Je prends plaisir à écouter l’émission de Olivier Bellamy Passion Classique. J’apprécie son style d’interview, sa pertinence, sa culture et sa façon de mettre l’invité très en lumière. Ce dernier lundi, j’ai fait la connaissance du Père Michel Marie Zanotti – il est russo-corse – , une émission extrêmement émouvante en ce lundi de Pâques. Une de ses madeleines était L’Ave Maria de Caccini. Une merveille qui a une histoire assez originale.
Ave Maria et les musiciens
« Je vous salue Marie », une prière catholique adressée à la Vierge Marie, mère de Jésus-Christ. Aucune prière n’est aussi connue que l’Ave Maria, aussi appelé Salutation Angélique. L’Ave Maria de Schubert est sublissime. Beaucoup de chanteurs s’y sont essayés avec plus ou moins de bonheur dont Céline Dion et même Mylène Farmer ! Je frisonne avec l’interprétation de la Callas. En effet je préfère les voix féminines.
Mais ma préférence va à celui de Gounod interprété par le regretté Maurice André ( en première partie de la vidéo, vous écouterez l’Ave maria de Schubert et à 2’33, le Gounod, très émouvant).
Qui est Caccini ?
Giulio Caccini – 1551-1618 – était un compositeur du XVIe siècle, de la fin de la Renaissance et du début de la période baroque, de Florence. Il fut un ténor très doué s’accompagnant lui-même au luth, au chitarrone, à la viole et à la harpe. Vous vous demandez ce qu’est un chitarrone ? Moi aussi ! C’est un instrument de la famille des luths, remarquable par son long manche, utilisé pour l’accompagnement du chant uniquement. Caccini fut l’un des premiers compositeurs de monodies. Il fut aussi au service des Médicis. Caccini s’efforça de créer une musique capable à la fois d’émouvoir l’âme et de ravir les sens : joli but de vie.
Il est fort connu pour une oeuvre qui lui est, pourtant complètement étrangère : l’Ave Maria de Caccini.
Vladimir Fiodorovitch Vavilov – en russe : Владимир Фёдорович Вавилов – (1925 – 1973) a effectué ses études à Saint-Pétersbourg et a contribué au renouveau de la musique ancienne en Union soviétique. Vavilov a fait une carrière d’interprète à la guitare et au luth, de compositeur et d’éditeur de musique ancienne. Il a fréquemment attribué ses propres compositions à d’autres compositeurs, généralement de la Renaissance ou de l’époque baroque, et ce, sans aucune attention au style musical qui aurait été approprié au compositeur choisi.
Il est connu comme « Ave Maria – auteur inconnu du XVIe siècle ». Vladimir Vavilov a écrit cet Ave Maria dans les années 1970. Il le publia dans l’album « Lute Music of the XVI-XVII century », enregistré sous le label Mélodia en 1972. L’attribution à Giulio Caccini apparaît dans un enregistrement d’Irina Bogatcheva de 1975. J’aime beaucoup l’interprétation de Irina Arkhipova – 1925-2010- , très slave, très angélique, rayonnant, écoutez-là jusqu’au bout. Elle contribua à le faire connaitre grâce à un album « Ave Maria » en 1987.
On ne sait pas pourquoi cette œuvre a été attribué à Giulio Caccini dont elle n’a aucune affinité de style. Tamara, la fille de Vavilov, a dit que son père était convaincu qu’un oeuvre publiée sous le nom de Vavilov n’aurait aucune chance de toucher le public car il ne se croyait pas digne de succès. Alors, il en attribuait le mérite à des «auteurs inconnus». Vladimir Vavilov est mort, dans une extrême pauvreté, d’un cancer du pancréas et n’a jamais pu profiter du succès commercial de « son » Ave Maria.
Inessa Galante -remarquée par Yehudi Menuhin, qui l’encouragea à faire carrière à l’ouest – le transcrit pour l’interpréter lors de ses concerts. Le succès fut immédiat et immense, dans les pays baltes, en Russie, puis dans le reste du monde.
Écoutez Sumi-Jo avec sa jolie voix colorature.. Divin !
Ave Maria,
Je vous salue Marie