Albert Einstein n’a-t-il pas dit : « Le hasard, c’est Dieu qui se présente incognito »Lorsque l’on voit des vies brisées ou si chaotiques, on est porté à se demander qui écrit si mal ! A contrario, on se demande pourquoi certains sont si fortement gâtés. Qu’ont ils fait pour mériter cela ?
Notre destin est-il écrit ?
Tout est-il déja gravé dans le marbre ou avons -nous une porte de sortie ? Sommes-nous maître de notre vie ? Ou de pauvres jouets-victimes ? Est-ce que le destin met du hasard dans notre jeu ? Dieu joue -t-il aux dés * ?
Le destin et mythologie
Les Grecs anciens ont toujours pensé que les dieux déterminaient le destin des hommes.
Ananké, née de la Nuit et épouse – ou soeur – de Chronos (Temps ), la Nécessité était la déesse du destin des hommes et des dieux. Dans la mythologie, elle est souvent confondue avec les Moires – ou Parques chez les Romains – ou est leur mère. Ces trois soeurs président à la destinée des hommes : Clotho -« Fileuse »- déroule le fil de la vie avec sa quenouille, Lachésis – » le sort » – distribue à chacun le sort qui lui est réservé et Athropos – » qu’on ne peut changer »- la plus terrible, tranche le fil de la vie à son achévement.. Elles avaient leur statues sur le Forum, non loin du petit temple de Janus.
Ce package de bons et de mauvais épisodes attribué à chacun est tempéré par le Daimon, ange gardien qui nous relie à notre partie divine. Les dieux connaissent le destin de chacun mais ne peuvent l’infléchir. Selon eux, notre destinée est inexorable, aucune chance d’exercer notre libre-arbitre.
Tout juste peut-on prier, faire des sacrifices, étudier jusque le vol des oiseaux (A Rome, des » ministres » étaient préposés à l’étude des vols d’aigles, hiboux..), consulter des oracles .. pour prendre les bonnes décisions.
Danaé le comprend bien ainsi : « Toi, ô Zeus, ô Père, change notre destin. Mais, si ma prière est trop osée et s’éloigne de ce qui est juste, pardonne-moi ! » (Simonide, fragment 27).
Destin, libre-arbitre et Platon
A partir de VI ème siècle avant notre ère, les philosophes introduisent la notion de libre arbitre. ( Pythagore, Empédocle..). Platon croit au déterminisme du destin mais introduit une notion de responsabilité de l’homme dans sa destinée.
Dans le chapitre X de la République, il raconte l’histoire de Er qui ressemble à une narration de NDE et illustre l’immortalité de l’âme. Selon Platon, l’homme choisit son destin et reste le seul responsable si son existence est difficile. Lorsque notre âme quitte notre corps, elle rejoindrait un lieu où Ananké fait tourner sur ses genoux, les sphères du Monde avec ses trois filles, les Moires. Il nous serait alors demandé de choisir la vie et les épreuves que nous voulons transcender pour une nouvelle incarnation. Le futur incarné ratifiera ses choix et se rendra au fleuve Amélès où toutes les âmes en instance de réincarnation sont obligées de boire l’eau qui leur fait oublier leur choix. Ceci expliquant pourquoi nous ne connaîtrions plus ce pour quoi nous sommes (re)venus sur terre…
Où se place le libre-arbitre ? Platon explique que pour rectifier son destin, il faut tenter de se rapproprier le savoir de nos choix de vie grâce à l’introspection afin d’accéder à la sagesse divine. Et nous avons Daimon, sorte de guide intérieur qui peut nous aiguiller ! (Socrate écoutait très sérieusement les conseils de son guide intérieur. Pourquoi pas nous ?).
Hasard ou Destin, Karma et Bardo
En Occident, l’Ananké (1), la Nécessité est implacable, mais en Chine, le Ming est tout aussi inéluctable (2) , en Inde, le Karma détermine aussi la vie de chacun.
Selon la tradition bouddhique, notre destin est déjà scellé avant notre naissance, dans le bardo – signifiant intervalle –(3), sorte d’état entre la mort et la nouvelle incarnation.
Il s’agit d’un état de conscience situé dans un autre plan où la personne garderait sa personnalité.
Elle va y subir des hallucinations baignées de lumière aux couleurs variables qui sont des manifestations de sa vie, de ses actions, émotions, des démons émanant de l’ego qu’il faut vaincre. Ceux qui ont pratiqué la méditation sont plus à même de garder leur calme et reconnaître l’essence de la spiritualité. Les autres erreront, souffrant dans les bas étages du bardo.
La force du karma pousse vers une réincarnation où tout est déterminé. La pensée tibétaine est aussi remplie d’espoir : si tout découle de nos vies antérieures, il est possible d’infléchir et d’écrire son destin en cessant d’accomplir des actes négatifs et en entreprenant des actions favorables pour se libérer d’un mauvais karma.
Le destin est marqué par la fatalité. Le hasard insinue le contraire, que l’on peut être maître de son avenir et que nos actes influencent notre futur.
Iconographies: les Moires Atlas de la mythologie, « Les Moires ou la destinée », Éditions Atlas, UE, 2003 – Socrate et Platon- LE LIVRE DU BARDO TODOL
Sources: * Einstein disait que non (1) Au xixe siècle, le terme retrouve une actualité nouvelle chez Victor Hugo. Le mot « Anankè », gravé sur une pierre de la cathédrale, est au centre des méditations de Claude Frollo dans Notre-Dame de Paris (1830). en savoir + (2) Ming (rien à voir avec les magnifiques vases de la dynastie Ming 😉 (3) en savoir + sur le bardo
» Comment améliorer son destin » de Lise Bartoli
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