Nutella, marque déposée
Une pâte à tartiner aux noisettes et cacao « engendrée » le 20 Avril 1964 dans le Piémont par la société italienne FERRERO. Il est fabriqué depuis 1961 à Villers-Ecalles, cité de Seine et Marne. Cette usine en est le premier site mondial produisant environ 108 ooo tonnes par an grâce à ses 800 salariés. Nutella a 3.441.365 fans sur FB ce qui reflète les passions qu’il déchaîne ! Il est champion de la comfort-food et responsables de bien des déboires puisque directement stocké sur les hanches et/ou parce qu’il s’affiche en affreux bourgeons acnéiformes. Je n’ai pas de mérite, je n’ai jamais aimé cela..alors je peux aisément balancer..
Comme beaucoup de mère-Poule, je fus séduite par sa composition alliant noisettes et autres bonnes choses pour la santé de nos chers petits qui plus est, aimaient cela. Aujourd’hui, plus de pot de Nutella dans mes placards depuis que Fille-benjamine ne le souhaite plus .. j’en suis ravie .
Nutella : 40 ans de plaisir selon Padovani
Lors d’une récente ballade dans mon second logis-« ma »librairie « -j’ai vu ce livre. Monsieur Gigi Padovani vous offre des recettes sans imagination puisque la plupart du temps, il s’agit d’ajouter une ou deux cuillerées de Nutella à des recettes classiques- une moitié du livre relatant l’histoire de la marque. Bref, rien de bien original. Il a aussi écrit avec son épouse Clara : » Passion Nutella » qui est plus étoffé car réalisé avec le concours de grands chefs, pâtissiers italiens.
J’avais gardé par devers moi, mes convictions. Ce livre en tête de gondole me prie de vous affranchir sur le sujet.
Nutella, trop riche en huile palme et en sucres
Greenpeace avait épinglé FERRERO parce que la marque ne souhaitait pas préciser si ses produits contenaient des OGM. Cela ne m’avait pas spécialement touché en 2006 car les OGM ne sont pas ma cible:-)..
Depuis 2010, la célèbre pâte à tartiner serait dans le collimateur de l’Union Européenne. Pour lutter contre l’obésité, le Parlement européen souhaiterait mettre en place un étiquetage nutritionnel plus sévère que l’actuel tableau précisant l’énergie, les quantités de protéines, lipides et glucides, acides gras saturés, sel. Selon cette dernière, elle serait trop riche en huile de palme et en sucres et ne serait pas conforme au « profil nutritionnel « défini par Bruxelles. Ferrero, risque de devoir annoncer sur ses étiquettes que son produit est dangereux pour la santé. Les pots de Nutella pourraient se voir enjolivé par un message d’avertissement du type : « Attention, danger, favorise l’obésité« . La résistance s’organise à Alba, dans le nord de l’Italie : Un député de la Ligue du Nord a même fondé un comité « Touche pas à mon Nutella. »
Nutella n’est pas l’unique responsable de nos maux
Merci à Bruxelles de veiller sur notre santé, puisque nous ne sommes vraisemblablement pas capables de savoir ce qui est bon pour nous.
L’objet de mon agacement n’est pas là. L’obésité est un vrai fléau dans nos pays industrialisés. En France aujourd’hui, un enfant sur cinq est en surcharge pondérale, 3,5% sont obèses et 14,3% sont en surpoids. C’est un fait lié à la génétique : 70% des enfant obèses ont un parent en surpoids.
Mais surtout aux mauvaises habitudes alimentaires : à la fastfood, aux E de tout genre, à l’absence de l’éducation au goût, à la pauvreté, à l’inactivité, au style de vie où tout doit aller vite ; L’origine psychologique n’est cependant pas à négliger… Les industriels ont créé un marché avec des aliments à trop forte densité énergétique, présentés en portion, conditionnés pour ne pas nécessiter d’assiettes, de parents, de cuisson-
Chacun se doit d’être un consommateur averti et être à même d’effectuer les bons choix alimentaires. Je soutiens les mesures prises dans ce bon sens : les campagnes « manger 5 fruits par jour»,« bouger», les conservateurs bannis, les sucres diminués (ils se nichent partout, même dans les coulis de tomates)… sont œuvres de Santé Publique. Il est nécessaire d’aller plus loin.
Nutella, quid encore ? Le DEHP
Je déplore le manque de clarté sur les contenants. Selon l’Office Fédéral de l’environnement et rendu public dans le reportage d’Arte diffusé le 27 juillet 2010 on apprend que la pâte à tartiner fétiche des 7 à 77 ans, le fameux NUTELLA contiendrait un phtalate considéré comme le plus dangereux, le DEHP– Phtalate de mono-2-éthylhexyle. Ferrero confirme cette présence de plastifiants dans sa pâte à tartiner, mais en quantité inoffensive selon elle.
