Avec ce ciel tourmenté et gris, chargé de cumulus et autres nimbo-stratus, rien de mieux qu’aller se régaler avec
Eugène Boudin, « le roi des ciels » au Musée Jacquemart-André
C’était Courbet qui l’avait dénommé ainsi. Une rétrospective présente jusqu’au 22 juillet 2013, plus d’une soixantaine de peintures, d’aquarelles et de pastels, dont la moitié n’a jamais été présentée en France. Cerise sur le Sundae : le musée Jacquemart-André est un délicieux et prestigieux hôtel particulier dans le 8 ème, non loin Musée Nissim de Camodo, une autre merveille.
Le musée Jacquemart-André
Passés le porche, une allée tournicotante, impeccablement gravillonnée nous conduit à la cour de style Empire. J’imagine le plaisir de Nélie Jacquemart et Edouard André à vivre ici à la fin du XIXème siècle. L’entrée, les salons et le merveilleux jardin d’hiver qui est la pièce maitresse avec son majestueux et monumental escalier d’honneur, enchanteur avec des miroirs qui le reflètent sur tous les murs et la fresque peinte par Giambattista Tiepolo. La pluie fait des claquettes sur la verrière. Le temps suspend son vol.
Eugène Boudin, maître des ciels
« Le romantisme a fait son temps. Nous devons revenir à des sujets plus simples, plus justes » consignait Eugène Boudin, dans son journal.
Que dire sur lui qui n’ait été dit ? Tâche difficile ! Autodidacte, il fut influencé par Courot et les peintres de l’École de Barbizon. Il est le peintre de l’éphémère, fuyant l’intemporalité, il saisit et fixe l’instant en rendant les effets lumineux fugaces à la manière d’un photographe. Il est le précurseur du mouvement impressionniste, le peintre des « simples beautés de la nature ». Ses études de vaches en font un peintre animalier.
Il est le peintre de Deauville et Trouville- nouvelles stations balnéaires chicissimes-, des scènes de plages : il a représenté les élégantes des plages normandes aussi bien que les figures de la vie quotidienne des bords de mer, les gens simples ( lavandières, pêcheurs..). Eugène aime observer la foule, saisir les attitudes et l’ambiance du moment.
Vers 1860, il pratique avec son ami hollandais Johan Barthold Jongkind, les Marines dont il sera longtemps le seul artiste français du marché. Il rend magnifiquement les effets de l’eau.
C’est Corot qui l’a sacré « le roi des ciels » et Baudelaire admirait ses variations de ces « beautés météorologiques »
« A la fin de tous ces nuages aux formes fantastiques et lumineuses, ces ténèbres chaotiques, ces immensités vertes et roses, suspendues et ajoutée les unes aux autres, ces fournaises béantes, ces firmaments de satin noir ou violet, fripé, roulé ou déchiré, ces horizons en deuil, ou ruisselants de métal fondu, toutes ces profondeurs, toutes ces splendeurs, me montèrent au cerveau comme une boisson capiteuse ou comme l’éloquence de l’opium ». Magnifique ! Il découvre la lumière du sud pour des raisons de santé, en 1892. Fasciné par la lumière, il se laisse séduire par « la clarté des ciels ».
Il apporte un soin au réalisme des détails, ses toiles étaient jugées bâclées à son époque. Surtout que Boudin peignait très vite. Baudelaire chantait ses «instantanés», mais le public dénonçait leur vulgarité.
«Quelle frivolité à l’époque, de peindre les cabines de plages alors que le bon goût aurait voulu qu’on les dissimule», concède Laurent Manœuvre, le commissaire de l’exposition. En son temps, Boudin était considéré comme grossier et balourd. Au XXème siècle, il fut aussi catalogué peintre de la « vie facile ». Nul n’est prophète en son pays ! Dès les années 1880, Paul Durand-Ruel, marchand français le présente aux Etats-Unis ce qui explique que la plupart de ses œuvres appartiennent à des musées nord-américains. Jusqu’à ce jour de 1929, où Jeanne Lanvin achète Le trois scènes de plage à Trouville, L’embarcadère à Trouville (Elégantes en crinolines sur la jetée), La plage à marée basse (1) et offre à Boudin ses galons de peintre d’avant-garde. Gary Grant, Tourgueniev, les Rothschild figurent aussi parmi ses admirateurs.
Mes coups de coeur Boudin
J’ai beaucoup aimé. J’ai ressenti un Boudin triste et tourmenté. Et une grande émotion devant La Pointe du Raz, sa dernière toile, hommage à la série de peintures exécutées par Monet à Belle-Île, en 1886. J’ai adoré ses pastels et aquarelles que je connaissais peu: les traits rapides et nerveux, presque incomplets, diaphanes m’ont transportée.
Les pêcheuses de Berck m’ont captivée.
Sur presque toutes ses toiles de plages ou de bords de mer, j’ai remarqué une tache de rouge.. comme un flash intrigant alors que ces choix de coloris sont plutôt dans les gris ou bleu pâle. Les rendus de la mer – j’aime tant regarder les vagues encore et encore – et les « ciels » somptueux – j’aime à m’évader dans le ciel et suivre les nuages comme MCL-, les tableaux de Venise sont aussi très émouvants.
À la fin de sa vie, Monet écrira : « Je considère Eugène Boudin comme mon maître (…). J’en étais arrivé à être fasciné par ses pochades, filles de ce que j’appelle l’instantanéité (…). Je dois tout à Boudin et je lui suis reconnaissant de ma réussite.» «Je dois tout à Boudin » dira Claude Monet, mon peintre favori. Ceci expliquant que Boudin me séduit tant.
Nous souhaitions prolonger l’émotion au Café Jacquemart-André- un très bel endroit parmi les plus beaux de Paris – installé dans l’ancienne Salle à Manger, en compagnie de Chardin, Fragonard, Boucher.. mais faire antichambre une heure nous fit renoncer à cette pause gourmande et à la remettre à un autre jour… pas un dimanche.
Aimez-vous le musée Jacquemart ? Boudin vous fait-il vibrer ?
Iconographies:- musée Jacquemart-André ( cour intérieure, jardin d’hiver, l’escalier, )
The Jeanne Lanvin Impressionist Art Collection – Le ciel gris d’ Eugène Boudin et le parapluie de Simon Baker chez MCL de ULTIMATEGLANCE- Musée JACQUEMART-ANDRE- Exposition BOUDIN
I do understand the fact that this is a prestigious issue. Anyway, it was nice to know about the new recipe. I know how hard it must have been to prepare this one. Nevertheless it was a good attempt considering the scenario.