« L’avenir est un présent que nous fait le passé. » disait André Malraux. Je suis une adepte du vivre le temps présent et tente de ne point trop faire des plans sur la comète qui empêchent de le vivre et de m’accommoder de ce qui se présente, sans pour autant être dans la résignation.
Les Français ne se sont jamais autant rués chez les astrologues et les voyants. Un phénomène de société qui s’intensifie, dopé par la crise et Internet.
L’horoscope nous plonge dans le monde du rêve, et nous immerge inconsciemment dans ces temps heureux de notre enfance où nos parents ou grands-parents nous contaient de merveilleux récits mêlant fées, princes charmants qui épousaient de si belles princesses. « C’est un refuge contre l’angoisse, dans un monde de plus en plus matérialiste et individualiste » précise Gérard Morel, psychothérapeute.
Le signe répond à notre quête d’identité. Si le Capricorne est solitaire, je me pose la question de savoir si cela me correspond. J’ai déjà entendu dire : « Untel ne serait pas Lion ? Il aime tellement occuper le devant de la scène ! ». Selon un sondage SOFRES réalisé pour le Figaro Magazine, 46 pour cent des Français pensent que les caractères s’expliquent par les signes astrologiques.
Je n’ai jamais consulté de voyantes et ne lis plus mes horoscopes. J’ai tout de même commandé, adolescente, mon thème astral pour me connaitre… Jeune adulte, j’ai préfèré travailler sur moi-même, ce qui est le meilleur moyen de me connaître et de me protéger des prétendus maîtres qui savent tout sur moi, mieux que moi… Les astrologues, voyantes, cartomanciennes et devins peuvent se prévaloir de l’intérêt croissant de la population car leurs effectifs ont augmenté de près de 10%. Pour beaucoup de personnes lire son horoscope fait partie, aussi, des loisirs ou des habitudes divertissantes car elles ne sont pas entièrement dupes. D’ailleurs, elles s’arrangent souvent pour trouver la prédiction qui leur conviennent le mieux.
Harry Potter et la tasséomancie
Je ne suis pas fan d’Harry Potter et je suis une enthousiaste amatrice de Thé devant l’éternel. Les activités du cours de divination les plus mises en scènes lors des fêtes sur ce thème dans Harry Potter sont la chiromancie – interprétation des lignes de la main – lecture dans une boule cristal et la tasséomancie – de l’arabe tass, qui signifie tasse, et du grec manteia, prophétie ou encore Tédomancie, pratique divinatoire consistant à lire l’avenir dans les feuilles de thé. Cette méthode apparait dans Harry Potter T3 – le prisonnier d’Azkaban lors d’un cours de divination du professeur Trelawney.
Origines de la tasséomancie
Cette méthode divinatoire est née en Chine, probablement au cours du Vie siècle. Le thé noir – parce qu’il se conservait plus longtemps – fut introduit en Europe par les Néerlandais en 1606 par un navire hollandais de la Dutch East Company. Il embarqua à Java quelques caisses de thé, échangées contre des caisses de sauge. Il arriva en 1653 en Angleterre. Anna Maria Stanhope, septième Duchesse de Bedford et Marquise de Tavistock (1783-1857), dame d’atours de la reine Victoria, imposa sa touche : Elle se fit apporter un plateau avec du pain, beurre et gâteaux, avec son thé, afin d’enrayer sa faim avant le dîner servi fort tard. Trouvant cette collation fort agréable, elle en fit un rituel. Elle invita ses amies à papoter en buvant le thé avec des petits gâteaux dans l’après-midi, dans son boudoir du manoir de Woburn Abby (1) (2).
En Angleterre, cette pratique se formalisa sous le nom de five o’clock Tea ou Afternoon Tea que les Français redécouvriront au XIXè siècle.
J’ai adopté le rythme britannique pour siroter mon thé : les Anglais boivent du thé dès le saut du lit, Early Morning Tea avec des gâteaux secs (je n’ai pas opté pour cet ajout), suivi du Breakfast Tea, lors d’un petit déjeuner copieux (mon petit déjeuner est plus frugal à base de fruits et yaourt au soja), puis la tasse de thé de 11 heures ( je le prends après le déjeuner, parfois en lieu et place), puis le fameux Five o’clock Tea, et la dernière tasse de la journée, dégustée après le dîner.
Au milieu du XVIIe siècle, la consommation de thé s’étant généralisée un peu partout en Europe, les diseurs de bonnes aventures prirent l’habitude de lire dans ses feuilles.
Cet art divinatoire n’était pas entièrement nouveau pour les Européens puisque, dans l’Antiquité, les Romains pratiquaient l’ « oenomancie » – Divination qui se faisait avec le vin destiné aux libations – et que les devins du Moyen Age, la « kéromancie (céromancie) » lorsqu’ils étudiaient les dessins et symboles obtenus par de la cire fondue- ou du plomb pour en tirer des présages.. Cette dernière a graduellement été supplantée par la lecture des feuilles de thé.
Mais la tasséomancie exigeait un certain nombre de connaissances : savoir préparer une tasse de thé pour la lecture et interpréter des dizaines, voire des centaines de formes différentes.
Sa popularité a légèrement – ouf !- chuté, ces dernières années en raison de l’apparition des sachets, inutilisables pour prédire l’avenir ! Quelle déveine ! J’ai même découvert qu’il existait des ensembles tasses-soucoupes pour exercer plus aisément l’art divinatoire.
Dès les XVIIIe et XIXe siècles, les apprentis sorciers pouvaient acquérir de petits ouvrages expliquant les bases de la tasséomancie. Aujourd’hui encore, tel Harry Potter à Poudlard, grâce à Jane Lyle qui l’a appris de sa grand-mère, si votre avenir vous inquiète ou si devenir «né-moldu», vous tente !
Je préfère suivre le conseil de Franz Schubert : « Jouis toujours du présent avec discernement, ainsi le passé te sera un beau souvenir et l’avenir ne sera pas un épouvantail.» et je déguste, sereinement du Yuncui imperial bio aux notes insaisissables de châtaignes…
Attention n’oubliez pas votre Nimbus 2001 ! Ah ! Vous ne possédez qu’un Brossdur 11 ?