Dimanche après midi, opéra ! J’aime l’opéra.
C’est la première fois que j’assiste à une oeuvre lyrique dans un zénith.. Salle gigantesque, sans dorure, sans faste, sans charme.
« Carmen racontée par Eve Ruggeri»
Filleauxyeuxmarrons nous a offert cette Carmen. Carmen est l’un de mes opéras fétiches ; c’est le premier opéra que j’ai vu et écouté, étant très jeune et j’apprécie d’écouter en podcasts les histoires d’Eve Ruggieri sur Radio Classique. Sa voix inimitable, sa fourgue, sa verve, sa grande culture. Un dimanche pluvieux qui s’annonce sous de beaux auspices.
Carmen de Bizet (1), opéra tiré de la nouvelle de Prosper Mérimée
Il est sans doute le plus populaire. Les airs sont connus de tous comme une ritournelle : Les Tringles des Sistres Tintaient, j’adore .. la garde montante, près des remparts de Séville, l’air du toréador, la fleur que tu m’avais jetée.. Séguedille.. Certes, la publicité a participé à les faire connaître dans un contexte bien décalé et consumériste. Pourtant en 1875, cet opéra fut accueilli très fraichement et fut censuré pour son indécence. Quant à Alexandre César Léopold Bizet – il fut rebaptisé Georges, le 16 mars 1840- il mourut, à la 31 éme représentation, trois mois jour pour jour après la houleuse première, des suites d’un bain dans la Seine à Bougival (2) , il avait 37 ans.
Carmen à Nancy
Les 150 artistes de l’Opéra National d’Ukraine Lviv (orchestre, chœurs et ballets) et des artistes lyriques étaient dirigés par le maestro Grigori Penteleïtchouk. Un moment que j’apprécie avec beaucoup de tyransports est l’accord des instruments ! J’aime cette tension vers l’accord parfait après la cacophonie .. les violons, les violoncelles, les cuivres.. Cela m’évoque une société très composite qui parvient à s’accorder.. en ces temps d’élection, c’est encore plus pregnant.
La mise en scène est de Juan Conchillo Tudela qui a su créer une chaude ambiance très espagnole, tragique, où rode la mort .. peut être manquait-il un peu de sensualité.
Peu de décor, les costumes sont très beaux, aux tons clairs, très raffinés. Toutefois, j’aurais aimé que les robes des bohémiennes soient plus colorées et chamarées, plus goyesques. Les danseurs de la troupe Flamenco de Grenade étaient magnifiques, dynamisants, de grands talents, les ballets flamboyants. Les solistes ont aussi été sélectionnés par Eve Ruggieri.
Carmen est incarnée par Marie Kalinine. « Révélation 2007 », elle a une évidente présence, elle est belle, sauvage, ensorceleuse, assumant sa féminité envoûtante, une force de jeunesse et de liberté émane de cette Carmen.
Micaella, naïve et blonde m’a semblé fade. Ce personnage qui n’existe pas dans la nouvelle originale de Prosper Mérimée, est destiné à faire contraste avec la sulfureuse Carmen et faire repoussoir à sa sensualité .. Réussi ! Nathalie Manfrido, Révélation 2006 pour les Victoires de la musique classique, est une jolie mezzo soprane à la voix claire et diaphane mais ne m’a pas ému dans ce rôle. Monsieurmonmari a beaucoup apprécié.
Je ne suis guère réceptive aux voix de ténor.. des voix masculines en général ; la voix de Philippe Do m’a faite vibrer.
J’en fus fort surprise.. même Escamillo/ Sébastien Soulès. Intriguée, j’ai réécouté Philippe Do dans d’autres rôles. Même cause, même effet ! Je suis conquise. Né en France, d’origine vietnamienne, Philippe Do, diplomé de l’ESSEC, fait ses débuts au sein de la troupe de l’Opéra National de Lyon. Il a remporté de nombreux concours et chante sur les plus grandes scènes d’Europe. Au cours de la saison 2011/12, il chante à l’Opéra Royal de Versailles, à l’Opéra-Comique de Paris, à Sofia, Belgrade et St Petersbourg. Ses deux derniers enregistrements, sous la direction de Jean-Claude Casadesus (3) ont été primé par la presse( 4).
J’aime beaucoup la fin de cet opéra. L’orchestration permet que l’on assiste à deux tableaux, celui de l’arène et celui du drame avec passion et grandiloquence. L’acmé étant les ovations traduisant Escamillo vainqueur et le dernier soupir de Carmen.
Un très beau moment, beaucoup d’émotions. Le public est enchanté, les applaudissements sont très nourris. Ce n’était surement pas un public familier des salles de concerts et d’opéras mais le fait de permettre à un plus large public l’accés à ces chefs d’oeuvre est belle. L’opéra et la musique classique ont la réputation d’être un plaisir d’intellectuels, de connaisseurs, d’être réservés à l’élite. La musique est à vivre avec et dans son coeur, vibrer, ressentir.. et peut-être que sans cette connaissance, l’émotion suscitée est plus authentique. Devant nous, un couple de personnes agées- 75 ans- échangeaient des regards ébahis, des « c’est beau » émouvants. La dame a applaudi à tout rompre comme une enfant, spontanée et ravie. C’est l’effet de la musique et l’opéra.
Je ne résiste pas à vous proposer un extrait de Romeo/ Philippe Do et Juliette à la Fenice di Venicia ..
Aimez-vous l’opéra ? Carmen ?
Quel est votre opéra préféré ?
Photographies: Carmen – Célestine Galli-MariéOper, Carmen Bizet (franz. Text unten)Bild von der Uraufführung am 3. März 1875 Opéra Comique, Paris– Marie Kalinine, ici aux côtés d’Ève Ruggieri est Carmen Photo DR– – Philippe Do-