A l’instar du muguet qui est l’incontournable du 1er mai, les chrysanthèmes sont indéniablement les stars des cimetières ! Et pourquoi ? En 1919, le président Raymond Poincaré invita les Français à fleurir les tombes des soldats morts au front avec un chrysanthème ! D’autres sources, affirment que ce serait Clémenceau.. Bah ! Quoiqu’il en soit, beaucoup de gens n’aiment pas les chrysanthèmes à cause de cela : c’est une « fleur des veuves ». Pourtant, elles sont si belles et si éclatantes.
« Les fleurs aiment la mort et Dieu les fait toucher par leurs racines aux os, par leur parfum aux âmes », écrivait Victor Hugo (Les Contemplations, 1856).
Chrysanthème, fleur de cimetière
Il n’y a que chez nous où les chrysanthèmes ornent les tombes. Chaque 2 Novembre, les familles se pressent à fleurir les tombes de leurs chers disparus avec des chrysanthèmes. Pourquoi ? Bien sûr, l’injonction présidentielle en porte les racines. Mais surtout parce qu’elles sont résistantes au gel, demande peu d ‘entretien ! Un peu d’eau, quelques rayons de soleil, et la «Marguerite d’Automne» est florissante ! J’ai lu dans Fleur d’or de Didier Bernard que dès la moitié du XIXe siècle, cette plante a commencé à remplacer les bougies laissées dans les cimetières pour la fête des saints, la Toussaint.
Chaque année, 25 millions de pots de chrysanthèmes vendus
La chrysanthème a de la concurrence avec les cyclamens, les bruyères, les gauras… Fleurir les tombes est en voie de désuétude car les nouvelles générations suivent moins cette tradition. La fréquentation des cimetières s’érode mais aussi à cause de l’essor de la crémation. Pour le cimetière, la pomponette reste la reine. Je déteste les chrysanthèmes aux grosses fleurs aux teintes mauves.
Le Chrysanthème n’est pas la plante du deuil
Il est fort probable que si vous offrez des chrysanthèmes à une personne, elle soit quelque peu perplexe, voire indignée tellement cette fleur a l’étiquette du deuil. Cependant, tout dépend où vous habitez ! Car le chrysanthème est même offert pour la fête des mères en Australie. Et en Asie, il est un symbole très positif.
Chrysanthème en grec veut dire fleur d’or. Nous devons sa description au célèbre naturaliste suédois Linné. Son introduction remonte à 1779 par Pierre Blancard même si des traces de cette fleur soient retrouvées dans des livres du XVII ème siècle en Hollande. Elles se répandra dans les jardins français qu’entre 1810 et 1830. Le botaniste et aventurier Fortune complétera au XIXème siècle l’introduction de nouvelles variétés. Elles font partie de la famille des Asteraceae, comme la belle marguerite. Il est impossible de ne pas aimer le chrysanthème : Il y en a pour tous les goûts ! J’aime bien la pomponette avec ses multiples fleurs, je l’affectionne surtout en jaune ou en blanc car elle illumine la maison.
Symbolique du Chrysanthème en Orient
Considérée comme la plus noble des fleurs, l’empereur du Japon utilise le chrysanthème comme symbole depuis la période de Kamakura (1185 à 1333 ap. J.-C.). Ce fut l’empereur Go-Toba (1179/1184 à 1198/1239 ) qui l’utilisa le premier. Saviez-vous que l’ordre du chrysanthème est la plus haute distinction du Japon ? Et que ce symbole du chrysanthème à 16 pétales se retrouve sur des papiers administratifs important comme le passeport japonais ? Le mois de septembre est ainsi dénommé mois du chrysanthème « kiku-zuki ».
Elle est le symbole d’immortalité et de longévité en Chine, Japon, Corée. Au Japon où elle est « La fleur d’or», elle symbolise la joie. Au Vietnam, elle est réputée car elle porte chance et prospérité grâce à son épanouissement simultané.
Des variétés de chrysanthèmes étaient déjà cultivées en Chine plus de 500 ans avant JC. Elle fait son apparition au Japon sous l’ère Nara où elle est considérée comme plantes médicinales pour soulager la fièvre.
Le chrysanthème est une passion au Japon. Depuis le XVIIe siècle, il est en outre l’une des principales fleurs de l’arrangement floral. Les premiers week-ends de novembre, les Japonais se pressent en famille pour admirer les milliers de chrysanthèmes présentés dans les grands parcs et dans les temples. Les Japonais distinguent trois familles de chrysanthèmes : les grands, « Oo-giku », avec un diamètre de fleur de 10 cm, Les chrysanthèmes de taille moyenne, « chû-giku », également appelés « chrysanthèmes classiques » koten-giku ou encore « chrysanthèmes d’Edo » et les petits chrysanthèmes, « ko-giku » avec un diamètre de 3 cm environ. En 1719 fut publié un ouvrage de référence, le « Kyôshingikumeikasôwarinaechô », détaillant 475 variétés de chrysanthèmes de l’époque. C’est époustouflant !
Après une période où j’ai classé les chrysanthèmes dans une catégorie de fleurs tristes, je me suis mise à les adorer. J’en garni les tombes, c’est sûr mais aussi mon jardin, ma maison. Je n’ose pas en offrir, cependant. Laissez-vous tenter et participez vous aussi à sa réintroduction. Parce qu’il le vaut bien ! Pour ma tombe, ce ne sera point nécessaire : j’ai choisi la crémation et de me réincarner en arbre, je vous l’ai déjà raconté.