Premier roman d’Aline Caudet de 2023, inspiré de faits réels de son enfance. J’aime les premiers romans.
Lucie est le vilain petit canard depuis ses six ans. Sa mère ne veut plus la voir à table, la fusille du regard dès qu’elle apparait, la fustige, la prive de l’essentiel. De fait, elle se cantonne dans sa chambre à guetter le moment opportun pour vivre. Quant à son père, il fait semblant de ne rien voir, voire abonde dans le sens de son épouse par peur qu’elle ne le quitte ! Et même, il lui confie des tâches inadaptées pour son âge. Le reste de la fratrie ? Ses deux sœurs essaient de l’aider. Son frère a choisi le camp de sa mère et se montre odieux avec Lucie. A l’extérieur, personne ne voit rien, l’honneur est sauf pour ses parents.
Elle nous raconte en deux temporalités, son enfance et adolescence, et son vécu d’aujourd’hui. Le récit est à la première personne. Elle a réussi à se sortir de cette famille très caustique et toxique et eu le courage de se battre, ne pas plier : elle est mariée à Arnaud, a trois enfants qu’elle chérit, elle est très heureuse. Mais voilà un pavé dans la mare : ses parents portent à la justice leurs droits de voir leurs petits-enfants.
C’est assez glaçant, même si parfois on tourne un peu en rond, comme un thriller dont on veut connaitre l’issue.
Je n’ai pas toujours ressenti l’émotion dans cette écriture, juste, du genre factuel, peu stylée. Dommage !
Pourquoi une telle violence psychologique ? Pourquoi elle ? Comment le père a-t-il pu laisser faire ?
Une suggestion ? Un roman choral aurait pu être efficace ; j’aurais aimé mieux comprendre la mère, le père, la grand-mère, les sœurs et même le vilain frère… Quant au grand-père que le diable l’accueille ! Je suis restée sur ma faim car nous ne connaissons pas l’issue, ni comment Lucie a échappé à ce grand manteau noir. Il m’intéressait de comprendre comment elle s’est construite et devint capable de donner de l’amour à sa propre famille, elle qui n’en a que peu connu.
Ce roman – est-ce un témoignage ? Ce livre doit être lu car il est nécessaire que la parole se délie. Je suis sûre qu’il est important pour son auteure.
Déchirer le grand manteau noir de Aline Caudet
320 p – 2023 – Editions Viviane Hamy