Roman conjugal ou…la famille dans tous ses états.
Le titre : La guerre d’hiver
Une allusion à la guerre guerre soviéto-finlandaise ou guerre russo-finlandaise, qui éclata le 30 novembre 1939 et qui finit sans gagnant : Ni l’URSS ni la Finlande n’en sortirent indemnes. Comme dans cette famille.. Aucun ne sortira intact.
Le livre est découpé en trois périodes : novembre-décembre, janvier-mars, juin
La quatrième de couverture
Presque soixante ans, c est l’heure du bilan pour Max Paul. Après avoir connu la célébrité dans les années 1990 lors de la parution de son étude sur la vie sexuelle des Finlandais, le professeur de sociologie a l’impression d’être un has-been qui n’arrive plus à écrire. Sa vie familiale lui donne tout autant de soucis, entre sa femme, Katriina, éternelle insatisfaite qui cherche à tout régenter, et ses filles, l’aînée Helen, enseignante passablement lassée, maman un peu dépassée, et la cadette Eva, étudiante en art rêveuse et désinvolte, plongée en pleine crise existentielle. Reste la jeune et jolie Laura, son ancienne élève venue l’ interviewer à l’occasion de son anniversaire, dont la présence n’est pas pour lui déplaire, mais qui pourrait bien semer la zizanie.
Le roman est agréable à lire, l’écriture de Philip Teir est fluide. C’est un roman très triste. Une vraie satire de la vie familiale, un mode d’emploi de l’usure du couple. Les personnages sont assez apathiques, assez égoïstes. Ils ne sont pas acteurs de leur vie. J’avais envie de leur souffler d’agir, de prendre leur vie à pleines mains. J’ai eu du mal à m’attacher aux personnages.
Max, professeur de sociologie en mal de vivre, avec sa crise de la soixantaine, qui vit dans son passé, qui semble avoir oublié de vivre par manque d’investissement, qui ne comprend pas l’amour même s’il est proclamé sociologue spécialiste de la sexualité, qui est faible. Il n’a même pas conscience que son couple est en crise, de ce que Katriina a besoin. Toutes les petites lâchetés quotidiennes mènent ce couple à la catastrophe.
«Max était réaliste en matière d’infidélité. Il n’imaginait pas qu’il y ait quelque part une nouvelle femme qui puisse le rendre plus heureux. Au contraire, il pensait souvent en rencontrant des femmes : ce rire finirait par m’énerver, au bout d’un moment je ne supporterais plus ce trait de visage, ce serait une horreur de voir ce menton tous les jours.»
En définitive, il est un père qui n’a rien compris à ses filles et ses petits-enfants, un fils qui croyait aimer sa mère et avoir fait ce qu’il devait, un mari qui est dépassé parce qu’il croit qu’avoir «sacrifié » son individualité et avoir été fidèle, aurait pu être une panacée à une vie de famille réussie.
« Mais qu’est-ce que tu fabriques ? songea-t-il en se voyant en entier dans le miroir. Jusqu’alors Max avait été globalement satisfait de son corps, mais il le regardait à présent comme une femme de trente ans le verrait sans doute : ce ventre pendant, ce slip fripé cachant la touffe de poils et le pénis recroquevillé. Sa poitrine pendait, son corps était un peu en forme de poire, surtout vu de profil. Il se campa devant le miroir, banda les muscles de ses bras en rentrant le ventre, ce qui lui donna aussitôt un air plus fort et tonique. Il regrettait de n’avoir rien fait pour ce ventre quand il avait trente ans, ou même quarante, mais à présent il était trop tard. »
J’ai aimé le récit de la tentation de Max, avec son questionnement, ses doutes, son manque d’allant, son envie de jeunisme.
J’ai détesté la scène de ménage dans la voiture.
Un bémol ? La fin est inattendue, elle survient abrupt, sans prévenir.
Synchronicité : Max se met à la pratique du yoga car elle favorise un vie sexuelle joyeuse et active ; je prépare une chronique sur une appli qui a ce même projet.
Le premier roman de Philip Teir
Ce trentenaire finlandais est journaliste et critique. Dans sa jeunesse, il eut pour héros Kafka et Tove Jansson. Il souhaite être un écrivain du contemporain. Il vit aujourd’hui à Tölö, à Helsinki, le quartier où habitent les personnages de la Guerre d’hiver.
Conclusion ? Un livre qui se lit agréablement et qui amène un certain questionnement sur ce qu’il ne faut pas faire pour rater son bonheur.
Avez-vous envie de le lire ?