Eric-Emmanuel Schmitt est un célèbre et talentueux auteur-philosophe, un incontournable de la littérature contemporaine. Il a tout écrit : des pièces de théâtre – souvenez-vous de l’admirable dame en rose -, des romans, des nouvelles, des contes. Il est extrêmement brillant, il fut normalien, docteur et agrégé avant ses 28 ans.
Il fait partie du sérail de mes écrivains préférés, je crois avoir tout lu de lui.
La nuit de feu, son dernier livre, n’est pas un roman, il est témoignage d’une extase mystique à la Blaise Pascal dont il a d’ailleurs emprunté le titre.
EES nous confie une partie très intime de sa vie. Il a 28 ans, aux confins d’un improbable tournant : restera-t-il sur cette voie toute tracée de maître de conférence en philosophie à l’université de Savoie qui personne n’en doute, le mènera à la Sorbonne ou au prestigieux Collège de France ? Cet avenir-là, tout tracé est très logique et répond à ce que tout le monde attend de lui. Sa question pourtant est : Qui était-ce, moi ?
Gérard V., un metteur en scène souhaitant réaliser un film sur Charles de Foucault « Ce chrétien converti qui ne veut convertir personne. » l’invite à mettre ses pieds dans ceux de celui que les Touaregs appelleront « Frère Charles de Jésus », à Tamanraset, Assekrem, dans le Hoggar. Et le voici embarqué dans cette aventure. Tout le monde dit qu' »On ne sort pas indemne du désert ». Il va changer le reste de la vie d’EES.
Tout à chacun rêve de ce désert. J’aime beaucoup ces paysages, j’ai toujours eu envie d’un périple dans le désert, surtout oserai-je dire s’il me permet de découvrir vraiment qui je suis. L’envie est là, bien tapie, mais le courage me manque.
Ce livre est très beau : beaucoup de lyrisme, de délicatesse et de poésie, même si parfois l’écriture manque un peu de simplicité. Difficile de poser le livre, il se lit d’une traite, puis on y revient. On vit avec lui cette aventure spirituelle, on connait les différents protagonistes. Ce n’est pas un livre où EES ferait l’apologie de Dieu. Non, EES ne cherche pas à convaincre de l’existence de Dieu. Il nous amène à réfléchir. Qui tire les ficelles du monde ? De notre vie ? Qui graisse les rouages du fonctionnement de l’univers ?
J ‘ai beaucoup apprécié son explication de l’intégrisme et fanatisme, en cette période si troublée par des fanatiques qui n’ont rien de religieux pourtant.
« En notre siècle où, comme jadis, on tue au nom de Dieu, il importe de ne pas amalgamer les croyants et les imposteurs : les amis de Dieu restent ceux qui Le cherchent, pas ceux qui parlent à Sa place en prétendant L’avoir trouvé. »
Sa posture philosophique et spirituelle est aussi celle du refus des religions instituées, ce qui n’a rien à voir avec l’athéisme.
Eric-Emmanuel Schmitt reste un rigoureux philosophe : » Si on me demande: « Dieu existe-t-il ? », je réponds: « Je ne sais pas » car, philosophiquement, je demeure agnostique, unique partie tenable avec la seule raison. Cependant, j’ajoute: « Je crois que oui ». La croyance se distingue radicalement de la science. Je ne les confondrai pas. Ce que je sais n’est pas ce que je crois. Et ce que je crois ne deviendra jamais ce que je sais.«
« Les amis de Dieu restent ceux qui Le cherchent, pas ceux qui parlent à Sa place et prétendent L’avoir trouvé. … Les certitudes ne créent que des cadavres »
J’ai encore plus envie de sable brûlant, de dunes à perte de vue, d’ergs et regs, de paysages lunaires, de feux de camps et de bivouacs, de galettes de pain cuits à la Touareg, de voûtes célestes dépolluées d’éclairage artificiel, de silence infini… J’envie son expérience.
Rien d’étonnant à ce que je trouve cet opus si intime, beaucoup trop court.
Je me plonge dans Blaise Pascal. La nuit de l’extase, de Xavier Patier où il essaie de comprendre Que s’est-il exactement passé, ce 23 novembre 1653 entre 10h et demie et minuit et demie, la nuit où Pascal a eu une vision intense.
J’adore E. Emmanuel Schmitt, en long en large et en travers (si je puis dire !). J’ai lu grands nombre de romans, essai sur Diderot et ses pièces de théâtre bien sûr.
« La nuit de feu » aussi, et là, grande déception hélas.
Cela fait un moment que je l’ai lu et le souvenir que j’en ai c’est une impression que l’auteur s’est fait violence pour écrire sur le sujet. Je n’ai pas ressenti la vibration mystique à laquelle je m’attendais. En fait j’ai trouvé cela assez sec, comme ce désert en somme.
Ou alors, je suis vraiment passée à côté. Je le relirai donc, juste pour voir si ma réceptivité est différente…
J’ai bcp aimé, mais j’adore son écriture ce qui dois influencer ma lecture. Oui relisez-le, la plupart du temps, une seconde lecture apporte un nouveau regard.tenez-moi au courant.