi-e s, littéralement « une fois, une rencontre », une croyance selon laquelle chaque rencontre devrait être considérée comme un trésor qui ne pourra jamais se reproduire. Ses quatre principes étaient : Harmonie, Respect, Pureté, Tranquillité.
Beaucoup de rites utilisés dans la cérémonie du thé japonaise contemporaine ont été introduit par Rikyu
- Une maison de thé qui peut accueillir cinq personnes,
- Une petite pièce séparée où les ustensiles de thé sont lavés,
- Deux entrées, une pour l’hôte et l’autre pour les invités,
- Une porte assez basse pour obliger les clients à se baisser pour entrer, symbole d’humilité avant préparation pour la cérémonie du thé
« Poèmes de thé » de Bertrand Petit et Keiko Yokoyama
Pour cette fête du thé, partageons ces quatre textes tirés des Cent poèmes dede Sen no Rikyu, extraits d’un petit ouvrage très attirant par ses calligraphies, ses illustrations, ses poèmes sur la cérémonie du thé que je vous invite à admirer, en savourant voluptueusement votre thé
Bien que de nombreuses personnes boivent du thé,
Si tu ne connais pas la voie du thé,
c’est le thé qui te boira.
Tout d’abord tu fais bouillir de l’eau,
ensuite tu fais le thé, et tu le bois.
Dans un jardin petit et dont le naturel apparent est en fait, l’objet d’un savant agencement, se trouve un pavillon d’allure modeste. On y pénètre par une porte basse que l’on franchit courbé, signe d’humilité. La pièce couverte de tatamis permet de recevoir cinq à six personnes agenouillées ; au centre, un foyer sans cheminée ; sur un des côtés, une sorte d’alcôve (tokonoma) décorée d’une calligraphie soigneusement choisie. Quand tous les invités ont pris place, le maître de cérémonie fait circuler quelques friandises, ou un repas léger. D’une bouilloire posée sur le foyer, on voit se dégager une légère vapeur.
Si des visiteurs arrivent au mauvais moment lors de la cérémonie du thé ,
votre cœur avec simplicité doit faire preuve d’un art délicat.
Ses enseignements conduiront au développement de nouvelles formes d’architecture et de jardin, d’arts et au développement complet du sadō, cérémonie du thé.
Je ne suis pas TheodorExclusive, j’aime aussi les thés Palais des Thés, Uchiyama, Gaïa, Mariage Frères, Thécalin, Honoris Causa, le maître Infuseur (3)…
Je remercie Guillaume Leleu, l’Insolent parisien, pour cette généreuse idée, lui qui pourtant prépare son thé sans code, ni convention, comme il le veut.
« Le thé est un Ambassadeur des cultures du monde, j’en suis un de ses « nègres » Guillaume Leleu
La maison Theodor a deux principes : « L’excellence par l’exigence » et « Offrir et se faire plaisir ». Rendez-vous sur le site de Theodor, il est magique et so chic.
Que la fête du thé soit tous les jours !
Iconographies: affiche Theodor– Kuniyoshi- Chanoyu – Sen no Rikyū
Sources : Sommelier du thé – Kyoto – – shinryu – mon blog de thé – (1) A la même époque on assista à un foisonnement d’école avec des règles plus ou moins différentes (Omote-senke-ryû, Edo-Senke-ryû, Ura-senke, Oribe-ryû, Enshû-ryû…).(2) Yasushi Inoue en fait l’un des personnages principaux de son roman Le Maître de thé (1991) : le héros, le moine Honkakubō, disciple de Rikyū, y tente de percer les secrets du suicide son maître