Le DEHP est une substance qui permet d’augmenter la flexibilité des plastiques, utilisée depuis les années 1950 dont le marché asiatique abuse. Il est également utilisé dans les parfums, produits de beauté, déodorants, les flexibles et tuyaux de toutes sortes, films et boites plastiques destinés à conserver les aliments – oui, vos fameux TUP..E- les couches, les gants, les dispositifs médicaux -poches de perfusions, cathéters-, sextoys… Le Bisphénol – un autre phtalate- est déjà interdit dans l’industrie des jouets pour sa dangerosité et sera définitivement interdit en Europe fin 2012 -en France, il l’est depuis 2006 (1)– mais il est encore retrouvé dans un produit alimentaire de consommation courante.
Des phtalates responsables de l’infertilité
Une étude italienne a permis de mettre en évidence la présence de DEHP et de son métabolite (MEHP) dans le plasma de femmes enceintes et le sang au cordon ombilical des nouveau-nés : Le niveau de détection étant respectivement de 75% et 72%. Ces résultats suggèrent que l’exposition du fœtus aux phtalates pendant la gestation est étroitement liée à celle de la mère (2). La mesure des métabolites urinaires réalisée chez 60 femmes enceintes de New York et de Cracovie en Pologne a également révélé une exposition aux différents phtalates à des concentrations comparables à celles rapportées dans l’enquête NHANES 1999-2000. Les auteurs concluent que l’inhalation de phtalates, par l’usage des produits domestiques et cosmétiques dans les maisons, est aussi une voie significative d’exposition de la population.
Les phtalates ont des conséquences sérieuses sur la fertilité en agissant comme perturbateurs endocriniens.Ils induisent des stérilités et des atrophies testiculaires chez les foetus exposés. L’INSERM en reproduisant in vitro le développement d’un testicule, a établi que les phtalates étaient «délétères pour la mise en place du potentiel reproducteur masculin dans l’espèce humaine». Dans les pays industrialisés, on estime actuellement qu’un homme produit deux fois moins de spermatozoïdes que son grand-père n’en produisait au même âge…
La députée UMP Valérie Boyer a déposé début juillet 2010 une proposition de loi visant à interdire les phtalates à l’hôpital : les dispositifs médicaux à destination des femmes enceintes, des prématurés, des nourrissons et des enfants pourraient être débarrassés de ces produits chimiques. Proposition qui sera suivie d’une loi.
L’interdiction d’utiliser le DEHP dans les produits cosmétiques, de restreindre l’usage du DBP et du BBP aux vernis à ongles et d’autoriser une concentration maximale de 15% de DEP dans les produits destinés à un usage externe sur le corps et le visage, à l’exception des parfums est également à l’étude depuis 2002 par L’Afssaps.
Les emballages qui tuent
Revenons à Nutella qui est aussi bouc émissaire dans cette affaire d’«emballage qui tue ». Il n’est évidemment pas la seule source de ingestion. « Le DEHP migre de l’emballage vers l’aliment» affirme le Dr Marike Kolossa-Gehring, toxicologue à l’Office fédéral allemand de l’environnement, responsable d’une étude sur le sujet. Et ceci d’autant que le produit est riche en graisses tels le fromage ou la viande.. et le Nutella !
Une étude en Allemagne a démontré sur 600 enfants que 100 % d’entre eux avaient des traces de phtalates. Chez tous les enfants, on retrouve 5 phtalates et chez 20 %, ces phtalates sont en quantité toxique. Les chercheurs de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) ont déclaré que 12% des personnes dépasseraient la dose tolérée pour le DEHP selon la communauté européenne (soit 0,037 mg/kg de poids corporel/jour). Les enfants courent un risque plus élevé car en plus, ils portent à la bouche les jouets en plastique, les phtalates pouvant diffuser dans la salive. (3)
Selon le groupe italien Ferrero, il faudrait manger des quantités énormes de Nutella pour que des risques de stérilité apparaissent.. soit ! Mais il n’est hélas, pas l’unique source de ces fameux phtalates.
Alors Nutella ? Pas Nutella ? En tout cas, free phtalates !
Bibliographie:(1) Décret n°2006-1361 du 9 novembre 2006 relatif à la limitation de l’emploi de certains phtalates dans les jouets et les articles de puériculture. (2) Latini G, De Felice C, Presta G, Del Vecchio A, Paris I, Ruggieri F, Mazzeo P (2003). Exposure to Di(2-ethylhexyl)phthalate in humans during pregnancy. A preliminary report. Biology of the Neonate 83(1):22-4.(3) LES PHTALATES :ÉTAT DES CONNAISSANCES SUR LA TOXICITÉ ET L’EXPOSITION DE LA POPULATION GÉNÉRALE