Deux articles me passent sous les yeux, à quelques jours d’intervalle traitant du même sujet : incompétence. Pourquoi le quidam qui nous dirige nous semble-t-il incompétent ? Nous entendons deci delà que le N+2 de l’un est « vraiment nul « , que le directeur de tel autre est » une ganache » ? Comment sont-ils arrivés là ? Qu’est-ce qui leur a fait croire qu’ils étaient aptes à briguer cette fonction ?
Qu’est-ce que la « médiocratie » ?
Pour Alain, « médiocratie » ne signifie en fait rien d’autre que le gouvernement des médiocres.
Vous étiez peut être des ces élèves qui visaient la moyenne ? Vous vous sentiez bien dans cette « moyenneté ». Ni bien, ni mal ? Parce que vous aviez peur d’être dans le haut du tableau d’honneur ? Il semble qu’aujourd’hui, cette norme soit de mise : ne pas dépasser, ne pas sortir du rang ! Etre « égalitaire » ! Ne pas être fier, ni spirituel, ni même à l’aise, vous risqueriez de paraître arrogant. Il faut penser mou et le montrer.
Alain Deneault docteur en philosophie de l’Université Paris-VIII et enseignant en sciences politiques à l’université de Montréal, nous dit que « La médiocrité, en revanche, est la moyenne en acte. » Car en effet, Moyenneté ne se dit pas ! Il affirme que la médiocrité est devenue une norme, voire une injonction. Guy Breton, recteur de l’Université de Montréal a affirmé en 2011 : « Les cerveaux doivent correspondre aux besoins des entreprises. ».
Etre médiocre, est-ce être incompétent ? L’expert est souvent médiocre, au sens où le philosophe le définit. Il n’est pas incompétent, mais il formate sa pensée en fonction des intérêts de ceux qui l’emploient. En fait aujourd’hui, celui qui réussit est celui qui est conforme à la norme, qui n’est pas rugueux, qui fait consensus, souvent mou.
Qu’est-ce qui poussent les gens à se planter devant David Pujadas et consors pour la grand’ messe de 20 heures, à absorber des opinions toutes faites ? Si nous voulons reprendre un peu de notre pouvoir, et surtout conserver nos neurones, éteignez notre téléviseur. Lisons, confrontons nos opinions, réfléchissons !
La solution pour s’en sortir ? Il est impératif que les Universitaires reviennent à développer l’esprit critique des étudiants. Se remettre à penser est une nécessité. Ne pas accepter le « prêt-à-penser si confortable.
Le principe de Peter ?
Vous voulez savoir pourquoi votre supérieur est « incompétent » ? Non, vous n’avez pas un sentiment de supériorité exacerbé ! Vous n’êtes pas seul : 30% des salariés français selon une étude réalisée par BVA pour Axys Consultants pensent ainsi. Saviez-vous que c’est fatal et normal que ce soit ainsi ? Selon Laurence Peter (1919-1990) , un individu progresse jusqu’à se retrouver à un poste qui dépasse ses compétences. L’ouvrage de Laurence Peter co-écrit avec Raymond Hull est rédigé sur un ton satirique, mais il n’empêche ! Le principe de Peter garantit qu’un dirigeant incompétent serait compétent s’il occupait le poste d’un de ses subordonnés.
“Dans la fonction publique où la grille hiérarchique est basée sur l’avancement au cholestérol “* est-ce que cela est plus flagrant ?
Et le Principe de Dilbert – du nom d’un personnage de bande-dessinée- , qui affirme de façon humoristique : « Les gens les moins compétents sont systématiquement affectés aux postes où ils risquent de causer le moins de dégâts : ceux de managers. » ? Les dirigeants seraient ceux qui étaient les plus nuls aux postes subordonnés… Assez caricatural, non ? Visez son plus “ haut degrés d’incompétence” est une chose naturel ?
« L’ignorance engendre plus souvent la confiance que ne le fait la connaissance. » Charles Darwin- 1809- 1892
Pourquoi l’ incompétent se croit-il doué ?
David Dunning et Justin Kruger, chercheurs américains du département de psychologie de la Cornell University, ont émis une hypothèse publiée en 1999 (1)
Leur problématique était la suivante : se pourrait-il qu’un incompétent ne soit pas conscient de sa propre incompétence, précisément parce qu’il est incompétent ?
Rien à voir avec le QI ! Une batterie de tests sur des sujets où ils se considéraient compétents comme la grammaire, le raisonnement logique et l’humour. Les résultats des sujets qui s’étaient définis comme «très compétents» dans chaque domaine ont obtenu les moins bons résultats dans les tests. Au contraire, ceux qui s’étaient sous-estimés au départ ont obtenu les meilleurs résultats.
Les auteurs suggèrent que chez les incompétents, il existe un biais psychologique qui les pousse à surestimer leurs capacités et leurs performances. Cette surestimation se produit, en partie, parce que les personnes non qualifiées dans ces domaines subissent un double fardeau : non seulement ces personnes atteignent des conclusions erronées et font des choix malheureux, mais leur incompétence leur prive de la capacité métacognitive de le réaliser. Comment être capables de reconnaître sa propre incompétence, lorsqu’on ne sait réaliser correctement une chose ? Paradoxalement, l’amélioration des compétences des participants, et donc l’augmentation de leur compétence métacognitive, les a aidés à reconnaître les limites de leurs capacités
* J’ai lu cet aphorisme quelque part… (1) Unskilled and unaware of it: how difficulties in recognizing one’s own incompetence lead to inflated self-assessments. Kruger J1, Dunning D.