Rétrospective de Madame Grès au musée Bourdelle
Olivier Saillard a eu cette belle idée de rétrospective parmi les sculptures helléniques de celui qui fut l’élève de Rodin. Elle fut honorée à NY au Metropolitan Museum « Great Grès» en 1994, et au Musée Bourgoin-Jallieu :« Madame Grès, entre ombre et lumière» en 2003 et en 2007 « Madame Grès, Sphinx of Fashion »à New York , Fashion Institute of Technology.
Superbes hommages à celle qu’on l’appelait « La Grande Grès » et « L’Eminence Grès »
Sa vie fut confisquée après de malheureux et sordides différents financiers dès la cession de sa Maison à Bernard Tapie (1) en 1984. Des années très difficiles s’ensuivent.. jusqu’en 1988 où elle tire sa révérence après la présentation de sa dernière collection de 21 modèles seulement.
Elle voit le jour le 30 novembre 1903, dans le XVIIème. Germaine Emilie Krebs -de son vrai nom – est attirée par la sculpture. Elle dira d’ailleurs, travailler le tissu comme la pierre. Elle aime aussi le dessin, la danse, mais ces métiers n’ayant pas l’agrément de ses parents, elle apprend la couture à dix sept ans, auprès d’une Première d’atelier d’un grand couturier, en deux mois. Heureusement, oserai-je dire !
Le 17 avril 1937, elle épouse le peintre russe Serge Anatolievitch Czerefkow, dit Grès. Grès était l’anagramme de son prénom avec lequel il signait ses tableaux. Il la quitta à la création de sa maison.
La maison de couture Madame Grès au 1, rue de la Paix
Elle créé sa propre maison suite à un désaccord financier avec la Maison Alix, en 1942. Dès lors, son style s’affirme dans des drapés somptueux en jersey de soie ; elle eut l’idée de demander aux fabricants une étoffe en jersey de soie, qui n’existait pas auparavant, aux airs classiques ou orientaux inspirés aussi de la technique des Origamis ou pliages japonais. En 1933, la maison Alix Barton, dirigée par Julie Barton et son associée, « Mademoiselle Alix » – surnom de Germaine Krebs – ouvre au 8, rue de Miromesnil.
Alix réalise les costumes de La Guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux – cela dit en aparté, j’adore cette pièce- mise en scène par Monsieur Louis Jouvet au Théâtre de l’Athénée, en 1935. Ses tenues drapées rencontrent un vif succès. J’oserai dire, évidemment.
Le pli Grès est sa création
Avec ce textile lourd et souple, elle réalise des robes d’inspiration antique, aux drapés ingénieux et audacieux. Le mannequin est drapé dans la pièce de tissu, telle Dame Scarlett confectionnant sa robe dans les tentures de Tara, elle étudie le rendu et coupe, ce qui est, dit elle, la phase la plus critique, très délicate.
Les plis sont formés à même le modèle, pendant la construction de la robe, puis sont cousus.
Elle réduit une pièce de tissu de 2,80 m à 7 cm, grâce à ses fameux plis. Elle s’insurgeait parfois de leur importance : «On parle toujours de mes drapés ! Bien sûr, ils existent, mais il n’y a pas que cela. D’ailleurs, je n’en présente jamais plus de deux ou trois par collection sur soixante modèles.»
Sa méthode n’a jamais changé. Elle a travaillé avec un modèle vivant. Elle a coupé, épinglé et fixé la toile elle-même. Elle a également conçu la coupe dans le biais, loin du corps (le biais suivant habituellement le corps) et robes caftans de brocarts dorés , failles, lin, soie, satin et organdi. Ses vêtements de jour en cuir, en laine douce, tweeds et plaids sont à capuchon, manches chauve-souris, en forme de kimonos ou de cape.
Pour le cinéma, elle signe avec Elsa Schiaparelli – j’adore – en 1945, une partie des costumes de l’admirable Dames du bois de Boulogne de Robert Bresson, en habillant Maria Casarès.
« Un dictateur déguisé en souris»
C’est ainsi qu’Edmonde Charles-Roux la décrivait ! Cette très petite femme de 1,50 m, au regard malicieux, son turban en jersey sur la tête – adopté en 1940, il deviendra emblématique-, en pull et col roulé – elle ne porte jamais ses créations -, elle veille silencieusement à tout. Elle a travaillé 365 jours par an à la production de près de 350 modèles. Sa réputation devient très vite, internationale ; elle parera les plus belles femmes : de La Bégum, Jackie Kennedy, Greta Garbo, Grace Kelly, la duchesse de Windsor…
Son parfum Cabochard est un succès dès sa sortie 1959. En 1962, elle lance Grès Mademoiselle, pour les jeunes filles.
Elle reçut le premier Dé d’or de la couture créée par Cartier en 1976 .
Elle fut la dernière à lancer une collection de prêt à porter en 1980 ce qu’elle appelait de «la prostitution».
Un distributeur de mode japonais Yagi Tsusho a acheté le nom de Madame Grès en 1988 et a développé la marque au Japon. Le designer Frédéric MOLENAC a rejoint la maison de Grès en 1995 pour lui redonner de l’éclat.
À l’été 2002, le styliste japonais Koji Tatsuno prit le relais, très respectueux de l’héritage de Madame Grès, et entend poursuivre son style de drapé en utilisant des techniques nouvelles et modernes et de conserver la beauté et l’élégance.
Mais, il est difficile de réveiller l’esprit de Madame Grès
Madame Grès a influencé beaucoup de créateurs actuels : Azzedine Alaïa (2) , Issey Miyaké (3), Valentino (4), Norma Kamali, Mary McFadden (5),Tilda Swinton.. pour ne citer qu’eux.
Elle décède le 24 Novembre 1993, sa mort n’est pas rendue publique.
J’ai fait un premier choix, dans la collection Grés. Qu’en dites -vous ?
Sources: Voyez l’excellent et respectueux diaporama de JOURNAL DES FEMMES: » Une exposition rend hommage au talent de madame Grès ». Pour en savoir beaucoup plus sur Bourdelle : Chemin de la mémoire – « Mademoiselle Alix » du « banc moussu » Biographie : site « parfums Grès » – « Grès » pour en savoir plus aussi sur les plissés (1) Repères biographiques de Toutpourlesfemmes.com – (2) Conçoit la fameuse robe drapée aux couleurs du drapeau français portée par la cantatrice Jessye Norman lors de son interprétation de La Marseillaise,au défilé du Bicentenaire de la Révovolution françaaise mis en scène par Jean-Paul Goude, place de la Concorde le 14 juillet 1989 (3) Issey Miyake produit une ligne de vêtements entièrement plissés: Pleats Please.(4) Sa première collection est consacrée aux tissus nobles et au rouge qui deviendra sa couleur de prédilection. Il signe sa deuxième collection en 1969. Entièrement blanche, elle est consacre à Jackie Kennedy. Il lui a dessiné une robe de dentelle pour son mariage avec Aristote Onassis
Photographies: Madame Grès- Jean Moral. Photographie pour Madame Grès. Collection hiver 1954. photo Boisgirard Provence-Côte d’Azur – les drapés pour la guerre de Troie –