Quand les réseaux sociaux comblent nos besoins primaires
J’ai lu dans psy & geek, un sondage anglo-saxon commandé par Travelodge qui montre que plus de 70% de personnes interrogées consultent leurs réseaux sociaux avant d’aller au lit et 18% twittent en pleine nuit… Corinne Sweet, psychologue, commente ce sondage en précisant que “nous sommes devenus une nation d’internet-holiques ”. Cette dépendance viendrait du fait que Facebook satisferait parfaitement nos besoins primaires que sont le besoin d’affection et de bien être, et ce 24h/24.. En allant faire notre petit tour sur le réseau social avant de se coucher, c’est faire ce que fait une bonne mère de famille qui vérifierait que tout va bien ! Oyé Bonnes Gens, dormez tranquilles ! Facebook est alors utilisé comme sécurisant, pompe à tourments .. comme Doudou ..
S’endormir n’est pas une chose simple pour les touts-petits et même les adultes. Certains ne peuvent s’endormir qu’en ayant leur coussin cervical parfumé ou aux noyaux de cerises. D’autres doivent siroter leur tilleul ou plus corsé, ont besoin d’avoir un livre à la main, avoir fait l’amour.. Ces rituels dérivent de ceux que nous avions enfants :l’histoire, le baiser de maman , sucer son pouce, serrer amoureusement sa peluche favorite… notre fameux Doudou.
Un histoire de doudou ou de poupée-fleur
C’est en 1951, que le psychanalyste anglais, Donald W. Winnicott, désigne sous un terme nouveau cet objet particulier auquel les bébés s’attachent avec passion: de Nounours ou bout de chiffon, il devient « objet transitionnel ». Ses thèses traversent la Manche : Le doudou est toléré en privé, mais ignoré en collectivité. Hors de question que ce nid à microbes franchisse le seuil des crèches ! Mais en 1971, Winnicott persiste et signe: Non seulement cet objet doit être emporté partout, mais en plus il doit être accepté sale et sentant mauvais ! En France les progrès en matière de psychologie de l’enfant pénètrent peu à peu les milieux de la petite enfance, sous l’influence de Françoise Dolto.
Le doudou fait son entrée dans un petit cercle de professionnels initiés. Il faudra attendre 1980 pour qu’il fasse l’unanimité et acquière ses lettres de noblesse. Il existe même, des « assurances remplacement » en cas de perte ! Le comble du bonheur étant d’être dans les bras de maman avec son doudou. Boris Cyrulnik explique que « Le doudou est notre tranquillisant naturel, Les enfants jouent avec un jouet mais ne jouent pas avec leur doudou. C’est un symbole,c’est-à-dire que cette chose réelle, douce, odorante, familière, représente le pouvoir tranquillisant de la mère ». Cet objet transitionnel sert à l’enfant à acquérir une autonomie en le rendant capable de se rassurer, de se réconforter seul.
Françoise Dolto n’était pas du tout une fan du doudou.. on le confond souvent sa « poupée-fleur » : une tige recouverte de tissu vert avec une tête de marguerite, qui pouvait servir de support à l’enfant pour sortir de toutes sortes de pathologies. F.D. préférait le langage : la mère en nommant les objets autour de l’enfant, les » mamaïsait » – j’adore ce néologisme doltoïen – , les chargeant d’amour. En son absence, la mémoire de ses paroles et de ses gestes habite l’espace qui la sépare de son enfant. Ils fonctionnent comme représentants d’elle.
75 000 doudous sont oubliés chaque année dans les établissements de la chaîne hôtelière TRAVELODGE. Sur 6.000 personnes interrogées pour l’enquête, 35% déclarent emmener leur peluche avec eux en voyage, l’objet leur rappelle leur maison, et compense l’absence de leur partenaire et note que l’étreindre après une durée journée de travail aide à abaisser le niveau de stress . Or la plupart des voyageurs sur Travelodge sont des hommes… N’est ce pas attendrissant ?