Quelqu’un me soupçonne d’être orthorexique ? Je me pose quelques questions : est-ce que je passe plus de 3 heures par jour à penser à mon régime alimentaire ? La valeur nutritionnelle de mon repas est-elle plus importante que le plaisir de le déguster ? Ai-je renoncé à des aliments que j’aimais au profit d’aliments « sains » ? est-ce que je me sens en paix lorsque je contrôle et lorsque je mange sain ? Non, oui et non, non, oui. Suis-je orthorexique ?
Qu’est-ce que l’Orthorexie ?
Ce mot vient du grec orthos « droit » définit un trouble du comportement alimentaire qui consiste en une obsession de l’alimentation saine.
Ce terme a été utilisé pour la première fois par le docteur Steven Bratman M.D. médecin du Colorado. Les premiers orthorexiques étaient décrits comme des « health food junkies », comme de vrais « toxicos à la nourriture saine ».
N’est-il pas recommandé de manger aussi sain que possible pour être en parfaite santé et bien vieillir ?
D’accord, on mourra quand même, mais pourquoi ne serait-ce pas le plus tard possible, et dans une forme olympique comme les Okinawais ou ceux de l’île d’Ikaria ?
Suis-je orthorexique ?
Demi Moore, Daryl Hannah.. même Clint Eastwood le sont.
L’orthorexique n’est pas anorexique, boulimique ou obèse : ces personnes ont surtout un problème avec la quantité, tandis que lui est obnubilé par la qualité.
Avec cette définition, j’en suis ! Parfois, manger, c’est me soigner ou me maintenir en santé, et tout aliment peut être un alicament.
Le goût, le plaisir me sont essentiels.. Chez l’orthorexique, ils sont secondaires. Je reconnais que j’ai écarté bon nombre d’aliments que les autres considèrent comme savoureux, mais pour lesquels je n’ai aucune inclinaison : frites, charcuteries, bonbons, viennoiseries, sodas, plats préparés .. C’est avéré, je les conçois comme des poisons..
Comment peut-on, dès lors que l’on s’aime – et surtout ses convives – un tantinet, manger des choses gorgées de mauvaises graisses trans, des trucs poisseux de sucre, des plats en sauce au glutamate, de colorants, d’adjuvants, de conservateurs ?
Comme l’orthorexique qui consacre plusieurs heures par jour à réfléchir à son régime – ce que ne m’arrive presque plus – j’ai cherché, lu les étiquettes afin d’écarter les additifs, les conservateurs, les colorants, la malbouffe produite par une industrie agroalimentaire sans âme, ni respect de ses consommateurs. J’ai compulsé les tables d’indice glycémique, j’ai trouvé le bon épicier, le bon boulanger bio… Je filtre l’eau (1), rejette le BPA, le papier d’aluminium au profit du sulfurisé, jeté mes casseroles et poêles en Téflon, troqué la farine qui en devenant trop blanche a perdu ses sels minéraux, mais garde ses pesticides, pour des farines complètes de toutes céréales ( quinoa, épeautre, pois chiches, châtaigne ..), découvert le soja, les algues, redécouvert les légumineuses…
J’ai abandonné le lait de vache qui est bon pour les petits veaux. Le sucre blanc a presque disparu de mes placards – il reste des irréductibles- et confectionne mes desserts avec du sucre de coco, des dattes, du jus de raisin. La viande n’est plus au centre de mes menus.
J’achète mon thé vert Sencha à Montréal chez Madame Uchiyama (avis à ceux qui s’y rendent ), je suis à l’aube de faire mon pain. (encouragée par A.L.) (2), je suis devenue membre de lanutrition.com, lis Thierry Souccar, Béliveau .. dans le texte.
A quel saint se vouer ? Les nutritionnistes, les diététiciens, l’AFPSA, les diétogourous de toute obédience énoncent des vérités inquiétantes. Dès lors, il est tentant de se faire végétarien, végétalien, granivore, crudivore, hygiéniste ou macrobiotiste…
«Son alimentation épurée a tendance à l’éloigner de sa famille, de ses amis, qui eux continuent de s’empoisonner» lit-on sur orthodoxia.com. J’adore les repas en famille, même si parfois, je ne mange pas comme tous, les bons restaurants – est ce être orthodoxique de préférer les restaurants avec étoiles ? Je respecte les choix des personnes qui se nourrissent différemment de moi, je ne suis pas une « terroriste de la nutrition» , ne cherche pas à convaincre.. J’informe tout au plus, et encore.
«On aurait tort de prendre les orthorexiques à la légère, car ils ne rigolent pas. Ils sont la manifestation d’un nouveau puritanisme, d’une intolérance aux plaisirs gratuits, aux petites joies simples et sans prétention de l’existence» ajoute Steve Bratman. Là, je m’éloigne.. Ouf ! J’ai une ordonnance pour minimum 4 plaisirs par jour..
Dans son livre « Health Food Junkies», Bratman propose les caractéristiques de l’orthorexique : perte de poids, refus de manger les aliments préparés par d’autres, de manger hors de chez soi, planification des menus plusieurs jours voire semaines avant, dépression, socialement isolé, perte d’intérêt dans les activités, les amis, le travail, TOC, qualité de vie dégradée alors que la qualité de la nourriture s’est améliorée, culpabilité ..
C’est sûr, je ne suis pas une vraie orthodorexique. Juste à tendance à manger healthy ? Il n’y a pas de mal à se faire du bien.. avec plaisir et en bonne compagnie.
Mise à jour le 10 novembre 2014 : (1) Nous avons depuis acheté un aqualaugil à osmose inversée, l’eau filtrée est distribuée directement avec un robinet et relié aussi au réfrigérateur. Une merveille ! (2) J’ai renoncé, et je ne mange plus de pain pour mon plus grand bien.
Sources : “Health Food Junkies. Orthorexia Nervosa : Overcoming the Obsession with Healthful Eating”, Steven Bratman, David Knight, Broadway Books, New York, 2001. Internet : www.orthorexia.com
Icônographie : – dessin Xavier Gorce- Le Chat de Geluck revu et corrigé par mes soins pour les besoins de la cause..Qu’il m’en excuse!
C’est vrai que si on veut savoir ce que l’on mange, il faut étudier les compositions.
en effet, j’ai beaucoup étudié car nous trouvons tout et son contraire. Merci Annette