Qu’est-ce que la colère ?
Ethnologiquement, colère vient du latin angere, qui signifie « étrangler ». Rien que cela !
La colère est un émotion primaire qui traduit l’insatisfaction. Elle traduit notre agressivité. Elle est vécue à l’égard de ce qu’on identifie, à tort ou à raison, comme étant » responsable » de notre frustration. On éprouve donc de la colère envers « l’obstacle » à notre satisfaction. Elle est également une pulsion vitale qui nous permet de défendre notre territoire. Souvenez-vous des colères d’un bébé lorsqu’il n’obtient pas satisfaction !
Cette émotion est mal vue. Elle est honteuse, elle signe une certaine immaturité et d’absence de contrôle. Nous avons appris, enfant, à la refouler. Nous faisons partie des gens « bien élevés ». Pourtant, elle est comme l’orage, il faut parfois qu’il éclate pour que l’air soit plus sain. Attention à « l’effet Cocotte-minute ».
Il existe différentes colères :
– la colère étouffée, disparue. Ce sont les gens qui sont incapables de se mettre en colère, qui ne savent jamais se défendre.
– la colère rétro-réfléchie : au lieu de l’exprimer, on l’enferme et on la retourne contre soi, on rumine avec les conséquences psychosomatiques (ulcères, dépression…) que nous connaissons.
– la colère défléchie : elle est déviée sur autre chose que son vrai but. En colère contre le concierge, la personne s’en prendra à son voisin. C’est trouver un exutoire, mais hélas, pas le bon.
– la colère hypertrophiée : elle est trop forte, toujours dans l’excès, disproportionnée par rapport à sa raison, et qui peut pousser l’individu à des actes de violence
Qu’est-ce qui nous fait avoir un coup de sang ? Que l’on nous manque de respect ? Être manipulé ? Mon collègue avec ses idées sur tout et tous ? L’individu sans scrupule qui vous coupe la priorité ? Les télévendeurs ? Une situation injuste ?
Qu’apprendre de ce proverbe tibétain ?
La sagesse tibétaine n’est plus à présenter. Ce proverbe tibétain est extrait du grand livre des proverbes tibétains (2006).
Nous sommes face à une colère défléchie. Le problème, c’est le destinataire ! Nous nous trompons de cible. Cela nous arrive à tous, soyons honnête. La « bonne » colère est une émotion pour soi, ou pour rétablir la justice. Elle n’est pas dirigée contre quelqu’un. Inutile de vociférer, de crier comme un possédé ! Le souci avec cette émotion – qu’elle soit justifiée ou non – est de s’emporter, et de dire/faire des choses que nous regretterons sans aucun doute . La sagesse populaire dit aussi qu’elle est mauvaise conseillère.
Lorsque votre rogne implique une autre personne, il est important de lui exprimer ce que vous avez vécu en lui avouant la colère que vous vivez face à vous-même. Il ne doit y avoir aucune accusation envers l’autre et surtout de bien prendre soin de ne pas en rendre responsable quelqu’un d’autre parce qu’il est plus faible, plus proche. Si vous êtes en colère contre votre boss, ce n’est pas votre épouse qui doit avoir la soupe à la grimace ou servir de défouloir.
Lorsque la moutarde me monte au nez, je me refuse d’exploser afin d’éviter d’envenimer les choses. J’étais plutôt du genre à manier l’ironie, à bouder pour montrer mon mécontentement, à humilier ou être accusatrice, voire ruminer. Heureusement, je ne suis pas du tout rancunière, jamais je ne mijote une vengeance, ni ne garde un chien de ma chienne à quelqu’un qui m’a irrité. J’ai appris à exprimer mon ressenti, même s’il me reste du chemin à parcourir.
Comment exprimer sa colère sainement ?
C’est une émotion comme les autres ; elle signale un dysfonctionnement dont vous êtes responsable, et non l’autre.
La colère ne parle que de nous, d’un besoin insuffisamment comblé, souvent le besoin de reconnaissance et d’affirmation de soi.
J’ai appris à réfléchir à ce qu’elle fait à mon corps. Supposons que mon collègue Régis se joue de moi au moment d’une négociation : Mon sang ne fait qu’un tour, je sens la température qui monte. C’est mon amygdale qui stimule une production d’adrénaline. Vous savez celle qui est activée par mon cerveau reptilien et me donne juste le choix : FUIR ou COMBATTRE. Cette hormone incite au combat. Le sang afflue dans mes mains, mes pulsations augmentent, ma respiration est laborieuse, mes pupilles se dilatent, j’ai un vrai coup de chaud. Dans cet état proche de l’Oahio l’apoplexie, le ton monte, je pointe un doigt accusateur vers cet ostrogoth, je le fusille du regard, je l’intimide verbalement et corporellement. Dans ce cas extrême, je suis tentée à lui flanquer un uppercut bien placé ou à le tabasser. Je vous rassure tout de suite, je ne me suis jamais retrouvée dans cet état, j’ai horreur de la violence, j’illustre seulement mon propos en l’imageant.
Si je suis mon cerveau archaïque, je cherche à le dominer et à riposter pour me protéger. Si la colère devient chronique, le cortisol, l’hormone de stress, contribue à maintenir cet état survolté, irritable, prêt à aboyer sur tout ce qui vous contrarie, être à cran ou soupe au lait comme on dit pudiquement. J’ai envie d’ajouter : » Tu t’es vu lorsque tu es en colère ? « . Rien de bon ne peut arriver dans cet état.
Alors, comment faire ? Je ne vais tout de même pas laisser la situation en l’état ? M’incliner ? Me manquer de respect ? Non, non. La communication non violente existe.
- Lorsque je suis fâchée, je m’impose une pause et je compte lentement jusqu’à dix ou respire calmement ceci pour compenser la décharge d’adrénaline. J’observe aussi où cette réaction de colère se loge dans mon corps. J’essaie de ne pas m’enflammer, au contraire à me décentrer de mon émotion.
- J’essaie de ne pas réagir dans l’urgence, sous le coup de l’émotion. Je diffère, je prends rdv, je calme d’abord cette tempête. Comment ? Je cours, je marche, je grattouille dans mes plates-bandes, je joue avec mon chien, je fais une tornade blanche, je range.. Tout ce qui me fera bouger est bon pour déplacer les tensions.
- J’essaie de ne pas déballer mon mécontentement/ressentiment sur la première personne qui passe pour me soulager et obtenir un assentiment que décidément » Régis est un C. »
- Je n’emploie pas la technique du klaxon chère à Jacques Salomé.. Le « tu-tu-tu » mais le « je » j’exprime ce que je ressens. Ainsi l’autre ne se sens pas agressé, jugé. » Je me sens .. » je confie mon ressenti..« lorsque tu.. » j’identifie le comportement qui m’a mis dans cet état, « J’ai besoin de .. » je partage mes attentes.
- Je fuis les » Tu fais toujours cela «
- Je suis attentive à bien exprimer MES besoins et ne pas contrôler l’autre ou le protéger.
- Je n’essaie
jamaispresque jamais de changer l’autre.
Je n’ai jamais dit que c’était facile.
Vous souhaitez en savoir plus ? RDV chez Ithaque EMOTIONS: COMPRENDRE LA COLÈRE