L’histoire d’un réédification, un roman d’apprentissage, un roman assez noir.
Nous sommes dans les années 1970. Travis Shelton, 17 ans, trublion crâneur, du genre à s’attirer des ennuis, un peu dans la provocation et la rébellion avec son père, va pêcher la truite près de Divide Mountain, dans les Appalaches, pour se faire un peu d’argent pour entretenir son pick-up. Il découvre un champ de cannabis. Pourquoi ne pas en prendre quelques pieds ? Cela sera plus lucratif que vendre des truites ! Et là, tout commence… car le gamin réitère sa cueillette chapardée et se retrouve prisonnier d’un piège à ours..
Les horribles Toomey le propriétaire et son fils, de bien méchants bonhommes, vont le châtier de bien mauvaise manière. Le jeune homme viré par son père, va trouver refuge chez Léonard un ancien professeur, dealer à ses heures.. Et il va voir ce qu’il va voir ce père brutal et humiliant, jamais content de son fils : lorsqu’il reviendra, il sera fier de lui…
Ron Rash y mêle également un épisode de la Guerre de Sécession en revenant sur le massacre de Shelton Laurel où treize hommes et garçons, soupçonnés d’être unionistes, furent tués par des soldats confédérés au début de l’année 1863.
Le livre tient aussi du nature writing : la nature sauvage est omniprésente ; des rivières poissonneuses (les pages décrivant les truites brunes, arc-en- ciel, d’achigans ou mouchetées avec le soleil.. sont admirables ) , des champs de tabac à perte de vue, des routes escarpées, des collines enneigées..
« ℐ𝓁 𝓇𝑒𝓅𝑒𝓃𝓈𝒶 à 𝒸𝑒 𝓆𝓊’𝑒𝓁𝓁𝑒 𝒶𝓋𝒶𝒾𝓉 𝒹𝒾𝓉 𝓁’𝒶𝓊𝓉𝑜𝓂𝓃𝑒 𝒹’𝒶𝓋𝒶𝓃𝓉,𝓆𝓊’𝑒𝓁𝓁𝑒 𝒸𝑜𝓂𝓂𝑒𝓃ç𝒶𝒾𝓉 à 𝒸𝓇𝑜𝒾𝓇𝑒 𝓆𝓊𝑒 𝓁𝑒𝓈 𝑔𝑒𝓃𝓈𝓅𝑜𝓊𝓋𝒶𝒾𝑒𝓃𝓉 𝒸𝒽𝒶𝓃𝑔𝑒𝓇 ».
Il est aussi question de seconde chance, de conflits père-fils, du poids de nos origines, culpabilité, quête identitaire, espoir. Échappe-t-on à son destin ? Pouvons-nous remonter le temps ? Devons-nous assumer ce qu’on fait nos ancêtres.
Tous les personnages sont bien campés, la plupart très attachants (Lori, la petite amie de Travis est intéressante) J’ai apprécié Léonard, un écorché vif, complétement cabossé par la vie, qui cherche la rédemption.
J’ai aimé parcourir les feuillets du registre (daté de 1850 à1863) du Docteur Candler
Les derniers chapitres sont cinématographiques, d’une grande tension dramatique.
J’adore Ron Rash. Livre après livre, je suis éblouie. Un grand auteur. À lire absolument ! 𝗔𝗵 𝗷’𝗼𝘂𝗯𝗹𝗶𝗮𝗶𝘀 : 𝗺𝗲𝘁𝘁𝗲𝘇 𝘂𝗻 𝗱𝗶𝘀𝗾𝘂𝗲(𝘂𝗻 𝗖𝗗 ?) 𝗱𝗲 𝗝𝗼𝗵𝗻𝗻𝘆 𝗖𝗮𝘀𝗵 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗮𝗰𝗰𝗼𝗺𝗽𝗮𝗴𝗻𝗲𝗿 𝗹𝗮 𝗹𝗲𝗰𝘁𝘂𝗿𝗲
Le monde à l’endroit de Ron Rash
280 p – 2012 – Seuil
