Once upon a time.. le 6 Juin 1944… D.Day pour lancer cette bataille de Normandie avec le débarquement des forces alliées ! Les prévisions météorologiques les plus cruciales jamais faites sont certainement celles pour fixer le jour J, le D.Day, jour du débarquement allié pour sauver la France.
D.Day et l’importance des prévisions météorologiques
L’invasion de la France était prévue pour le 5 Juin 1944. Le général Dwight D. Eisenhower avait besoin de la pleine lune, une marée basse – pour permettre aux soldats de voir, éviter et désarmer les mines que les Allemands avaient placées dans le sable -, une petite couverture nuageuse, des vents légers – pour les parachutistes- et une mer relativement calme. Pleine lune et marée basse : les 5 Juin, 6, ou 7 et marée basse sans la pleine lune : les 19 ou le 20 Juin. Mais qu’en est-il du temps ?
Tard dans la soirée du 2 Juin 1944, Eisenhower, ses principaux généraux et le Premier ministre britannique Winston Churchill se réunissent pour examiner les prévisions météo.
Mai 1944 fut un mois agréable sur la Manche, Juin ne promet pas d’être différent. Dans la matinée du 4 Juin, le temps est dégagé avec une forte brise et une couverture nuageuse insuffisante pour couvrir les opérations. Une bataille des équipes météorologiques s’engagent : Sverre Petterssen du Met Office, Irving Krick chef de la Section de l’information Météo des Forces aériennes stratégiques des États-Unis en Europe sont sur l’affaire.
Pour le Met Office, très prudent, la réponse était «no go». Le météorologue en chef du général Eisenhower, le capitaine James Martin Stagg, a alors fait l’une des prévisions météorologiques les plus importants de tous les temps.
Défiant ses collègues, il conseille à Ike – le général Eisenhower- de reporter l’invasion de la Normandie d’une journée, du 5 Juin 1944 au 6 Juin, en raison de conditions météorologiques incertaines.
Point de satellites, de radars, de modélisation informatique pour confirmer cela.
« Y aller ou ne pas y aller ? » Le grand dilemme !
Une mauvaise prévision mettrait en péril toute l’opération : si Eole se fâche et chasse les nuages, si Poséidon déchaîne les flots, si madame la lune parade haut dans le ciel, si le temps tournait à l’aigre, plus de 160 ooo soldats y laisseraient leur vie et des quantités massives d’équipements – une armada de plus de 4000 navires de guerre – seraient perdus. D’un autre côté, ne pas y aller si le temps était bon, permettrait aux Allemands de découvrir les plans des Alliés.
Le Captain James Stagg est géophysicien de formation. Son groupe de prévisionnistes est sous pression. Ils se bousculent, crient, griffonnent… Stagg précise alors, à Ike que le vent s’apaiserait un jour et demi sur les côtes normandes, avant une nouvelle tempête.
6 juin 1944, D.Day, premier jour de la bataille de Normandie
Eisenhower est cantonné à Southwick House, un manoir géorgien, juste au nord de Portsmouth, de grandes cartes murales pour planifier l’invasion – elles sont d’ailleurs toujours en place- recouvrent les murs. Il doit décider. La fenêtre météo suivante est dans deux semaines, lorsque les marées et le clair de lune seraient ad hoc.. Le résultat du D-Day, et peut-être l’avenir du monde occidental, repose sur ces prévisions. Quelle pression ! Malgré les mois de préparation, c’est le temps qui va décider. Ike suit son instinct et son chef météorologiste : 5 juin, 3H30, en lançant son célèbre « Ok, let’s go ! » Eisenhower donne le feu vert définitif à son état major : le jour J est fixé au 6 juin.Il met en mouvement la plus grande invasion amphibie dans l’histoire du monde, ce 5 juin 1944.
Ce jour-là, plus de 1000 bombardiers britanniques abandonnent 5000 tonnes de bombes sur batteries de canons allemands placés dans la zone d’assaut Normandie, tandis que 3000 navires alliés traversent la Manche en vue de l’invasion de la Normandie-D-Day.
Si le Général Eisenhower avait tempéré et choisit la prochaine fenêtre météo pour intervenir, soit le 19 juin 1944, cette invasion aurait été un fiasco total : la plus grosse tempête du XXéme siècle agita la Manche. Informé par une lettre par Stagg, Eisenhower écrivit au bas de la note: « I thank the Gods of War we went when we did »
Pourquoi les Allemands ont-ils été surpris ? Les météorologues en chef de la Luftwaffe, avaient conclu que les mers agitées et des vents violents avaient peu de chances de faiblir jusqu’à mi-Juin. Forts de cette prévision, les commandants nazis pensaient qu’il était impossible qu’une invasion alliée soit imminente, et beaucoup ont quitté leurs défenses côtières.
Le Maréchal Erwin Rommel était même retourné à Herrlingen en Allemagne, pour offrir personnellement une paire de chaussures de Paris à sa femme en cadeau d’anniversaire (1).
Des années plus tard, au cours de leur trajet vers le Capitole pour son investiture, le président élu John F. Kennedy a demandé au président Eisenhower pourquoi le débarquement de Normandie avait été un tel succès. Ike lui fit cette réponse : «Parce que nous avons eu de meilleurs météorologues que les Allemands ! »
Le monde leur dit merci, du fond du coeur.
(1) Il devait rencontrer Hitler le lendemain
Iconographies : carte à Southwick House, près de Portsmouthes à Southwick House, près de Portsmouth – Siège SHAEF à Southwick Maison sous le commandement du général Eisenhower.