Katsushika Hokusai 葛飾 北斎, le « Vieux Fou de la peinture »
Hokusai est mondialement connu. Son nom est peut – être difficile à mémoriser – d’autant qu’il en changea une cinquantaine de fois : Shunro, Tawaraya Sori, Hokusai Tomisa, Taito – sous lequel il créa des Mangas – Fusenkyo Iitsu, Katsushika Manjirōjin..(1) Mais qui n’a pas vu » Sous la grande vague » ?
Il est reconnu comme père du Manga, mot qu’il a inventé signifiant « esquisse » , « image dérisoire », « œuvre non aboutie » ou « dessin au fil de la pensée ».
Hokusaï, contemporain de Voltaire et d’Hugo, subjugua les impressionnistes Degas, Monet, Gauguin, Van Gogh et influença les Symbolistes. Les frères Goncourt (2) furent aussi séduits. Pourtant, il mourut, dans la pauvreté en 1849, ignoré de l’aristocratie japonaise.
Hokusai, le spécialiste de l’Ukiyo-e « image du monde flottant »
Artiste pratiquant tous les genres et doué d’une énorme capacité de travail, il fut calligraphe, peintre, dessinateur, graveur, écrivain. A travers ses œuvres souvent symboliques, Hokusai raconte la vie quotidienne au Japon. L’artiste met en scène de belles femmes – il est aussi auteur d’estampes érotiques shun-ga, littéralement images de printemps -, des hommes ventrus, de paysans, marchands, des lutteurs de sumo, des acteurs, d’animaux, des démons horribles… Il raconte à travers de nombreuses peintures la beauté de la nature japonaise. Les 46 vues du Mont Fuji rendent un hommage vibrant à cette montagne sacrée en la montrant sous différents point de vue, sous diverses situations climatiques, à l’aube, au crépuscule..
Parfois, il présente en premier plan des hommes. Est-ce parce qu’il était shintoïste et bouddhiste fervent qu’il représenta les humains dans leurs activités ordinaires, en harmonie avec la nature ? Sa démarche est humaniste, il nous émeut encore parce qu’il a su saisir l’âme humaine en général et japonaise en particuliers, et à pénétrer les mystères de la nature. Il a su allier son orientalisme en le teintant d’occidentalisme.
Hokusai et le musée Guimet
Le musée Guimet a déjà offert une rétrospective HOKUSAI « l’affolé de son art » d’Edmond de Goncourt à Norbert Lagane en 2008. Depuis, les œuvres précieuses étaient retournées en réserve, en raison de leur grande fragilité. Une nouvelle présentation jusqu’au 10 décembre 2012 nous offre « Sous la grande vague « œuvre exceptionnelle signifiant la fragilité de l’homme face à la nature, avec 9 des 46 estampes consacrées au Mont Fuji, le Guerrier sur un cheval cabré, des démons. Une quarantaine de peintures, estampes et dessins.
» Sous la vague, au large de Kanagawa ‘de Hokusai
Nous en avons une magnifique reproduction, mise en évidence et en valeur. J’aime m’y plonger. Etre en présence de l’original fut un nouveau moment d’émotion.. Cette vague démesurée qui prend toute la place, noyée dans le bleu de Prusse (3) et guide le regard vers le Mont Fuji, les pécheurs si fragiles qui risquent d’être engloutis.. Je sens leur courage, leur fatalisme face à cette force, effet rendu avec si peu de couleurs.. En m’y immergeant, je vois des serres, des griffes de dragons, chers à Hokusai qui vont les saisir.. Le vide et la vague qui s’entrecroisent, m’évoquent le symbole yin et yang..
Les démons sont aussi étonnants. Je connaissais peu. L’atmosphère sombre – vous savez que la lumière est nocive aux originaux- et la solitude -très peu de visiteurs lors de mon passage- augmentent la magie de la rencontre.
Toujours en quête de perfection, il écrivait dans la Postface au premier volume des Cent vues du mont Fuji, 1834 «.. Mais je suis mécontent de tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans…. Par conséquent, à l’âge de quatre-vingt ans, j’aurai fait encore plus de progrès; à quatre-vingt-dix ans, je pénètrerai le mystère des choses;.. »
Sur son lit de mort, à 89 ans, il prononce ces dernières paroles : « Encore cinq ans de plus et je serais devenu un grand artiste ».
Il pleut aujourd’hui… Je vais écouter » La mer » de Debussy qui lui fut inspirée par la Vague d’Hokusai. Par le Philharmonia Orchestra et dirigée par le grand Herbert von Karajan, un must ! Si vous avez peu de temps, rendez-vous à la 9 ème minute.
Rendez-vous au Musée Guimet, vous y rencontrerez Hokusai et ferez l’ancienne route du thé. Réservez vos places sur le net.. Vous avez mieux à faire que cheminer dans une file d’attente.. Quoique.. L’attente peut être source de sagesse.
Iconographies: « La grande vague » en une
Pour en savoir plus: vidéo présentant des oeuvres (1) les 50 noms d’Hokusai (2) Hokousai L’art japonais au XVIIIéme siècle d’ Edmont de Goncourt (3) Le bleu de Prusse, appelé également bleu de Berlin, était un pigment seulement importé de Hollande vers 1820. Cette couleur synthétique risquait moins de perdre de l’éclat avec le temps.Le bleu de Prusse était très vite devenu tellement prisé que l’éditeur d’Hokusai lança une édition, en aizuri-e (estampes bleues), des Trente-six vues du Mont Fuji avant d’éditer la série avec les couleurs complémentaires.
Je voudrais utiliser une reproduction d’Hokusai "Garçon assis sur une branche contemplant le mont Fuji". À qui m’adresser pour les droits?
Bonsoir , je ne sais pas;-) est ce une utilisation à but commercial?