Offenbach, tout le monde connait ! Il est le roi de la musique légère et de l’opéra bouffe ( 1). Initialement cet air de la Barcarolle des contes d’Hoffmann s’appelait le « Chant des elfes», un air des Fées du Rhin, un opéra romantique de 1864. Mais le succès ne fut pas au rendez-vous, l’oeuvre sombra dans l’oubli. Cependant, jacques Offenbach en a repris les plus belles pages pour son unique opéra sérieux : les contes d’Hoffmann qui lui assurèrent la reconnaissance de compositeur lyrique.
L’histoire des contes d’Hoffmann
Offenbach a intitulé son ouvrage « opéra fantastique ». Le livret des Contes d’Hoffmann s’inspire principalement de trois nouvelles de l’écrivain romantique allemand Ernest Theodor Amadeus Hoffmann, une pour chaque acte. Hoffmann adulait Mozart, au point de transformer son troisième prénom en Amadeus. Cas rarissime dans l’histoire du théâtre, c’est un écrivain réel qui devient héros d’un drame, à travers les histoires qu’il a écrite. Le livret sera de Jules Barbier.
Cet opéra fut de multiples fois remanié : d’abord ce devait être un opéra-comique avec dialogues parlés. Mais Offenbach souhaitant le recycler dans d’autres maisons d’opéra, y ajouta quelques récitatifs chantés. Puis, il devait être joué au théâtre lyrique, ensuite à la Gaieté qui ferma pour faillite ! A nouveau destiné à l’opéra comique, Offenbach dut en réécrire de nombreuses pages. Les répétitions commencent enfin, en septembre 1880. Mais dans la nuit du 4 au 5 octobre 1880, Offenbach meurt. Il a 61 ans. L’opéra pour piano et voix sont terminés, mais l’orchestration n’est pas achevée : seule celle du prologue et du premier acte sont son œuvre. Ernest Guiraud et le fils d’Offenbach finiront.
Le genre est inédit, à la frontière entre « le Grand opéra et l’opérette bouffe, la comédie et la farce, le drame et la féerie » Ménestrel du 20 avril 1873.
Trois femmes pour une
Résumons en une phrase : Le poète Hoffmann raconte ses trois amours malheureux car mis en échec par le maléfique conseiller Lindorf qui lui aussi lorgne sur Stella, une belle chanteuse.
Trois passions dramatiques, trois femmes inaccessibles : Olympia, une poupée mécanique. Admirez et régalez-vous avec Natalie Dessay dans le rôle.
Antonia, une chanteuse phtisique,
et Giulietta, une séductrice cupide.
Chacune de ces histoires d’amour se trouve contrariée par l’intervention destructrice d’un personnage ô combien malfaisant. L’essentiel de l’acte d’Olympia est tiré du conte intitulé L’homme au sable. L’histoire d’Antonia provient d’une nouvelle qui s’intitule, selon les traductions, Le conseiller Krespel ou Le violon de Crémone. Le dernier acte provient d’une partie d’un conte intitulé Les aventures de la nuit de la Saint-Sylvestre. En fait, ces trois femmes n’étaient que les trois facettes d’un même être : l’Éternel Féminin, la femme que tout homme recherche.
La Barcarolle, l’air le plus célèbre des contes d’Hoffmann
C’est à Venise que Hoffmann rencontre Guilletta, la belle courtisane de la troisième histoire. Sur le Grand Canal de Venise, dans une gondole, Nicklausse chante une barcarolle en compagnie de la courtisane Giulietta. Hoffmann les observe. La pièce est chantée par Giulietta (soprano) et Nicklausse (mezzo-soprano), le jeune compagnon d’Hoffmann et le chœur. Le titre est « Belle nuit » mais tout le monde le connait sous le nom de la Barcarolle. Cette chanson est très sensuelle et languissante.
Monserrat Caballé vient de nous quitter. En hommage, je vous propose ces deux grandes interprètes, Marilyn Horne/Nicklausse) et Montserrat Caballé /Giulietta.
En cherchant une version, je suis tombée sur celle-ci pas très orthodoxe, je l’avoue ! La barcarolle est chantée par une mezzo-soprano et un ténor. Dommage, la prise de son n’est pas terrible… Original ?
Pourquoi vous parle-je de cet opéra et sa barcarolle ? Parce qu’elle fait partie de notre répertoire de cette année de mon chœur féminin. Et j’adore chanter cet air !
(1) C’est d’ailleurs lui qui inventa ce terme.