Pourquoi sommes nous si friands de commérages ?
Pourquoi dire du mal de son voisin est-il pour certain, si jouissif ?
D’emblée, je dirais que cela leur évite de regarder la poutre qui est dans leur oeil en paraphrasant Les Ecritures. J’aime beaucoup le musicien Eric Satie – dont l’anniversaire est le 17 Mai, jour de ma fête – qui écrivait : « Le vrai sens critique ne consiste pas à se critiquer soi-même, mais à critiquer les autres ; et la poutre que l’on a dans l’œil, n’empêche nullement de voir la paille qui est dans celui de son voisin : dans ce cas, la poutre devient une longue-vue, très longue, qui grossit la paille d’une façon démesurée.» (1)
Pourquoi lorsque nous entendons dire du mal de quelqu’un, nous sentons-nous meilleur ? Certains même utilisent ce système – mettre l’autre à terre – en espérant être remarqué comme un phoenix.
Participer à la calomnie, être celui par qui le ragot arrive, est un effet de notre propre insuffisance.
Pointer ce que les autres font ou ont de mal, est une tentative de rehausser, de gonfler son estime de soi parce que nous ne nous sentons pas à la hauteur. Parfois, ce besoin de critiquer est le signe d’une incompréhension des différences, de jalousie, de frustration, de colère.
Les experts en discordes rapportent la parole des uns aux autres, colportent les propos et sèment la rupture, l’animosité, la colère, le manque d’amour. C’est une autre espère de langue de vipère très dangereuse..
Critiquer, dire du mal est un sport facile… Que celui -ou celle- qui ne s’y est jamais adonné(e) lance la première pierre !
Ecouter les ragots ou laisser dire est-il mieux ?
Certains se donnent l’absolution en ne les alimentant pas, simplement en les écoutant. Et bien, c’est aussi négatif qu’en être la source.
En y prêtant attention, nous encourageons la verve de l’émetteur qui peut alors même en rajouter. Nous connaissons tous dans notre entourage « la grande langue » auprès de qui certains vont aux « nouvelles », une sorte de personne-ressource-à-cancans mais que l’on fuit personnellement, que l’on craint tant elle a la langue fourchue et acérée.
Certains psy affirment que les mots sont de l’énergie et que ce quart d’heure «langues de vipère» passé, cette énergie négative reste collée à nous et serait source de notre mal-être, notre mauvaise humeur ou blues…
Jaser, calomnier, critiquer, c’est mettre des ordures dans son propre jardin. Le premier Accord Toltèque (2) recommande d’« avoir une parole impeccable ». La parole a un pouvoir créateur. Parlons peu, mais parlons vrai, en valorisant aussi nos atouts et ceux d’autrui.
Nous sommes constamment plus ou moins aux prises avec cet instinct de commérages, de critiques.. Peut- être pourrions-nous choisir de ne remarquer que le positif ? De pointer ce qui nous irrite, non pour juger et avilir mais pour progresser, avancer ? «Le plaisir de la critique nous ôte celui d’être vivement touchés de très belles choses.» Re/Lisons les Caractères – j’adore – de La Bruyère.
Imaginons une société où la critique dans notre dos serait absente
Où la médisance et le jugement seraient inexistants ! Où chacun s’occuperait de son propre jardin. Les enfants, mais aussi les adultes, ont plus besoin de modèles que de critiques. Plaquer sur quelqu’un des noms d’oiseaux ou un costume issu de la médisance ou d’un jugement négatif ne l’a jamais fait grandir. Au contraire ..
Selon un proverbe sénégalais, les mauvaises langues se noient dans leurs crachats … Justice immanente ?
Je me guéris en choisissant de cultiver mon jardin – pas celui des autres, et en utilisant les trois filtres de Socrate (3): Vérité, Bonté, Utilité.
C’est bon pour moi et pour les autres.
(1) Site Eric Satie (2) Qui sont ces Toltèques? Guerriers du nord de l’Amérique latine, les Toltèques ont vécu dans l’actuel Mexique entre les années 1000 et 1300. D’après les légendes et les vestiges retrouvés, ce peuple a développé le raffinement dans les arts et l’architecture, ainsi qu’une sagesse dont les fameux accords seraient la clé essentielle. Revendiquant fièrement cet héritage, les Aztèques auraient transmis le savoir et la philosophie des Toltèques. (3) triple filtres de Socrate
Très bon article.
Et si l’on veut éliminer la médisance, il faut éliminer aussi son "inverse" : dire du bien.
Plus difficile car pourquoi ne dirait-on pas du bien de tous ?
La solution déjà là : Ne dire du bien que de Dieu dont chacun peut être l’expression.
Les qualités dont nous sommes les miroirs appartiennent à Dieu.
Louer Dieu, c’est louer tous ses enfants que nous somme tous.
Louer une personne, c’est susciter…
Ressuscitons.