Beat Richner, Un homme merveilleux

Je regarde peu la télévision. Parfois après déjeuner – lorsqu’il pleut-  je me repais des beautés du monde en buvant mon thé Sencha. Bien sûr, pas sur TF1, ni BFM.. Hier – synchronicité-, ce fut un reportage-choc qui m’a mis le cœur à l’envers ! Les chercheurs l’ont prouvé, ces  magnifiques et exceptionnelles personnes font, en plus, prendre un véritable bain d’endorphines. 

Le credo de Beat Richner

Offrir gratuitement une médecine de qualité aux enfants démunis, c’est le credo de Beat Richner que je vais vous présenter « Tout enfant n’a-t-il pas le droit aux meilleurs médicaments existants ? Œuvrer en sens inverse, c’est violer les droits de l’Homme » affirme-t-il haut et fort. 

L a belle histoire de Beat Richner

Il est né à Zurich le 13 mars 1947. En 1973, son doctorat en médecine en poche, il se spécialise en pédiatrie. En 1974, la Croix-Rouge suisse recherche un volontaire à envoyer  à l’hôpital Kantha Bopha de Phnom Penh. On s’ adresse à lui parce qu’il n’était pas marié. Le destin tient à des détails parfois.

Il a 27 ans. Il part. Il a rendez-vous avec son destin. Le 1er janvier 1975, les Khmers rouges  passent à l’offensive. Mi-avril 1975, la capitale était évacuée. Il fut le dernier à quitter l’hopital. Revenu en Suisse, il ouvre son cabinet en 1980. Il y vivra avec  « sans doute une forme de mauvaise conscience » dit-il. 

Hopital Kantha Bopha à Siam Reap ( aujourd’hui)

Pol Pot, un des plus grand criminel de tous les temps, anéantit toute l’élite cambodgienne. Sur 963 médecins exerçant en 1975, moins de cinquante ont survécu !

Lorsque les Accords de paix ont été signés en 1991, Beat Richner rencontre le roi Norodom Sihanouk qui lui demande de restaurer l’hôpital de Kantha Bopha.

Il hésite, connaissant que trop les dangers de la corruption. Mais, il relève le défit. Grâce à sa Fondation (1), en 8 ans, cet homme va s’acharner à rénover cet hôpital et plus encore.

L’oeuvre de  Richner

En 2012, c’est cinq hôpitaux pédiatriques et une maternité qui ont été construits. Près de 1700 enfants hospitalisés quotidiennement, dont 80% d’entre eux n’auraient aucune chance de survie autrement.

Chaque jour, ce sont soixante opérations chirurgicales, 3000 consultations, 3000 vaccins, 50 accouchements dont la transmission du virus HIV de la mère à enfant a été évitée, grâce à des césariennes et des traitements antiviraux.

Nous voyions les familles qui attendent une consultation pour leur enfant malade, dans le calme et le respect. L’organisation est parfaite : chacune reçoit un numéro.. Nous en sommes au 900 .. Il est 6h du matin.. Les patients arrivent de tout le Cambodge. Le docteur respire la gentillesse, irradie la bonté, caresse une tête par-ci, dit un mot par ici. Le personnel médical et paramédical est cambodgien, formé sur place. Leurs salaires sont trente fois plus élevés que ceux de la fonction publique afin de lutter contre la corruption (revente des médicaments.

« Pour les gouvernements occidentaux et l’OMS, le niveau de soins doit correspondre à la réalité économique du pays. Au Cambodge, cela veut juste dire zéro. Si nous suivions leurs préceptes, nous n’aurions pas sauvé un seul des 22000 enfants touchés lors de l’épidémie de dengue. Si nous n’avions pas les mêmes standards qu’au CHUV, Boston ou Paris, nous ne pourrions pas faire 150 transfusions sanguines par jour. Nous contaminerions quotidiennement 10 enfants avec le HIV et 25 autres avec l’hépatite. Les résultats sont là. En 1983, le taux de mortalité était de 5,4% à Kantha Bopha. En 2009, dans notre hôpital de Siem Reap, ce taux est de 0,5%. ».

Les saintes colères de Richner

Il ne décolère pas contre les pontes et prétendus experts de l’OMS qui viennent lui faire la morale afin qu’il adopte une attitude «raisonnable » mais séjournent dans l’hôtel de luxe situé à deux pas de l’hôpital pour 470 euros la nuit alors que seulement 275 sont suffisants pour hospitaliser 5 jours un enfant et le sauver !

Il a dénoncé l’hypocrisie de cette organisation qui recommande le Chloramphénicol dans les Pays du Tiers Monde alors que cet antibiotique, réputé dangereux, est interdit en Occident depuis 1970 ! Comble du cynisme, il fut même interdit en Chine pour l’usage vétérinaire sous pression de l’Europe, car «nos » poulets en étaient imbibés !! Le 10 décembre 1999, journée des droits de l’Homme, le docteur Richner a déposé une plainte à la Cour internationale de La Haye contre l’OMS et l’Unicef pour génocide passif, crimes contre l’humanité et violation des droits de l’enfant…

Le budget annuel est assuré à cinq pour cent par la Confédération  Helvétique et cinq pour cent par le Cambodge. C’est 11 millions d’euros – 50% pour l’achat de médicaments, 30% pour les salaires, 15% pour le matériel médical et la maintenance, 5% seulement pour l’administration – qu’il faut trouver. C’est son cauchemar (2). Il se transforme en mendiant de sa Fondation…

Beat Richner est Beatocello

BEATOCELLO, sorte de poète musical ou clown musicien. Il donne des concerts chaque samedi à 19h15,(3) à Siem Reap- le site d’Anhkor est à quelques miles d’un des hopitaux- afin de récolter des fonds auprès des touristes qui sont aussi invités à donner leur sang en toute sécurité, pour alimenter le très moderne centre de transfusions et sauver des enfants, des femmes, sans leur inoculer le sida ou l’hépatite.« Près de 300 touristes viennent, chaque mois. Les plus jeunes n’ont pas beaucoup d’argent, alors ils donnent leur sang. Le sang peut sauver une vie. »

Beatocello entreprend également des tournées en Suisse plusieurs fois par an, pour récolter des fonds, avec le cirque Knie entre autres.

Le film « l’ombrello di Beatocello »  retrace l’itinéraire humanitaire d’un personnage hors du commun vient de sortir en Suisse.