J’ai a-do-ré ! Prévisible.. J’aime l’atmosphère des films de Baz Luhrmann : Moulin Rouge avec Nicole K. et le délicieux Ewan Mc Gregor et Australia interprété par le séduisant Hugh Jackman et toujours la belle Australienne, m’avaient fort enthousiasmée.
Gatsby, un film magique, fou, endiablé, époustouflant !
La BO, les effets pyrotechniques, le 3D concourent à l’enchantement. Les décors sont à couper le souffle, les costumes également. Nous les devons à Catherine Martin – épouse du metteur en scène – qui a aussi œuvré à ceux de Moulin Rouge et Australia. (1) Elle a dû y prendre beaucoup de plaisir, et nous aussi.
Tout le monde connait l’histoire de Jay Gatsby et de son amour passionnel et obsessionnel pour Daisy Buchanan qui est mariée à un butor, joueur de polo qui la trompe avec inconvenance et immoralité. Son espoir est de la reconquérir, le but de sa vie aussi. « On ne revit pas le passé. » assure Nick Carraway à Gatsby qui lui est sûr du contraire.
F.S.Fitzgerald avait fait de son roman, une critique de la société des années 20, de l’Amérique de la prohibition, de ses excès, sa frivolité. La crise de 1929 est encore loin, les crapules font des affaires avec ceux qui forment l’élite, les femmes adoptent le style flappers, fument trop, le boogie-woogie et le swing enflamment les soirées jusqu’au bout de la nuit, l’ambiance Cotton Club très jazzy, Joséphine Baker, les grosses cylindrées… Certains y voient une analogie avec notre époque de crise..
L’aristocratie new-yorkaise est opulente jusqu’à l’excès, les relations superficielles et fausses, l’insouciance extrême, le culte du plaisir et de l’amusement à son apogée, le mépris d’autrui suinte, l’opposition entre l’aristocratie installée et les nouveaux riches bien présente.. Dans ce charivari qui fait vibrer le spectateur, Gatsby mélancolique, remarquablement campé par un sublime Léonardo DiCaprio, tente de faire revivre son amour de jeunesse, son premier amour. Il est un amoureux fabuleux, emprunté, très romantique, très malhabile aussi. La scène où il revoit Daisy pour la première fois est bouleversante de pureté, de naïveté. On croit à son amour, on souhaite que cela finisse bien… La séquence du dressing-room est adorable et attendrissante (et quel dressing !), le pique-nique dans la salle de bal aussi…
Toutes les scènes d’amour sont délicates et touchantes. Le feedback de la rencontre avec Daisy est aussi mémorable de romantisme. J’ai souri lorsque sa mère lui reproche sévérité de trottiner, ce qu’une jeune fille convenable ne doit pas faire, nous le savons ! Léo est à sa place dans ce rôle, il sait afficher une physionomie sévère d’homme d’affaires trouble et mystérieux à celle du tendre amoureux transi, dans la même scène, avec talent et conviction.
Carey Mulligan est aussi toute en finesse et endosse ce rôle de femme des années 20, frivole, insouciante et belle, amoureuse de Gatsby mais complètement dépendante de son mari, ayant peur de franchir le pas et de s’affranchir des convenances et de son époux. Dans les bras de Gatsby, elle dit à propos de sa fille « Et j’espère qu’elle sera idiote… Une ravissante petite idiote… On ne peut pas souhaiter plus beau destin pour une fille ici-bas. »… ce qui en dit long sur la place des femmes à cette époque.
Ben Affleck avait été pressenti pour le rôle de Tom Buchanan, son mari. Finalement Joel Edgerton obtient le rôle et le porte avec maestria : il est antipathique et odieux, comme il doit l’être, vantard, sans scrupule, jaloux, menteur, méprisant, manipulateur, indifférent au monde entier.. Il n’inspire jamais une once de compassion, encore moins lors du dénouement.
Tobey Maguire -Nick Carraway, le cousin de Daisy est le voisin de Gatsby. Ce lien de parenté lui vaut de servir d’entremetteur. Il est le narrateur : cette narration ajoute une touche dramatique. Il est naïf à souhait, sans artifice, très gentil, admiratif et sans doute le seul vrai ami de Gatsby. Je me suis demandé parfois ce que j’ aurais fait à sa place. Même interrogation pour Elizabeth Debicki – Jordan Baker – très belle, témoin assez passif de ce naufrage..
Un joli moment cinématographique féerique.
Cette histoire est très triste. Lorsque le générique prend fin, furtivement, j’essuie les larmes d’émotion et d’empathie. Je ne crois pourtant pas que « toutes les histoires d’amour finissent mal.. en général » comme le chante les Rita Mitsouko mais je garde en mémoire que Gatsby est mort heureux, sûr de l’amour de Daisy…
(1) the House of Gatsby du Los Angeles times
DiCaprio has an appraising stare and he re-creates Fitzgeralds ‘s description of Gatsby’s charm, that he can look at someone for an instant and understand how, ideally, he or she wants to be seen. In my opinion, the film could have been made much better.