La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne (Santa Anna Metterza), aussi appelée La Vierge à l’Enfant avec Sainte Anne, est de retour au Louvre. Ce tableau de Léonard de Vinci, peinture à l’huile sur panneau de peuplier a été restauré méticuleusement pendant deux ans. Il est le chef d’oeuvre d’une superbe exposition qui se tiendra jusqu’au 25 juin 2012 dans la galerie du Louvre, avant de prendre ses quartiers temporairement, à Lens où le Louvre ouvre une antenne.
La sainte Anne de Léonard de Vinci
Trois personnages grandeur nature : au centre, la Vierge assise sur les genoux de Sainte Anne, sa mère. À ses pieds, l’Enfant Jésus qui enlace un agneau sacré, en emblème du sacrifice semble s’échapper des mains de sa mère.
Initialement sur les cartons préparatoires, Saint Jean enfant devait figurer à la place de l’agneau comme quatrième personnage. L’éclat du lapis-lazuli, les drapés rouge et gris, les bleus pâles du paysage ont été dynamisés par la restauration. La délicatesse, la pureté, la douceur des visages sont accentuées par le sfocato-effet vaporeux, obtenu par la superposition de plusieurs couches de peinture extrêmement délicates avec des pinceaux très fins – technique mise au point par Léonard lui-même – qui donne de la profondeur. Le jeu des regards est émouvant car cela me donne l’étrange impression que chacun se regarde mais n’échange aucun regard.*
Vincent Delieuvin, le conservateur du musée du Louvre a mené de véritables recherches « policières » pour raconter l’histoire de cette exceptionnelle peinture qui fut l’obsession du Génie. La première esquisse date de 1500, son dernier coup de pinceau de 1519 à sa mort. Cette œuvre a été acquise par François Ier au décès de l’artiste. Sortie des collections royales à une date inconnue, elle est achetée par le cardinal de Richelieu en 1629 à Casale Monferrato ; elle est donnée par celui-ci à Louis XIII en 1636 et devient possession de la Couronne de France.
L’exposition réunit des archives liés à ce tableau : lettres, documents, dessins, cartons, ainsi qu’une cinquantaine de copies réalisées au XVIe et XVIIe siècle. Au total, 135 oeuvres provenant notamment de la National Gallery de Londres ou du MET à New York, au côté de l’oeuvre originale. Ces documents permettent de retracer toutes les étapes de la création et de découvrir comment travaillait l’artiste.
Les théories de Freud et Léonard de Vinci
L’oeuvre est aussi connue grâce à Freud qui admirait Léonard. Selon l’analyse freudienne, son oeuvre mettait en évidence l’homosexualité de Léonard de Vinci (1). Dans l’essai » Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci » publié en 1910, Sigmund décrit Léonard comme végétarien – il « refusait, à ce qu’on dit, l’alimentation carnée parce qu’il ne trouvait pas justifié de ravir la vie aux animaux » – « chaste » et « abstinent », donc, et ce jusqu’au point où il est même « douteux », nous dit Freud, « que Léonard ait jamais étreint amoureusement une femme » et, ajoute,« on n’a pas connaissance non plus d’une intime relation d’âme à âme avec une femme ». Freud et ses théories ..
Léonard, artiste et inventeur est le Génie de tous les temps. Ne boudons pas notre plaisir.. Vite au Louvre afin admirer cette exposition qui aura un retentissement au-dela de nos frontières..
Addenda : Pour les plus casaniers, Arte a co-produit avec le Louvre notamment, un documentaire de Stan Neumann sur La restauration du siècle, qui sera diffusé sur la chaîne le 8 avril à 15H45. Il est déjà disponible en DVD.
iconographies: affiche de l’exposition – l’oeuvre: la Vierge,l’enfant Jésus et sainte Anne » Première esquisse où St Jean figurait
Source: (1) p. 211, 213 et 215 de l’édition bilingue (2) Texte de l’intervention au séminaire interne de l’École Psychanalytique de la Salpêtrière (EPSa – Sexe-poser) le mercredi 14 décembre 2005. (3)
Pour en savoir plus: Biographie de Léonard- Daniel Mesguish lit » Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci »