Dès la sixième, l’Egypte m’a passionnée avec ses grands mystères. Je rêve encore d’être une archéologue… Et bien, c’est presque chose faite avec la science participative. Certes, je ne foule pas le sol de mes pieds brodequinés – arpenter les terrains de fouilles en Louboutin, ce n’est pas aisé.. encore que -, je ne gratte pas à la recherche du temple perdu. Mais soyons positive, je ne risque pas la malédiction de la Momie.
Les archéologues et les historiens sont amenés à exploiter des masses d’informations qu’il leur est difficile de traiter. C’est le cas des études historiographiques qui consistent à analyser des traces écrites difficiles à décrypter. Chris Lintott de Oxford University’s Department of Physics dirige le projet Zooniverse dont the Ancient Lives project fait partie. Il est sûr que le public peut aider à traduire les «incroyables textes perdus « .
A la recherche de papyrus d’Oxyrhynchus
Sur le site ancientlives.org, le commun des mortels peut participer à faire connaître le quotidien des Égyptiens de l’époque Gréco-Romaines en traduisant des écrits. Je participe à déchiffrer des papyri retrouvés lors de fouilles par les Anglais en 1882, près du village de Oxyrhynchus, au sud de Memphis – non, pas chez Elvis -, sur les bords du Nil, à 160 kilomètres du Caire.
Elles furent abandonnées, jugées sans intérêt jusqu’à ce que deux jeunes archéologues, Bernard Grenfell et Arthur Hunt, membres du Queen’s College -Université d’Oxford, réalisent que ces tas de détritus étaient en fait des papyrus des archives de la ville. Lors de leur première campagne, ils mirent à jour des extraits de plusieurs pièces perdues de Sophocle, comme l’Ichneutae.
En Janvier de 1897, un papyrus contenant l’Évangile apocryphe de Saint Thomas a été déchiffré, puis un fragment de l’évangile de saint Matthieu. Ces découvertes éveillèrent la considération du public. Les deux archéologues proposèrent à des journaux anglais, des articles où ils exposaient l’intérêt de leurs recherches ainsi que des photos pour lever des fonds afin de continuer.
Ils consacrèrent leur vie à cette tâche : Jusqu’en 1906, tous les hivers – le climat égyptien étant favorable -, Grenfell et Hunt fouillaient les remblais de détritus avec des centaines d’ouvriers Égyptiens, exhumant, par paniers entiers, des papyrus mêlés de terre. L’été, à Oxford dans leur laboratoire, ils nettoyaient, classaient, traduisaient, reconstituaient des textes complets. Ils travaillaient en étroite collaboration. Lorsque Grenfeld mourut en 1920, Hunt continua l’oeuvre jusqu’à sa mort en 1934, une équipe italienne ayant repris les fouilles. 700 boîtes de papyrus, environ 500.000 fragments, ont été acheminé à Oxford, où Grenfell et Hunt avaient ouvert une nouvelle branche de l’étude : la papyrologie.
Depuis Grenfeld et Hunt, les objectifs des recherches ont évolué : l’aspect littéraire ou religieux est quelque peu délaissé au profit de l’étude de la vie quotidienne, des mœurs et us de la vie politique de cette époque antique.
La plupart des documents étudiés sont des contrats de mariage, des titres de propriétés, des baux, des testaments, des poèmes, correspondances militaires, administratives, religieuses, des écrits philosophiques. Tous ont été numérisés. En raison du nombre énorme d’images, les chercheurs ont besoin de bénévoles pour cataloguer ou transcrire le texte en utilisant une simple interface Web, qui affiche des textes à la fois connus et inconnus.
La tâche des cyberpapyrologues-apprenti Champollion – ce que je suis devenue – consiste à saisir caractère par caractère dans une base de données et proposer une correspondance. Lorsque toutes les lettres ont été translittérées, le travail est transmis aux chercheurs pour vérification.
Les textes seront rassemblés par L’Egypt Exploration Society qui travaille sur l’époque gréco-romaine, dans un ouvrage The Oxyrhynchus papyri, dans une série Mémoires. De belles découvertes ont déjà été recensées, comme des lettres d’Épicure, une pièce de théâtre d’Euripide, Mélanippe le Sage..
C’est fascinant et déstressant. Lire et déchiffrer des textes ou des lettres écrites il y 100 ans est très émouvant et excitant.
Iconographies: un pilier, rare vestige de la ville d’Oxyrhynque.(image : http://www.touregypt.net) – Carte de l’Egypte situant le site d’Oxyrhynque et de Nag Hammadi. (image : http://www.nag-hammadi.com)- Bernard Grenfell and Arthur Hunt at Oxyrhynchus Par The Egypt Exploration Society – manuscrit numéro P.Oxy. II 209/p10. Découvert en 1899 par Hunt et Grenfell, il présente les 7 premiers versets de la lettre de Paul aux Romains. – Oxyrhynchus Papyrus 5072 (3ème siècle après JC), l’Evangile non canonique. Photo courtesy of the Egypt Exploration Society and Imaging Papyri Project, Oxford. Photo gracieuseté de l’Egypt Exploration Society et de l’imagerie Papyri projet, Oxford. All rights reserved.
Sources :Ancientlives project – University of Oxford : – Sciences et Avenir
Pour aller plus loin: Oxyrhynchos