J’aime les beaux et grands arbres, les petits tout rabougris, tout fragiles, les affreux, les majestueux.. Tous ! Me promener dans une forêt est toujours ressourçant, je sens leurs forces m’imprégner. Je les envie d’être toujours là, d’être les témoins muets de notre histoire, la petite ou la grande, d’avoir connus tant de choses, d’être si sages, si droits, si fiers, si solides.
Nous avions trois pins noirs classés monument historique dans notre jardin .. l’un mourut victime d’un parasite, l’autre fut déraciné lors la tempête de 1999 et le troisième, toujours là, a hélas, perdu la tête à cause de la foudre. J’aime planter des arbres ; je regrette de ne pas avoir songé à planter un arbre à chaque naissance de nos enfants. Je me rattraperai avec celles de mes petits-enfants…
Un tilleul, arbre témoin de Jeanne d’Arc
Commençons notre balade, avec les témoins des chevauchées de Jeanne d’Arc au royaume de France. Frêle bergère transformée en guerrière, elle a levé le siège d’Orléans, conduit le dauphin Charles au sacre à Reims et a sauvé la France parce que Sainte Catherine, Sainte Marguerite et l’Archange Saint Michel, émissaires de Dieu, lui ont demandé. A Vaucouleurs (Meuse), un tilleul séculaire, rappelle sa rencontre avec Robert de Beaudricourt, le 13 mai 1428 ( Il se trouve près du château, à 20 kms de Domrémy -la- Pucelle (Vosges) où elle entendit les Voix ). A 500kms de là, un autre tilleul de 650 ans celui-là, a été témoin de ses prières à la chapelle du hameau -Saint-Jean,(Creuse) en février 1430. A La Motte-Feuilly (Indre), c’est un gros if l’aurait abritée.
Chêne millénaire d’Allouville, arbre témoin de Guillaume le conquérant
Poursuivons notre tour de France sylvestre vers Allouville-Bellefosse où les bus de tourismes affluent pour un chêne millénaire. Il aurait 1300 ans au maximum et 900 ans au moins. En 1696, l’abbé Du Détroit eut l’idée de loger dans le tronc complètement creux, deux chapelles. Une ouverture naturelle permet d’accéder à l’une dédiée à Notre Dame de la Paix et par un escalier de bois, à la chapelle du calvaire – appelée aujourd’hui chambre de l’ermite. Ses lourdes et grosses branches sont soutenues par des étais. Il fleurit chaque année et produit même des glands.
La légende avance que Guillaume le Conquérant s’y serait reposé lors de son expédition vers la Grande Bretagne en 1035. Henri IV aurait fait halte à son pied en 1589 avant ou après la victoire d’Arques et en 1592, lors de la seconde campagne contre le gouverneur du pays basque espagnol. Pendant la révolution, il fut baptisé « arbre de la fraternité et de la liberté ». La liesse anticléricale révolutionnaire faillit lui coûter sa vie. Heureusement, l’instituteur-bedeau au nom prédestiné de Bonheur, avec à propos et pertinence, l’affubla d’une pancarte « arbre de la raison » qui le sauva.
Le pistachier lentisque et châtaignier de Corse
Planté à Ghisonaccia-gare, il a obtenu le label « arbre remarquable» avec son tronc de 1,90 m de diamètre, une hauteur de près de 7 mètres et une surface de houppier de près de 80 M2. Il fut découvert par Elise Inversin, presque par hasard lors d’un démaquisage. Son âge reste à confirmer mais il friserait les 800 ans à 1000 ans.
A Zonza, c’est un châtaignier qui a le label avec ses 14 mètres de circonférence. Une merveille.
Châtaignier, arbre témoin de Charlemagne
Sur le territoire de la ferme de Kerzéo’ch, deux ou trois châtaigniers « les grands pères châtaigniers » : on prétend qu’ils ont vu passer les troupes de Charlemagne ! 17 à 18 m de circonférence ! De quoi se sentir écrasé ou protégé. Il est probable qu’ils datent de près de 1300 ans ; C’est amusant de songer que du temps de Charlemagne, ils étaient arbres-adolescents…
Les trois ifs de Routot
Les deux ifs de La Haye de Routot (Eure) ont pris racine vers le VIe siècle, sous l’Empire Romain et sont une belle curiosité: le plus gros des deux a été emménagé en chapelle en 1866 qui peut recevoir une trentaine de personnes et dans le tronc du second en 1897, un reposoir avec une statue de la Vierge de Lourdes.
Un chêne, arbre témoin de St Vincent-de-Paul
Le 24 avril 1581, dans les terres gasconnes, près de l’Adour, à Poy, les Depaul accueillent leur troisième garçon qu’ils prénommèrent Vincent. Celui qui deviendra Saint Vincent de Paul aimait se retirer près de sa maison, sous un grand chêne. Il y médita souvent, l’appelait respectueusement «lou biehl cassou» (mon vieux chêne) . L’arbre est encore là, il est estimé à 800 ans, toujours visité par des pèlerins. Le saint arbre fut foudroyé, enfumé à cause d’un nid de frelons… on le crut perdu alors un de ses rejetons fut planté en 1868. Napoléon III décida la restauration des lieux et de l’arbre. Une loterie nationale permit aux Français de participer au financement. Un adjoint Viollet-le-Duc fut l’architecte de la restauration de la ferme et de la basilique.
Les arbres … ils ne vivent pas le temps au même rythme que nous, et leurs cicatrices témoignent des époques et de ceux qui l’ont connu. Moi aussi j’aime les arbres, et les plus vieux semblent
être de vieux sages. Bel article, merci !
Merci pour ce post Mélanie. Ces arbres inspirent le respect.. en fait tous les arbres:)) ils m’insufflent une force incroyable.. surement la
force de ce qu’ils ont vécus! A bientôt. Connais tu « mon arbre, ma
tribu .com » ? un site crée par PLANETE URGENCE qui permet de reforester en Indonésie, Madagascar et au Mali. Il est possible d’acheter des arbres .. un beau projet
http://www.monarbre-matribu.com/nos-objectifs-locaux/